Toutes les 15 minutes, Israël tue un enfant à Gaza

Les bombardements israéliens par air, terre et mer contre les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza « se sont poursuivis de façon quasi ininterrompue » ce lundi, a fait savoir l’ONU.

 

16 octobre 2023. Des membres de la défense civile palestinienne, éplorés, entourent le corps d’un de leurs collègues tué par une frappe israélienne ce lundi matin à Gaza.

16 octobre 2023. Des membres de la défense civile palestinienne, éplorés, entourent le corps d’un de leurs collègues tué par une frappe israélienne ce lundi matin à Gaza. (Photo : APA images)


Maureen Clare Murphy,
17 octobre 2023

Alors que l’invasion terrestre annoncée par Israël n’a pas encore commencé, le moindre cessez-le-feu, ne serait-ce que temporaire, n’apparaît toujours pas à l’horizon.

Une résolution de Conseil de sécurité de l’ONU proposée par la Russie et réclamant un cessez-le-feu immédiat et la libération des captifs détenus à Gaza a été rejetée lundi. Un vote concernant une proposition de résolution du Brésil qui, au contraire du texte russe, condamne spécifiquement le Hamas, a été reporté à mardi en fin de journée.

Entre-temps, les morgues et les hôpitaux de Gaza continuent de déborder de victimes.

À 18 heures, heure locale, le ministère gazaoui de la santé avait enregistré 108 décès palestiniens pour les dernières 24 heures, ce qui portait le nombre de morts depuis le 7 octobre pour l’ensemble du territoire à 2 778. Plus de 1 000 d’entre eux étaient des enfants, ce qui représente plus d’un tiers des décès.

Quarante-sept familles palestiniennes ont été anéanties et ont donc disparu des registres d’état civil, a également fait savoir le ministère de la santé.

Des centaines de personnes « sont portées manquantes et on croit qu’elles ont été piégées sous les décombres », selon l’ONU.

 

Defense for Children International – Palestine (DCI-P) a déclaré lundi que les forces israéliennes avaient tué « un enfant palestinien approximativement toutes les 15 minutes, à Gaza », depuis le 7 octobre.

Mohammad Abu Rukbah, un enquêteur de terrain au service de l’organisation de défense des droits des enfants à Gaza, a déclaré que les répercussions psychologiques de la guerre d’Israël « allaient être catastrophiques ».

 

L’organisation de défense des droits a déclaré que « le traumatisme vécu par les enfants palestiniens à Gaza allait bien au-delà des souffrances personnelles ».

« Assister à la mort d’autres enfants aggrave leur détresse en marquant de cicatrices indélébiles leur bien-être mental », a ajouté DCI-P.

« Des familles entières sont ainsi oblitérées en un clin d’œil, explosant les fondations mêmes de ces ménages. »

Des enfants ont perdu leurs parents et vont

« désormais se débattre avec la douleur de la situation actuelle dans leur ville, mais aussi avec l’énorme défi de devoir se débrouiller sans le soutien de leurs familles ».

Le nombre de décès à Gaza peut augmenter non seulement à cause des bombardements israéliens mais aussi suite au siège total imposé au territoire, où quasiment plus rien, nourriture, eau, carburant, électricité ou aide humanitaire, n’a plus pu entrer depuis plus d’une semaine.

Les hôpitaux sont sur le point de tomber à court de carburant pour leurs générateurs d’électricité, « mettant ainsi en danger la vie de milliers de patients », estime l’ONU. Entre-temps, il existe un « risque imminent de mort suite à l’apparition de maladies infectieuses », vu la mise à l’arrêt de « quasiment tous les services d’eau et d’hygiène de Gaza ».

 

16 octobre 2023. Des Palestiniens blessés par les frappes aériennes israéliennes se font soigner dans une tente dressée sur le terrain de l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza.

