Neuf États européens rejettent la désignation par Israël de six ONG palestiniennes

Dans un communiqué publié le 12 juillet, neuf États européens (la France, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède) ont rejeté la désignation par Israël de six ONG palestiniennes qualifiées de « terroristes ».

Comment comprendre une telle décision ? Ces pays deviendraient-ils des amis de la Palestine ?

Les six ONG palestiniennes concernées : l’Union (syndicat) des comités des femmes palestiniennes (UPWC),  l’association Addameer des droits de l’homme et du soutien aux prisonniers, l'association palestinienne pour les droits de l’homme Al-Haq, le Centre Bisan de recherche et de développement, l’Union (syndicat) des comités du travail agricole (UAWC) et Defence for Children International – Palestine (DCI-P)

Les six ONG palestiniennes concernées : l’Union (syndicat) des comités des femmes palestiniennes (UPWC),  l’association Addameer des droits de l’homme et du soutien aux prisonniers, l’association palestinienne pour les droits de l’homme Al-Haq, le Centre Bisan de recherche et de développement, l’Union (syndicat) des comités du travail agricole (UAWC) et Defence for Children International – Palestine (DCI-P) 

La première question qui doit être posée est pourquoi prendre huit mois (!) pour rejeter des mensonges évidents et politiquement motivés contre six importantes ONG de la société civile palestinienne.

Le fait que l’Union européenne dans son ensemble n’a pas signé est intéressant. Si les neuf États signataires sont les États bailleurs de fonds, il est également clair que certains États de l’UE comme l’Autriche et la Hongrie ont des politiques anti-palestiniennes encore plus radicales.

Par ailleurs, la désignation de « terroristes » de ces 6 organisations peut être considérée non seulement comme une attaque contre les organisations palestiniennes, mais aussi contre les pays européens et l’UE étant donné leur investissement dans le financement.

Comme lorsque Israël démolit des maisons ou des écoles construites grâce à des financements de l’UE ou d’un pays membre de l’UE. Bien entendu, ce financement de l’UE est associé à un projet politique qui approuve largement la colonisation israélienne et le récompense.

Plusieurs des pays qui ont signé cette déclaration ne semblent pas croire qu’il devrait y avoir une société civile palestinienne – ou un mouvement de solidarité – à l’intérieur de leurs propres frontières.

L‘Allemagne et la France se distinguent en particulier.

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur français, tente d’interdire plusieurs organisations de solidarité (dont le Collectif Palestine Vaincra) et  les autorités françaises ont poursuivi des militants pour avoir appelé au boycott d’Israël et ont interdit plusieurs manifestations pour la Palestine.

En Allemagne, Berlin a interdit cette année toutes les commémorations de la Nakba. Les manifestations spontanées ont été confrontées à une importante répression policière, à des arrestations et à des convocations. Mohammed el-Kurd a été désinvité par le Goethe Institut pour avoir une politique « inacceptable » sur la Palestine, Khaled Barakat a été interdit de séjour en Allemagne pour une période de quatre ans pour la même raison.

Il est donc important de ne pas prendre cette déclaration pour argent comptant. Il y a des raisons de craindre que ces pays, tout en rejetant les désignations en « terrorisme », continuent et même intensifient les conditions politiques imposées aux organisations financées.

Rappelons-nous que ces allégations et désignations israéliennes sont motivées essentiellement autour de l’idée que des Palestiniens membres de partis politiques pourraient être employés par une organisation qui se bat pour plus de justice pour les Palestiniens. Rien de plus.

En fait, la demande israélienne est qu’aucun Palestinien ayant une affiliation politique, une affiliation présumée ou même une affiliation politique dans sa famille ne puisse travailler ou recevoir un salaire pour un emploi.

Nous devons constamment nous méfier des tentatives des bailleurs de fonds de priver davantage les organisations palestiniennes de leurs droits.

En particulier, les demandes de contrôle supplémentaire sur le recrutement et la sélection des membres du conseil d’administration sur la base de critères politiques négatifs – un problème constant avec le financement de l’UE elle-même.

Ce problème est ancien. Il est même visible dans cette déclaration, où les pays lient leur financement de ces organisations à « mettre en œuvre la solution des deux États », c’est-à-dire légitimer le colonialisme et la dépossession.

Si ces pays veulent vraiment faire reculer la répression qui cible les organisations palestiniennes, il faudrait retirer toutes les organisations politiques palestiniennes de la liste des organisations « terroristes » de l’UE.

Faire cela reconnaitrait le droit légitime des Palestiniens à l’autodéfense (conforme au droit international) et priverait aussi Israël de la possibilité de poursuivre cette pratique de « désignation terroriste » dans le but de sanctionner et isoler la société civile palestinienne. Et mettre fin aux attaques continues contre les Palestiniens en exil et en diaspora dans ces mêmes pays européens, et contre le mouvement de solidarité avec la Palestine.

C’est le moins que puissent faire ceux qui prétendent vouloir une « société civile » dynamique en Palestine.
Mais ils ne le feront pas spontanément, car l’UE est un ennemi des peuples du monde et Israël son chien de garde dans le monde arabe. C’est à nous de mobiliser pour imposer ces changements !

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Source : Samidoun et Collectif Palestine Vaincra sur Twitter

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