Rencontre avec Angela Godfrey-Goldstein à Charleroi

Rencontre avec Angela Godfrey-Goldstein : «Israël glisse vers le “sionazisme”»

Angela Godfrey-Goldstein, du membre du Comité israélien contre les démolitions de maisons, était mardi soir l’invitée de la Plate-forme Charleroi-Palestine.

Les participants à cette soirée ont eu droit, de sa part, à un exposé à la fois précis, documenté et sensible de ce qui se joue actuellement, tout particulièrement autour de Jérusalem, et à propos des effets dévastateurs de l’escroquerie historique que fut le prétendu “processus de paix” et les accords d’Oslo.

La conviction profonde d’Angela Godfrey-Goldstein est que le gouvernement israélien, et les milieux sionistes plus généralement, ne veulent en aucun cas la paix. Les pourparlers, les négociations, ne sont qu’un paravent, une manière d’occuper la galerie et de tenter de redorer l’image passablement ternie d’un pays et d’un régime qui glisse de plus en plus rapidement, dit-elle, vers une forme de fascisme et d’apartheid.

L’histoire personnelle d’Angela Godfrey-Goldstein résume à la fois l’absurdité d’un système et les impasses dans lesquelles cette société s’est enfoncé.

Fille d’un juif renié par sa famille parce qu’il avoir épousé une chrétienne, et qui dut changer d’état-civil en raison de l’antisémitisme qui régnait en Grande-Bretagne (et non dans quelque pays arabe ou musulman), son itinéraire le conduisit dans de nombreux pays d’Afrique, où il exerça en tant que médecin.

«Quand j’ai émigré en Israël en venant d’Afrique du Sud – raconte Angela Godfrey-Goldstein je me posais déjà des questions, je ne suis pas complètement idiote. Mais je le fus assez quand même pour avoir cru aux réponses qu’on me donnait. Il m’a fallu une vingtaine d’années pour me rendre compte de la somme de mensonges que cela représentait, en particulier sur ce qui s’est passé en 1948 et avant».

Selon elle, à mesure que grandit le pouvoir des colons extrémistes, «Israël glisse vers un “sionazisme”, le pays passe aux mains des “judéo-nazis” dont Leibowicz parlait il y a plus de 20 ans déjà,  de plus en plus extrémistes car le projet sioniste, c’est-à-dire faire venir en Israël tous les Juifs du monde ou au moins une forte majorité, a définitivement échoué. Un jour, certainement encore lointain, je crois qu’il y aura un État binational, dont on peut espérer que tous les citoyens seront égaux en droits et en dignité. Mais à plus brève échéance, ce qui se met en place c’est un État d’apartheid et d’oppression des non-juifs. Et la “communauté internationale” regarde cela se faire sans bouger le petit doigt. Mieux, elle finance cette entreprise criminelle.

Hier, nous étions au Parlement européen, et ce que nous avons entendu est effrayant : ils donnent de l’argent, et ils pensent avoir fait leur devoir. Des pressions sur Israël ? Mais vous n’y pensez pas ! Cette attitude est scandaleuse et indigne. En fait, ce que fait l’Europe pour Israël, c’est une espèce de suicide assisté».

Selon elle, «le salut ne peut pas venir de l’intérieur d’Israël. Croire cela est totalement illusoire. Les Européens doivent donc faire pression sur leurs hommes politiques pour qu’enfin une réelle pression internationale s’exerce sur Israël. Et ils doivent aussi absolument soutenir des actions comme la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qui – si elle ne va pas mettre à mal l’économie israélienne – fait un tort considérable à l’image d’Israël dans le monde, ce qui est une chose à laquelle les dirigeants israéliens sont très sensibles ».

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