Les forces israéliennes tuent deux Palestiniens en Cisjordanie

Mercredi, en Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont tué deux Palestiniens, dont un enfant, a-t-il été dit.

Les forces israéliennes sur les lieux de la fusillade qui a tué Arif Abdelnasser Lahlouh, suite à une prétendue agression au couteau à Qalqiliya, une ville de Cisjordanie.

Les forces israéliennes sur les lieux de la fusillade qui a tué Arif Abdelnasser Lahlouh, suite à une prétendue agression au couteau à Qalqiliya, une ville de Cisjordanie. (Photo : Mohammed Nasser / APA images)


Maureen Clare Murphy
, 25 janvier 2023

Dans les deux cas, les autorités israéliennes ont diffusé des extraits de vidéo montrant que, manifestement, l’État estimait qu’il était justifié de recourir à la force létale.

Muhammad Alo, 17 ans, a été abattu et laissé dans un état critique au cours d’une démolition punitive de maison au camp de réfugiés de Shuafat, à Jérusalem-Est. Il est mort de ses blessures un peu tard dans un hôpital.

Un montage vidéo présentant l’incident sous divers angles a été diffusé par la police israélienne peu de temps après.

La vidéo montre un individu masqué, peut-être bien Muhammad, qui pointe sur les forces d’occupation un objet ressemblant à un pistolet. Une prise de vue aérienne montre Muhammad qui s’encourt rapidement en laissant tomber l’objet avant de s’écrouler dans la rue.

Étant donné qu’on le voit courir avant de lâcher l’objet et de tomber sur le sol, il est possible que Muhammad ait été abattu au moment où s’il s’enfuyait, c’est-à-dire où il ne posait plus de danger pour personne.

La police israélienne a dit que l’objet en possession de Muhammad était un pistolet factice.

La vidéo montre Muhammad parmi une foule dans le camp, avec des gens qui ne semblent aucunement impliqués dans les confrontations avec la police.

La police avait envahi le camp afin de démolir une maison appartenant à la famille d’Udai Tamimi, qui, en octobre dernier, à un check-point proche de Shuafat, avait tué une soldate israélienne et gravement blessé un garde.

Tamimi avait évité la capture sur les lieux de la fusillade, après quoi l’armée israélienne avait bouclé et envahi le camp de réfugiés de Shuafat et certaines zones de Jérusalem-Est toutes proches. Ces blocages avaient empêché quelque 130 000 Palestiniens d’accéder aux soins médicaux, à leurs lieux de travail et écoles, dans le même temps que les militaires transformaient carrément les quartiers en zones de guerre – ce qui avait déclenché des protestations dans toute la Cisjordanie.

Près de deux semaines après la fusillade meurtrière du check-point, Tamimi avait été abattu et tué au cours d’un échange de coups de feu près de la colonie de Maaleh Adumim, échange au cours duquel un garde avait été légèrement blessé.

Les démolitions punitives de maison sont une forme de châtiment collectif – un crime de guerre contre les Palestiniens vivant sous l’occupation militaire israélienne – depuis très longtemps encouragée par la haute cour israélienne.

Des images graphiques – apparemment prises par un résident du camp, et non diffusées par la police israélienne – montrent des hommes appartenant sans doute à la police israélienne des frontières occupés à fouiller le corps de Muhammad et de vider ses poches plutôt que d’apporter les premiers soins au jeune homme immobilisé.

 

Des raids meurtriers

Les images vidéo et les photos du raid effectué en plein jour montrent un énorme déploiement de forces paramilitaires israéliennes dans le camp :

L’opération de ce mercredi à Shuafat était le second raid punitive de démolition de maison de cette année à se terminer par des morts d’hommes.

Le 2 janvier, deux Palestiniens, dont un ado de 17 ans, ont été tués lors d’un tel raid à Kafr Dan, dans le nord de la Cisjordanie et un troisième est mort de ses blessures une quinzaine de jours plus tard.

Les forces d’occupation ont effectué un raid à Kafr Dan afin d’y démolir les maisons de deux Palestiniens tués par l’armée lors d’une attaque par balles en septembre, attaque au cours de laquelle un soldat israélien avait également perdu la vie.

Mercredi également, les forces d’occupation israéliennes ont également abattu et tué Arif Abdelnasser Lahlouh, 20 ans, du camp de réfugiés de Jénine, à un check-point militaire près de Qalqiliya, dans le nord de la Cisjordanie.

Un clip ce 20 secondes réalisé à partir de caméras de sécurité et diffusé par la chaîne publique israélienne montre Lahlouh en train de sortir d’un véhicule et de se précipiter vers des soldats tout en ayant l’air d’avoir quelque chose en main. La prise de vue montre qu’un soldat abat Lahlouh à bout portant et qu’il n’y a aucune tentative en vue de le maîtriser par des moyens moins définitifs.

 

Lahlouh est le 20e Palestinien à être tué par l’armée, la police et les colons israéliens en Cisjordanie cette année. Cinq de ces morts sont des enfants.

 

Des homicides injustifiés

Dans un rapport préliminaire parvenu aux médias cette semaine, l’armée israélienne admettait que la mort par balle d’un Palestinien sous les yeux d’un de ses enfants un peu plus tôt ce mois-ci était injustifiée.

Ahmad Kahlah, 45 ans, avait été abattu le 15 janvier, au cours d’une discussion à un check-point volant, dans le centre de la Cisjordanie.

Le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH) avait dit à l’époque que la mort de Kahlah par balle « équivalait à une exécution extrajudiciaire ».

L’armée israélienne a modifié sa version des faits à plusieurs reprises, tout d’abord en prétendant faussement que Kahlah tentait de commettre une agression au moment où il avait été abattu. Elle a affirmé ensuite que Kahlah n’avait pas obéi aux ordres des soldats et qu’il avait tenté de s’emparer de l’arme de l’un d’entre eux.

Une vidéo de l’incident enregistrée par un passant contredisait les allégations israéliennes.

La famille de Kahlah a déclaré que l’homme et son fils étaient en route pour aller travailler dans un village voisin, au moment où Kahlah, père de quatre enfants, avait été tué.

Israël n’a diffusé aucune prise de vue de l’incident, ni par une caméra de sécurité, ni par une caméra corporelle, comme elle l’avait fait lors des meurtres de Muhammad à Shuafat et de Lahlouh à Qalqiliya mercredi.

 

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 24 janvier 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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