16 octobre 2023. Des Palestiniens blessés par les frappes aériennes israéliennes se font soigner dans une tente dressée sur le terrain de l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza. (Photo : Atia Darwish / APA images)

 

Un bon million de personnes – environ la moitié de la population de Gaza, l’une des régions les plus densément peuplées de la planète – sont des déportées internes, puisqu’elles sont nombreuses à quitter le nord de Gaza pour le sud après qu’Israël a ordonné l’évacuation avant d’appliquer sa menace d’invasion terrestre.

 

Deux Palestiniens au moins ont été tués en Cisjordanie dimanche soir et lundi. Muin Damu, 21 ans, a été tué d’une balle dans la tête à bout portant au cours de confrontations dans le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, près de Jéricho, rapporte l’agence officielle palestinienne d’information WAFA. Quant à Anas Raed Manasra, 19 ans, il a été tué à Jénine lundi.

Plus de 50 Palestiniens, dont 16 enfants, ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre.

Le Comité de protection des journalistes a déclaré lundi qu’au moins 15 journalistes « faisaient partie des plus de 4 000 morts dans les deux camps depuis le début de la guerre », le 7 octobre.

L’organisation de contrôle de la liberté de la presse a déclaré que la journaliste freelance Salam Mema faisait partie des 11 journalistes palestiniens tués à Gaza au cours de cette période. Son corps a été retiré des décombre trois jours après que sa maison avait été touchée par une frappe aérienne israélienne dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de Gaza, le 10 octobre.

« Mema exerçait la fonction de cheffe du Comité des femmes journalistes à l’Assemblée des médias palestiniens, une organisation consacrée à la facilitation du travail des médias pour les journalistes palestiniens »,

a expliqué le Comité de protection des journalistes.

L’organisation, dont le siège est à New York, a déclaré que trois journalistes israéliens avaient été gué le 7 octobre : Shai Regev, un rédacteur de Maariv ; Ayelet Arnin, une rédactrice d’information de l’émetteur public israélien ; et Yaniv Zohar, un journaliste photographe d’Israel Hayom, tué en même temps que sa femme et ses deux filles.

Issam Abdallah, un vidéaste travaillant pour Reuters, a été tué au moment où des obus israéliens ont touché un groupe de journalistes (portant pourtant leurs insignes de « presse ») à proximité de la frontière libanaise, le 13 octobre.

Israël affirme que 1 300 personnes ont été tuées le 7 octobre, lors de l’offensive surprise des Brigades Qassam, l’aile armée du Hamas. Toutefois, des preuves apparaissent de ce qu’un nombre important d’Israéliens ont été tués, non pas par les Palestiniens, mais par des tirs de la police et de l’armée israéliennes.

Israël dit que 199 personnes ont été capturées et emmenées à Gaza le 7 octobre, bien que, lundi, les responsables du Hamas aient donné des chiffres plus élevés.

Israël affirme qu’il détient les corps de 1 500 combattants palestiniens tués lors de l’attaque du 7 octobre. Un nombre inconnu de ces hommes dont Israël prétend qu’ils étaient des militants peuvent avoir été en fait des civils non armés en provenance de Gaza.

Israël a déclaré lundi que ses équipes médicolégales chargées d’examiner les corps des personnes tuées lors de l’attaque du 7 octobre « avaient découvert de multiples indications de torture, de viol et autres atrocités ».

Des officiers de l’armée israélienne ont par conséquent répété des allégations dénuées du moindre fondement disant que des enfants avaient été décapités.

Lundi, dans son rapport sur les nouvelles allégations, Reuters a déclaré que

« le personnel militaire supervisant la procédure d’identification n’avait pas présenté la moindre preuve médicolégale, que ce soit sous forme d’images ou d’enregistrement de données médicales ».

 

Un appel en faveur d’une enquête internationale

Alors que de graves violences ont certainement eu cours lors de l’attaque du 7 octobre, les allégations sensationnelles avancées lundi par l’armée israélienne pourraient constituer une autre tentative en vue de justifier les crimes atroces perpétrés actuellement à Gaza.

Shawan Jabarin, le directeur de l’organisation palestinienne de défense des droits humains Al-Haq, a réclamé ce lundi la mise sur pied d’une enquête internationale indépendante.

