Six prisonniers palestiniens en grève de la faim contre leur détention administrative

Il y a actuellement six prisonniers politiques palestiniens en grève de la faim qui se battent pour leur liberté. Ils sont emprisonnés en vertu d’ordres de « détention administrative », sans inculpation ni jugement.

Ghadanfar Abu Atwan est en grève de la faim depuis 41 jours pour réclamer sa libération ; il est rejoint par Khader Adnan, ancien gréviste de la faim de longue date, qui est en grève de la faim depuis 16 jours, ainsi qu’Amer al-Shami et Yousef al-Amer, en grève de la faim depuis 15 jours, et Mohammed Masalmeh  et Cheikh Jamal al-Tawil , en grève de la faim depuis 12 jours. La grève d’Al-Tawil exige la libération de sa fille, Bushra al-Tawil, de la détention administrative, ainsi que sa propre libération.

La détention administrative a d’abord été introduite en Palestine par le colonialisme britannique. Ces ordres peuvent être émis pour un à six mois à la fois, et ils sont indéfiniment renouvelables. En conséquence, les Palestiniens sont régulièrement emprisonnés pendant des années sans inculpation ni procès. Ni eux ni leurs proches ne savent quand ils seront libérés, et la détention administrative est une forme de torture psychologique. Les Palestiniens détenus et leurs avocats n’ont pas le droit de voir le « dossier secret » utilisé pour justifier leur emprisonnement. Le recours à la détention administrative, déjà couramment utilisé pour détenir arbitrairement des Palestiniens, s’est rapidement intensifié, avec plus de 200 ordres de détention émis depuis début mai 2021.

Ghadanfar Abu Atwan, originaire de Dura près d’al-Khalil, a entamé sa grève de la faim le 5 mai 2021 à la prison de Ramon pour protester contre sa détention sans inculpation ni jugement. Il a été arrêté par les forces d’occupation en octobre 2020 et condamné à six mois de détention administrative ; sa détention a ensuite été renouvelée pour six mois supplémentaires, ce qui l’a incité à lancer sa grève de la faim ouverte pour la liberté.

Après avoir annoncé sa grève, il a été placé en isolement pendant deux semaines dans la prison de Ramon, avant d’être transféré en isolement dans la prison d’Ohli Kedar, où sa cellule était infectée d’insectes et insalubre. Les transferts fréquents et l’isolement sont utilisés comme moyen de pression physique sur les grévistes de la faim pour tenter de les forcer à rompre leur grève. Actuellement, Abu Atwan est détenu à la clinique de la prison de Ramle. Lors de son transfert, les forces d’occupation israéliennes ont agressé et battu Abu Atwan, physiquement affaibli après 33 jours de grève de la faim. Il a été battu aspergé d’une substance nocive qui l’empêchait de respirer.

Cheikh Khader Adnan, originaire de Jénine, a été arrêté à l’aube par les forces d’occupation de la ville d’Arraba le 30 mai. Adnan, qui a obtenu sa liberté de détention administrative à plusieurs reprises grâce à des grèves de la faim de longue durée et a galvanisé la solidarité internationale avec les prisonniers palestiniens, a immédiatement lancé une grève de la faim. Il a été arrêté 12 fois et a passé 8 ans dans les prisons de l’occupation israélienne, la plupart en détention administrative. En 2004, il a entamé une grève de la faim de 25 jours ; en 2012 pendant 66 jours, en 2015 pendant 56 jours et 2018 pendant 58 jours. Il est père de neuf enfants dont le plus jeune n’a qu’un mois.

Après son arrestation, un ordre de détention administrative d’un mois lui a été imposé presque immédiatement. Il est en grève de la faim depuis 16 jours pour réclamer sa libération ; il est détenu au centre d’interrogatoire de Jalameh.

Amr al-Shami, âgé de 18 ans, et Yousef al-Amer, âgé de 28 ans, tous deux du camp de Jénine, sont emprisonnés sans inculpation ni jugement en détention administrative. Ils ont lancé leurs grèves il y a 15 jours. Tous deux ont purgé leurs peines prononcées par un tribunal militaire ; plutôt que d’être libérés comme prévu, ils ont été condamnés à être emprisonnés sans inculpation ni jugement. Al-Shami et al-Amer sont tous deux détenus à la prison de Megiddo.

Mohammed Masalmeh, originaire de Beit Awwa près d’al-Khalil, est en grève de la faim pour le 12e jour. Il est détenu depuis février sans inculpation ni jugement et a lancé sa grève lorsque l’ordre de détention à son encontre a été arbitrairement renouvelé.

Traduit devant le tribunal militaire israélien d’Ofer le dimanche 13 juin, Cheikh Jamal al-Tawil a déclaré au juge d’occupation qu’il avait entamé sa grève de la faim pour exiger la liberté de sa fille, Bushra al-Tawil , qui est l’une des deux Palestiniennes emprisonnées sous détention administrative, avec la présidente de l’Union des comités de femmes palestiniennes, Khitam Saafin. Il demande maintenant qu’il soit mis fin à sa propre détention après que les forces de sécurité d’occupation israéliennes aient ignoré ses demandes. Al-Tawil, un éminent dirigeant politique, a été arrêté le 1er juin par les forces d’occupation israéliennes, qui ont envahi son domicile à al-Bireh, et transféré presque immédiatement en détention administrative.

Al-Tawil a été transféré vendredi 11 juin à la prison de HaSharon depuis la prison d’Ofer, malgré le fait qu’il serait contraint de retourner à Ofer pour l’audience du tribunal militaire quelques jours plus tard. Ces transferts s’effectuent à l’aide de la « bosta », un véhicule métallique sans contrôle de température, et les trajets qui devraient plutôt être brefs sont prolongés tout au long de la journée avec des arrêts fréquents.

Bushra al-Tawil, détenue à la prison de Damon, est détenue sans inculpation ni jugement depuis novembre 2020. Elle est journaliste et défenseure des prisonniers palestiniens qui ont été détenus à plusieurs reprises par l’occupation israélienne, le plus souvent en détention administrative.

Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun, dont est membre le Collectif Palestine Vaincra, appelle tous les partisans de la Palestine à prendre des mesures pour soutenir les grévistes de la faim et tous les prisonniers palestiniens qui luttent pour la liberté. Ces Palestiniens mettent leur corps et leur vie en danger à l’intérieur des prisonniers de l’occupation pour exiger non seulement la liberté pour eux-mêmes, mais la fin de la détention administrative et de l’ensemble du système colonial sioniste dans toute la Palestine occupée.


Publié le 13 juin 2021 sur Samidoun
Traduction : Collectif Palestine Vaincra

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