La répression antipalestinienne se développe en Europe comme expression du soutien occidental au génocide à Gaza
Les gouvernements français, britannique et allemand ont publié une déclaration commune le 12 août dernier afin de soutenir la perspective « d’un accord de cessez-le-feu et la libération des otages » dans la bande de Gaza. Une telle position souligne l’hypocrisie de la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne alors que le génocide se poursuit depuis plus de 10 mois grâce à leur soutien politique, économique et militaire à Israël. Aux côtés des États-Unis, leurs appels au « cessez-le-feu » n’expriment que leur volonté d’entamer une nouvelle phase pour l’État sioniste afin de lui garantir une plus grande stabilité pour la défense de leurs intérêts dans la région. Témoignage supplémentaire de leur soutien indéfectible à l’occupation israélienne, la répression antipalestinienne se poursuit en Europe contre la diaspora palestinienne, ses organisations et le mouvement de solidarité avec la Palestine.
En Grande-Bretagne, Palestine Action se mobilise depuis plusieurs années contre le fabricant d’armes israélien Elbit Systems et a déjà permis la fermeture de plusieurs sites et causé des millions d’euros de pertes pour l’entreprise.
En réaction, les autorités développent une répression croissante contre les activistes. Depuis le 6 août, six activistes sont détenus en vertu du Terrorism Act, qui permet à la police britannique de les détenir sans inculpation pendant 7 jours, avec possibilité de prolongation à 14 jours.
Le 11 août dernier, trois autres militants ont été arrêtés puis détenus selon les mêmes dispositions.
« Cette mesure intervient après l’arrestation de six personnes, mardi 6 août, pour avoir pénétré sur le site d’Elbit Systems à Filton, à Bristol, afin d’empêcher la fabrication d’armes destinées au génocide. […]
Aujourd’hui plus que jamais, Palestine Action et les #Filton6 ont besoin du soutien du public pour repousser ces tentatives autoritaires de protéger l’industrie d’armement israélienne.
Montrez à l’État britannique et aux entreprises d’armement israéliennes que nous refusons de nous laisser intimider et de permettre qu’un génocide se produise » soulignent les soutiens dans un communiqué de presse.
Des rassemblements ont été organisés le 11 août dernier devant les commissariats de police de Hammersmith et de Newbury afin d’exiger leur libération immédiate.
De la même manière, un supporter de Fight Racism! Fight Imperialism! a été arrêté en juillet à l’aéroport de Manchester en vertu de lois antiterroristes sans aucune explication et en confisquant son smartphone. Ces atteintes liberticides se multiplient depuis des mois, à l’image des arrestations des militants activistes britanniques pour les droits du peuple palestinien, Mick Napier et Tony Greenstein, qui ont eu lieu en décembre dernier.
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De son côté, l’Allemagne est le théâtre d’une répression extrêmement violente qui s’est accrue depuis octobre dernier.
De l’interdiction d’organisations comme Samidoun et Palästina Solidarität Duisburg en passant par des centaines d’arrestations, l’expulsion de réfugiés palestiniens et le conditionnement de leur statut à la « reconnaissance d’Israël », l’interdiction de manifestations et leur volonté d’interdire le triangle rouge, tout a été fait dans le but d’intimider et silencier la plus grande communauté palestinienne d’Europe.
Début août, un tribunal allemand a statué qu’une manifestante et militante de ZORA qui avait crié « From the river to the sea, Palestine will be free » (« Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre ») lors d’un rassemblement à Berlin en octobre avait cautionné « des actes criminels » et lui a infligé une amende de 600 euros.
Ce slogan a été interdit en novembre dernier en Allemagne, car il est considéré comme « un symbole du Hamas » qui a été interdit par le gouvernement fédéral en novembre 2023.
De la même manière, le journaliste palestinien Ali Abunimah est menacé de prison par les autorités berlinoises pour avoir, via Zoom, délivré un discours en Allemagne sur le rôle de ce pays dans le génocide en cours mené par Israël.
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Alors que la mobilisation se poursuit en Belgique contre le génocide en cours à Gaza, plusieurs manifestations ont été durement réprimées à Bruxelles durant l’été.
« Le 25 juillet, une fois encore, cette violence [policière] a visé les Palestiniens et celles et ceux qui dénoncent le génocide du peuple palestinien et la complicité de l’État belge dans celui-ci. Des personnes innocentes ont été bloquées dans des coins de rue, ont été tabassées et arrêtées par la police parce qu’iels portent des keffiehs ou des bracelets avec écrit “Palestine” dessus. Alors qu’au même moment, des personnes portant le drapeau sioniste pouvaient se promener tranquillement dans le centre. Assez ! Plus que jamais, l’État belge démontre jusqu’où il était prêt à aller pour protéger les intérêts de l’État sioniste »
dénonce le Popular Committee for Palestine dans un communiqué.
Une situation qui n’est malheureusement pas nouvelle comme en témoigne l’enquête du média Bruxelles Devie à ce sujet.
L’un des cas de répression antipalestinienne le plus important en Belgique est la campagne politico-judiciaire menée contre Mohammed Khatib, coordinateur européen de Samidoun.
Mardi 16 juillet 2024, il a été convoqué pour une audience devant le bureau belge de l’asile, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides, après qu’il ait été la cible d’une répression politique.
Réfugié palestinien né dans le camp de réfugiés d’Ein el Helweh au Liban, la ministre belge de l’Immigration cherche à lui retirer son statut de réfugié dans le pays en raison de son engagement en faveur de la libération de son peuple. Cette politique a été largement discutée et documentée lors d’une émission spéciale du média décolonial Paroles d’Honneur à revoir ci-dessous.
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Dans l’État espagnol, et en Catalogne en particulier, la répression s’accentue contre les activistes pro-palestiniens en raison de leur engagement conséquent pour enrayer le soutien logistique des États occidentaux au génocide à Gaza.
Le 17 juillet dernier à Barcelone, un rassemblement était organisé en soutien à une militante qui a été injustement arrêtée dans le cadre de cette politique. Cela fait suite aux récentes arrestations dans la capitale catalane le 18 mars dans le cadre d’une opération de répression coordonnée visant les militants et les participants à la journée de lutte pour la Palestine du 7 février en Catalogne.
L’ensemble de ces cas de répression contre le peuple palestinien et son mouvement de solidarité, malheureusement non exhaustifs, témoignent de la véritable nature des pays européens, à savoir des puissances impérialistes qui soutiennent Israël comme leur poste avancé dans la région du Monde arabe.
C’est comme cela que nous devons comprendre ces attaques et c’est pourquoi nous devons construire un large mouvement antisioniste et anti-impérialiste transnational capable d’affronter l’alliance criminelle entre l’impérialisme occidental et l’État sioniste.
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Publié le 13 août 2024 sur Collectif Palestine Vaincra
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Concernant la répression antipalestinienne en France, lisez :
De quoi la répression antipalestinienne est-elle le nom ?