Parlant depuis Ramallah, Jabarin a condamné l’UE et les EU pour avoir facilité

« l’agression israélienne contre la population civile de Gaza », agression dont il a dit « qu’elle avait atteint le seuil du crime de génocide ».

Jabarin a invité instamment les tiers États à exercer des pressions sur Israël afin qu’il

« permette à la Commission d’enquête indépendante de l’ONU d’entrer et d’enquêter sur tous les crimes commis, quels qu’en soient les perpétrateurs ».

Israël a continué de cibler des immeubles résidentiels, dans ses bombardements incessants de Gaza entre dimanche soir et lundi.

L’ONU a déclaré que 10 Palestiniens avaient été tués lors d’une frappe qui ciblait un immeuble résidentiel à Jabaliya ; au moins 11 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été tués dans le quartier de Musabah, à Rafah, dans le sud de Gaza ; et 11 autres Palestiniens ont été tués lorsqu’e le bâtiment hébergeant une organisation caritative a été touché à Rafah également.

Lundi matin, 22 Palestiniens ont été tués quand Israël a visé un immeuble résidentiel à Khan Younis.

L‘ONU a dit que « plusieurs attaques se sont passées à proximité directe d’un hôpital et de grands-routes, ce qui avait occasionné d’importantes difficultés d’accès ».

 

Sept membres de la défense civile ont été tués lundi matin lorsqu’ils ont été ciblés par des frappes israéliennes à l’est de Gaza et dans la zone de Tel al-Hawa au sud de la ville de Gaza City.

Entre-temps, les Palestiniens doivent rationner considérablement les maigres réserves de nourriture, d’eau et de gaz qui leur restent.

 

Mohammed Ghounim, un médecin de l’hôpital al-Shifa de Gaza, a déclaré que l’actuelle agression contre Gaza ne ressemble à aucune autre subie auparavant par les gens de l’endroit et que la majorité écrasante des victimes accueillies à l’hôpital sont des civils.

 

Il a expliqué que l’aspect le plus pénible consiste à écrire un numéro sur le corps d’un enfant blessé du fait que l’on ne connaît pas son identité.

Il a mis en garde contre une augmentation du nombre de victimes si les hôpitaux, dont le courant est fourni par des générateurs de secours, tombaient en panne de carburant. Entre-temps, 2 500 personnes se sont réfugiées à l’hôpital al-Shifa, la plus grande installation de soins de santé de l’enclave.

« Ceci est un appel urgent. De grâce, si vous êtes un être humain (…) de grâce, arrêtez ça, de grâce, soutenez Gaza. »

 

16 octobre 2023. Des Palestiniens font la file en face d’une boulangerie à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza.

16 octobre 2023. Des Palestiniens font la file en face d’une boulangerie à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza. (Photo : Atia Darwish / APA images)

 

Lundi, l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a démenti des rapports disant qu’un de ses entrepôts de Gaza avait été pillé.

Des médias israéliens avaient rapporté que l’UNRWA avait tweeté que du carburant et des équipements médicaux avaient été emportés sans autorisation par le ministère gazaoui de la santé et ce, avant que les tweets ne soient effacés.

Dans une « mise au clair urgente », l’UNRWA a précisé que les images qui avaient circulé dans les médias sociaux montraient un transfert de routine de fournitures médicales vers ses partenaires dans les soins de santé.

Entre-temps, une prise de vue montrait un entrepôt de l’UNRWA dont on disait qu’il avait été touché par une frappe israélienne pendant la nuit de dimanche à lundi :

Gisha, une organisation israélienne de défense des droits humains qui surveille le siège de Gaza, a déclaré lundi qu’on ne voyait pas encore clairement « la quantité d’eau, pour autant qu’elle existe, qu’Israël accordait à Gaza », après qu’il avait été rapporté, dimanche, qu’Israël avait repris sa livraison d’eau au sud de la bande de Gaza.

