Les EU refinancent l’UNRWA pour moins de la moitié d’avant Trump

Washington financera à nouveau l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, pour un montant de 150 millions de USD. Ce chiffre représente moins de la moitié du financement annuel que les EU envoyaient à l’UNRWA avant que l’administration Trump n’annule son soutien à l’agence en 2018.

Les Gazaouis reçoivent des rations alimentaires de l'UNRWA lors d'un cessez-le-feu, à Gaza, le 17 août 2014. Chaque famille reçoit un sac de farine et un autre sac de riz. Photo : Anne Paq/Activestills

Les Gazaouis reçoivent des rations alimentaires de l’UNRWA lors d’un cessez-le-feu, à Gaza, le 17 août 2014. Chaque famille reçoit un sac de farine et un autre sac de riz. Photo : Anne Paq/Activestills

Maureen Clare Murphy, 10 avril 2021

Les États-Unis vont restaurer leur aide économique et humanitaire aux Palestiniens, pour un total de 235 millions de USD, a annoncé le département d’État mercredi dernier. 

Le département a déclaré que 75 millions de USD seraient alloués à « l’aide à l’économie et au développement en Cisjordanie et à Gaza ». Dix autres millions de USD iraient aux « programmes de consolidation de la paix ».

Washington financera à nouveau l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, pour un montant de 150 millions de USD. Ce chiffre représente moins de la moitié du financement annuel que les EU envoyaient à l’UNRWA avant que l’administration Trump n’annule son soutien à l’agence en 2018.

Trump a systématiquement supprimé l’aide aux Palestiniens en guise de punition pour leurs protestations contre le fait que les EU avaient déclaré que Jérusalem était la capitale d’Israël. La suppression de l’aide avait été perçue comme un élément d’une stratégie plus vaste visant à matraquer les Palestiniens tant qu’ils ne se soumettraient pas au processus de « paix » de la Maison-Blanche.

Jusqu’au moment des coupes sombres de Trump, les EU étaient le plus important donateur de l’UNRWA depuis sa création en 1949. Avant 2018, les EU allouaient annuellement 365 millions de USD à l’agence, ce qui représentait près d’un tiers du budget de l’UNRWA.

Le déficit qui en résulta plongea l’agence, déjà passablement à l’étroit financièrement, dans une crise sans précédent, alors que les besoins de ses services parmi la population des réfugiés palestiniens ne cessaient de s’accroître.

« Un moment critique »

L’UNRWA aide près de 5,7 millions de réfugiés palestiniens en Jordanie, en Syrie, au Liban et en Cisjordanie et bande de Gaza occupées.

Philippe Lazzarini, directeur de l’UNRWA, a favorablement accueilli la reprise du financement, qui était attendue. « Aucune autre institution ne fait que ce fait l’UNRWA », a-t-il déclaré.  

« La contribution des EU vient à un moment critique, où nous continuons à nous ajuster aux défis posés par la pandémie de la COVID-19. »

Israël a protesté à cette annonce par la bouche de Gilad Erdan, son ambassadeur aux EU, qui a calomnié l’UNWRA en la traitant d’« agence antisémite faisant de l’incitation contre Israël ».

Erdan a affirmé que « la définition déformée utilisée par l’agence pour déterminer qui est un ‘réfugié’ ne fait que perpétuer le conflit ».

L’UNRWA aide de multiples générations de réfugiés palestiniens, du fait qu’Israël leur a interdit d’exercer leur droit au retour vers les terres et foyers dont ils ont été chassés.

Dans leur quête en vue de liquider les droits des réfugiés palestiniens, les dirigeants israéliens et les partisans purs et durs d’Israël ont depuis longtemps soumis l’UNRWA à d’incessantes campagnes de diffamation, prétendant fallacieusement que l’agence propage des « incitations » contre Israël ou qu’elle stocke des armes dans ses écoles.

