Rassemblement pour Gaza à Charleroi

L’ « autorisation » pour ce rassemblement comportait de graves restrictions à la liberté d’expression

L' « autorisation » pour ce  rassemblement symbolique pour Gaza comportait de graves restrictions à la liberté d'expression

Une 20 aine de personnes se sont rassemblées le vendredi 15 novembre dans le centre de Charleroi pour protester contre le nouveau massacre commis par l’armée israélienne à Gaza.

Des demandeurs d’asile palestiniens ont témoigné sur l’enfer dans la prison à ciel ouvert de Gaza : un territoire de 46 km sur 10 km, avec une densité de la population équivalente à celle de Bruxelles. Une population soumise à un blocus criminel et sans défense face à des bombardements réguliers d’Israël.

La Plate-forme Charleroi-Palestine a organisé ce rassemblement symbolique pour dénoncer les crimes de guerre israéliens en urgence.
Elle déplore de graves atteintes à la liberté d’expression et intimidations policières, accompagnées d’abus de pouvoir.

L’ « autorisation » pour le rassemblement comportait de graves restrictions à la liberté d’expression

La Plate-forme Charleroi-Palestine a demandé l’autorisation pour ce rassemblement le 13 novembre, après deux jours de bombardements intenses sur Gaza. La police administrative nous a répondu qu’elle prenait acte de notre demande mais elle ajoute

“Nous portons à votre connaissance que le présent accusé n’a pas de valeur d’autorisation.” Toute demande doit intervenir dans les 30 jours avant la date prévue de l’événement.” Nous ne pouvons évidemment pas savoir, 30 jours à l’avance, qu’Israël va bombarder Gaza.

Nous recevons un nouveau mail le 14 novembre. Nous avons l’autorisation de distribuer des flyers, mais uniquement sur un espace réduit : “Vous êtes autorisée à procéder à la distribution de flyers ce vendredi 15 novembre, de 12 h à 13 h, UNIQUEMENT sur l’espace public sis rue du Pont de Sambre ( au pied de la rue de la Montagne,  entre les commerces sous l’enseigne « Innovation » et « Quick ».

Le nouveau règlement de la police dit que pour une distribution d’imprimés, il faut avoir fait la déclaration préalable au bourgmestre 30 jours avant. Il ne fait pourtant pas une restriction au niveau des endroits de distribution.

L’utilisation du mégaphone est interdite.“Il ne pourra être fait usage du mégaphone (…) et ce eu égard à l’article 77 al.1 point 2 du Règlement général de Police de manière à ne pas troubler l’ordre public.” Cet article dit « Il est interdit, sans autorisation préalable et écrite du bourgmestre demandée au moins 30 jours ouvrables à l’avance de faire usage sur la voie publique de radios, mégaphones… »

Conclusion : organiser un rassemblement dans l’urgence devient quasiment impossible à Charleroi.

De plus pendant le rassemblement, la police nous interpelle parce que nous dénonçons les complicités des Etats européens par rapport aux crimes d’Israël. assassin, Belgique complice ». Pour le policier de service le slogan “Israël assassine, Belgique complice” ne respecte pas les consignes donnés.

Ces consignes, également envoyés par mail, étaient : « .. Dans tous les cas, le texte ne pourra faire référence à des mouvements nazis et fascistes ou inciter à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne, d’un groupe, d’une communauté, en raison de critères de race, de couleur, d’ascendance, d’origine, de nationalité, de religion, de philosophie de genre, d’orientation sexuelle ou de handicap. »


La police a empêché pendant 30 minutes à une animatrice de la Plate-forme, responsable pour cet événement, de participer au rassemblement (qui durait 1 h)

Témoignage de Myriam :

« J‘arrive à 11 h 50 au pied de la rue de la Montagne, près de l’endroit du rassemblement. Comité d’accueil : une camionnette de la police et deux policiers à cheval. Je vais chercher un ticket de parking dans la rue de Montigny. Je reviens, deux policières notent la plaque de ma voiture et disent que je ne peux pas me garer là. Je leur dis que je suis une des responsables de la Plate-forme, que j’ai du matériel à décharger. Je demande de pouvoir me garer tout près, au bout de la rue, le temps du rassemblement (1 h) – je n’y dérange personne. Elles refusent. Je dis que je vais déplacer ma voiture, qu’elles me donnent deux minutes pour apporter le matériel aux personnes présentes. Je reviens aussitôt. Elles me disent qu’elles ont appelé une dépanneuse. Je leur rappelle que j’ai dit que je me déplacerais et demande qu’elles annulent la dépanneuse. Elles prétendent qu’elles ne peuvent pas le faire. Elles me demandent les papiers de la voiture. Voyant qu’elles me cherchent manifestement, je retourne au rassemblement et demande à un participant, René, de venir avec moi comme témoin. Quelques instants plus tard la dépanneuse arrive. J’explique au dépanneur que j’ai demandé à la police d’annuler, puisque je vais partir, mais qu’elles ont refusé. Les policières me disent que je vais devoir payer la facture. Elles vérifient mes papiers de voiture et disent que je n’ai pas mes papiers d’assurances en ordre. Il se fait que mes papiers ont été volés récemment, mais que j’ai un papier provisoire de l’assurance (et le PV de l’audience à la police pour déclaration du vol). Elles me donnent un Pro Justicia d’avertissement, dans lequel il est marqué que je n’ai pas mon permis de conduire, ni la carte d’identité sur moi (faux, je les avais sur moi, mais elles ne me l’ont pas demandé !!!). Elles voient que j’ai pris quelques photos et m’obligent à les retirer. Je leur dis qu’elles n’ont pas le droit. Dans la foulée, elles me répondent aussi qu’elles m’amèneront au bureau de police, au cachot… : pure intimidation. Après 30 minutes, je peux enfin déplacer ma voiture et par la suite me rendre au rassemblement. En tout, j’ai pu assisté pendant 20’ au rassemblement, alors que j’y étais en tant que responsable pour la Plate-forme.

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