L’eau ne peut être pompée et distribuée sans électricité et les dégâts aux infrastructures hydrauliques occasionnés par les bombardements israéliens « rendront malaisé l’accès à l’eau, même si l’électricité et le carburant sont rétablis », a expliqué Gisha.

L’organisation a fait remarquer que « la dernière des installations de désalinisation de l’eau à Gaza était tombée en panne hier par manque d’électricité ».

 

Le passage de Rafah est toujours fermé

Lundi, des avions de combat israéliens ont bombardé pour la quatrième fois le passage de Rafah le long de la frontière entre l’Égypte et Gaza, alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken était en réunion avec le cabinet d’urgence israélien, à Tel-Aviv.

Dimanche, Blinken avait déclaré qu’un accord avait été dégagé en vue d’ouvrir le passage de Rafah lundi matin, afin de permettre aux détenteurs de passeports étrangers de quitter Gaza et d’autoriser également l’aide humanitaire, désespérément nécessaire, à pénétrer dans le territoire.

L’organisation égyptienne Le Sinaï pour les droits humains a déclaré lundi qu’Israël avait ciblé les barrières du côté égyptien. Ces barrières avaient été installées par l’Égypte la semaine dernière afin d’empêcher un exode massif de Palestiniens de Gaza vers le Sinaï.

Une vidéo montre l’explosion de cette muraille :

 

 

Des centaines de tonnes de marchandises sont bloquées du côté égyptien de la frontière. Les autorités égyptiennes ont reproché à Israël d’avoir refusé d’autoriser le mouvement des marchandises et des ressortissants étrangers par le passage de Rafah.

Les craintes qu’Israël n’ait l’intention de chasser les Palestiniens de Gaza vers l’Égypte ont été renforcées par les chefs militaires israéliens qui disent que leur but est de rendre Gaza inhabitable pour sa population de 2,3 millions d’habitants, dont la moitié sont des enfants.

Giora Eiland, un général-major de réserve, a dit que

« créer une grave crise humanitaire à Gaza était le moyen nécessaire pour atteindre de but ».

« Gaza va devenir un endroit où aucun être humain ne pourra exister »,

a-t-il ajouté.

Le président israélien Isaac Herzog et d’autres personnalités politiques et militaires – dont se sont fait l’écho certains hommes politiques des EU – ont tenu tous les Palestiniens de Gaza collectivement responsables de l’attaque du 7 octobre.

 

Entre-temps, dans une interview réalisée par Sky News, Tzipi Hotovely, l’ambassadrice d’Israël au Royaume-Uni, a nié qu’il y eût une crise humanitaire à Gaza, après quoi elle s’est mise sur la défensive quand on a quelque peu insisté sur le sujet.

 

« Vos enfants passent en priorité devant votre Premier ministre », a-t-elle dit, même si la campagne de revanche d’Israël à Gaza ne fera que retarder le retour des Israéliens capturés – si elle ne finit pas par les tuer en même temps que des milliers de Palestiniens.

 

Israël évacue des colonies à proximité du Liban

Israël a annoncé lundi que les résidents des 28 colonies situées très près de la frontière du Liban allaient être évacués.

Les tirs transfrontaliers entre l’armée israélienne et le Hezbollah au Liban ont augmenté les craintes d’une escalade régionale. Quelque deux douzaines de communautés dans le sud d’Israël, près de la frontière de Gaza, ont déjà été évacuées, y compris la ville de Sderot.

« Une importante proportion d’habitants d’Ashkelon se sont déjà enfuis, paraît-il »,

a déclaré l’ONU.

Dans l’intervalle, l’administration Biden à Washington

« a déployé un surcroît de forces offensives dans le Moyen-Orients, afin de soutenir Israël et de tenter de dissuader l’Iran et le Hezbollah d’ouvrir un second front au nord d’Israël »,

rapportait Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv, ce lundi. Dans un même temps, CNN rapportait que les EU envoyaient 2 000 marines et marins rejoindre les navires de guerre qu’ils avaient déjà envoyés dans l’est de la Méditerranée.