Dans l’intervalle, Israël a ciblé à de nombreuses reprises les écoles de l’UNRWA dans ses attaques contre Gaza et a massacré des civils palestiniens, dont des enfants, qui y avaient cherché refuge.

Erdan s’est fait l’écho d’une allégation émanant à l’origine du Premier ministre Benjamin Netanyahou, entre autres, disant que les réfugiés palestiniens n’existaient que parce qu’une agence spéciale des Nations unies – l’UNRWA – avait été créée afin de s’occuper d’eux et non parce qu’Israël leur refuse le droit au retour internationalement reconnu.

Les députés antipalestiniens du Congrès américain repoussent eux aussi la reprise par l’administration Biden du financement supprimé par Trump.

Une loi fédérale approuvée en 2018 interdit en effet l’aide à l’Autorité palestinienne,

« sauf si celle-ci accepte de payer des estimations de tribunaux pouvant parfois s’élever à des centaines de millions de dollars au nom de victimes américaines d’attentats palestiniens ».

Une autre loi interdit l’aide à l’AP aussi longtemps que celle-ci versera des allocations aux familles des Palestiniens emprisonnés par Israël pour « actes de terrorisme ».

Le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré que « toute assistance sera fournie en conformité avec les lois américaines ».

Le département d’État a ajouté qu’il reprenait « aussi les programmes vitaux d’assistance sécuritaire ». L’administration Trump avait supprimé son financement des forces sécuritaires de l’Autorité palestinienne l’an dernier.

L’aide militaire américaine à Israël

Les 235 millions de USD promis par l’administration Biden pour aider les Palestiniens représentent des miettes, comparés aux 3,8 milliards de USD d’aide militaire annuelle fournie par les EU à Israël et ce, sans restriction. Cette aide est utilisée pour acheter des armes fabriquées aux EU qui sont utilisées contre les Palestiniens afin de maintenir bien en place l’occupation militaire israélienne.

Des armes américaines ont été utilisées par Israël pour perpétrer des crimes de guerre contre des civils palestiniens et détruire des infrastructures civiles.

Le mois dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a lancé une enquête sur les crimes de guerre en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

La semaine dernière, les EU ont levé leurs sanctions économiques contre le personnel de la CPI, dont la procureure principale, sanctions qui avaient été imposées par l’administration Trump.

Tout en annulant les mesures punitives, les EU ont réitéré leur opposition à l’enquête de la CPI en Palestine, alors que, par ailleurs, ils prétendent soutenir le « pouvoir de la loi, l’accès à la justice et l’obligation de rendre des comptes à propos des atrocités massives ».

Pourtant, un porte-parole de département d’État n’a été capable que de bafouiller un engagement d’une banalité éculée vis-à-vis de la solution à deux États, lorsque le journaliste d’AP, Matt Lee, lui a demandé à plusieurs reprises « où doivent aller les Palestiniens », étant donné qu’ils ne peuvent chercher justice dans les tribunaux israéliens.

https://youtu.be/TDSS3JJNDh0?t=27

Jeudi, Israël a annoncéqu’il ne coopérerait pas dans l’enquête de la CPI.

En mars, le tribunal avait notifié à Israël son intention de mener une enquête et lui avait donné un mois pour faire savoir à la CPI si oui ou non il mènerait sa propre enquête sur les crimes supposés.

Le bureau de Netanyahou a déclaré qu’en lieu et place il adresserait une lettre au tribunal « rejetant complètement l’affirmation selon laquelle Israël commet des crimes de guerre ».

Jusqu’à présent, une longue série de commissions internationales d’enquête et de missions de vérification des faits ont déterminé qu’Israël avait commis de crimes de guerre en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Les recommandations de ces mécanismes d’enquête n’ont jamais été appliquées du fait que l’impunité d’Israël a été garantie par les EU et ses autres alliés.

Des députés israéliens se sont engagés à commettre de nouveaux crimes de guerre, à la veille des élections du mois dernier.


Publié le 10 avril 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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