L’administration Biden a déployé un grand show de solidarité apparemment inconditionnelle au profit d’Israël et elle a diabolisé les Palestiniens et répété servilement la propagande israélienne afin de bricoler son consentement à la campagne génocidaire en cours à Gaza.

 

Lundi, Blinken a fait une apparition commune avec le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, qui a traité les Palestiniens de Gaza de « bêtes humaines » au moment de proclamer le siège complet du territoire, la semaine dernière.

Galant a dit que

« ce serait une guerre longue ; le prix en sera élevé. Mais nous allons la gagner pour Israël et pour le peuple juif et pour les valeurs auxquelles les deux pays croient ».

Le président américain Joe Biden va se rendre en Israël mercredi afin d’y faire étalage de son soutien.

Mais, en coulisse, on dit que les responsables américains pressent Israël à définir une fin de partie. L’administration Biden est consciente à coup sûr que la situation pourrait rapidement dégénérer et « embourber les États-Unis dans une guerre régionale plus importante qui coûtera davantage de vies américaines », comme le disent Sam Heller et Thanassis Cambanis dans une analyse réalisée pour The Century Foundation.

 

Biden a déclaré dans une interview diffusée dimanche que si Israël reprenait le plein contrôle de Gaza, ce serait une « erreur ». Citant des responsables américains et israéliens, Washington est inquiet de savoir qui gérera le territoire « après que le Hamas en sera chassé, pour autant qu’il le soit », rapportait The Times of Israel lundi.

 

Hamas publie une vidéo des captifs

Abu Obeida, le porte-parole des Brigades Qassam, l’aile armée du Hamas, a déclaré lundi que plus de 200 personnes capturées le 7 octobre étaient détenues à Gaza.

Il a dit que le Hamas détenait 200 des otages et que 50 otages de plus étaient détenus par d’autres factions. Précédemment, le Djihad islamique avait déclaré qu’il en détenait 30.

Il a encore dit que les captifs étaient traités avec humanité et qu’« ils mangent ce que nous mangeons et boivent ce que nous buvons ».

Les frappes aériennes israéliennes ont tué 22 captifs, a déclaré Abu Obeida et, très récemment, un artiste de 26 ans originaire de Tel-Aviv.

Il a encore dit sue les ressortissants étrangers détenus en captivité à Gaza étaient « nos invités » et qu’ils seraient protégés et libérés « lorsque les circonstances le permettraient ».

Mais le porte-parole des Brigades Qassam a expliqué que les ressortissants nationaux qui avaient rallié l’armée israélienne pour combattre le peuple palestinien seraient traités comme les soldats israéliens quelle que soit la nationalité qu’ils détiennent.

Les Brigades Qassam ont également diffusé leur première vidéo de l’un des otages. La vidéo montre une femme qui s’identifie comme Maya Sham et qui dit en hébreu qu’elle a été capturée dans la région de Sderot.

La vidéo montre Sham en train de se faire soigner pour une blessure à la main.

« Ils ont pris soin de moi et m’ont procuré des médicaments », dit-elle, avant de demander : « S’il vous plaît, sortez-moi d’ici le plus vite possible. »

Khaled Meshaal, le chef du bureau du Hamas pour la diaspora, a déclaré dans une très longue interview réalisée par AlAraby TV lundi que, parmi les captifs, figurent des officiers supérieurs de la Division Gaza de l’armée israélienne.

Il a expliqué que la résistance disposait d’assez de captifs pour faire libérer la totalité des 6 000 Palestiniens détenus dans les prisons et centres de détention israéliens.

Tant Meshaal qu’Abu Obeida ont réaffirmé que les Palestiniens de Gaza n’allaient pas être déracinés. Le porte-parole des Brigades Qassam a déclaré que la menace d’une invasion terrestre « ne nous intimidait pas » et que cela allait procurer à la résistance une occasion de punir l’ennemi pour ses crimes.

De son côté, Meshaal a dit qu’une expulsion des Palestiniens vers l’Égypte était non seulement contraire aux intérêts de ce pays, mais aussi à ceux de la Jordanie, impliquant qu’un nettoyage ethnique de la Cisjordanie viendrait ensuite.

Meshaal a indiqué que la résistance était désormais la seule voie vers la libération, puisque toutes les tentatives de processus de paix ont échoué depuis des décennies. Il a exprimé sa confiance en ce que les promesses israéliennes de destruction du Hamas allaient échouer, et il a affirmé qu’Israël avait déjà tenté maintes fois de détruire la résistance et qu’il en était ressorti vaincu.

En soulignant que le Hamas n’était pas seul à résister, il a déclaré que le Hezbollah « avait heureusement entrepris des démarches », depuis le début de l’actuelle confrontation, tout en ajoutant que « la bataille requérait davantage ».

Cela pourrait venir très bientôt, puisque le ministre iranien des Affaires étrangères a dit lundi que « l’action préventive » par l’axe de la résistance pourrait avoir lieu d’ici quelques heures.

 

Les appels au Hamas afin qu’il relâche les captifs

Se faisant l’écho du secrétaire général de l’ONU, le responsable de l’aide humanitaire de l’institution mondiale, Martin Griffiths, a réclamé lundi la libération immédiate des Israéliens et des ressortissants étrangers détenus à Gaza.

 

Les dirigeants de l’UE ont eux aussi réclamé la libération immédiate des otages et ce, sans conditions préalables.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré aux médias israéliens qu’il « s’entretenait directement avec les hauts responsables du Hamas afin de demander l’accès aux otages israéliens », a rapporté The Times of Israel.

Les médias israéliens, citant des sources diplomatiques étrangères, ont rapporté lundi que des pourparlers étaient en cours afin d’obtenir la libération de certains des captifs.

L’armée israélienne dit que 199 civils et soldats capturés le 7 octobre sont détenus à Gaza. Le gouvernement israélien a donné la priorité à l’exercice de sa vengeance contre Gaza et au rétablissement de la dissuasion à propos de la libération des captifs, en disant que les négociations n’auraient lieu qu’après la guerre.

Il apparaît que les partisans de Benjamin Netanyahou ont interrompu une réunion entre le Premier ministre et des familles dont des proches sont détenus à Gaza.

Netanyahou a fait l’objet de critiques virulentes en Israël pour n’avoir pas pris ses responsabilités dans l’incapacité du gouvernement d’empêcher l’attaque du 7 octobre. Il n’a pas rencontré les familles des captifs détenus à Gaza depuis plus d’une semaine.

Des représentants de cinq familles étaient présents à la réunion qui était coordonnée avec le cabinet du Premier ministre et ce, à court terme. Selon les médias israéliens, des membres d’une famille inconnue de l’organisation représentant les familles des captifs et des personnes portées manquantes ont rallié la réunion.

L’un des membres de cette famille inconnue de l’organisation qui coordonnait la réunion a dit qu’il aimait sa fille autant que les autres aimaient les membres de leur famille.

« Mais, à la fin, nous devons considérer le peuple d’Israël et l’avenir de notre existence ici »suggérant par-là qu’il préférerait voir Israël pilonner Gaza que négocier la libération des otages.

Un journaliste israélien dont des membres de la famille sont détenus à Gaza a accusé Netanyahou d’avoir délibérément opéré des divisions entre les familles des captifs.

Le cabinet de Netanyahou a nié avoir implanté des gens dans la réunion.

Entre-temps, des parents d’Israéliens détenus à Gaza ont installé des tentes à l’extérieur du quartier général du ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv, et, alors qu’ils exigeaient que Netanyahou donne la priorité à la libération des otages, ils ont été attaqués et menacés par des Israéliens qui veulent assister à la poursuite de l’annihilation de Gaza.

Au père d’une captive, un activiste apparemment d’extrême droite a même dit : « J’espère que ta fille mourra », ont rapporté plusieurs médias israéliens.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 17 octobre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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