32 organisations belges réagissent aux propos mensongers de Serge Rozen (CCOJB)

Lors de son discours du 12 avril dernier, en présence du Premier Ministre et d’autres membres du gouvernement, Serge Rozen a fait référence à l’antisémitisme croissant pour évoquer de manière stigmatisante le mouvement du BDS (Boycot – Désinvestissement – Sanctions à l’égard d’Israël). Monsieur Rozen qui préside actuellement le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) a qualifié BDS de « bras armé » de l’antisémitisme « présentable », c’est-à-dire de l’antisionisme. « Certains pays », à son avis, « ayant déjà adopté des mesures législatives pour interdire le BDS », il a émis le souhait que « la Belgique fasse de même ».

Pas de criminalisation du mouvement pour la justice en Palestine !

Venant de la part d’une organisation belge sensée avoir un engagement supérieur pour les valeurs démocratiques, cette demande peut nous étonner. Comme le Premier-Ministre Michel l’a précisé dans sa réponse, la lutte contre l’antisémitisme concerne également la défense de « nos valeurs universelles, des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». Or BDS est avant tout un mouvement de défense des droits de l’homme. Il trouve son origine dans l’appel à la solidarité de la société civile palestinienne.

La population palestinienne est confrontée depuis près d’un demi-siècle à une colonisation impitoyable, sans perspective de dénouement. En Israël, des parties d’extrême droite sont au gouvernement. Des poussées de racisme et de déshumanisation des « Arabes » se multiplient, des exécutions sommaires sont justifiées. La démolition de maisons et d’infrastructures prend des proportions alarmantes, de même que l’accaparement de terres au profit des colonies illégales. Le blocus inhumain de Gaza se poursuit.

La campagne BDS pour la justice met en lumière le double discours des élites politiques européennes à l’égard d’Israël. Inspirés par la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud dans les années ’80, ses activistes estiment que seule la pression extérieure offre une perspective de changement pacifique. Le temps presse : la « Palestine » est aujourd’hui réduite à quelques enclaves clôturées sous contrôle militaire israélien.

L’appel du BDS connaît un succès international croissant: de la part d’artistes, acteurs culturels et intellectuels, chez les organisations humanitaires, sociales et syndicales, les Églises et dans les universités. La crispation d’Israël et de ses défenseurs inconditionnels est significative à cet égard. Une campagne internationale disposant de soutiens financiers très importants vise la campagne BDS, et, très récemment, une conférence anti-BDS a été organisée à Jérusalem. Un membre du gouvernement israélien y a appelé, en présence de l’Ambassadeur de l’Union européenne, à l’ « élimination civile ciblée » des leaders du BDS; tandis qu’un autre dirigeant considérait que ces derniers « devront payer le prix ». Amnesty International a condamné fermement ces menaces et ces appels à la haine.

Les tentatives récentes de criminaliser  BDS ont utilisé un argument rhétorique dont l’objet central est l’antisionisme, dénommé « le nouvel antisémitisme ». C’est la manière utilisée pour bâillonner désormais toute critique de la politique israélienne. Nous refusons ce raccourci grotesque. La critique morale et rationnelle ne peut être compatible, par définition, avec un antisémitisme irrationnel et raciste. La critique repose sur des faits : l’occupation, c’est un fait  ; la violation des droits humains palestiniens et du droit international humanitaire : c’est un fait ; qu’Israël rende la vie de millions de personnes insupportable : c’est un fait… Les Nations Unies les ont condamnés dans de multiples résolutions. L’accusation calomnieuse d’antisémitisme, de manière évidente, ne sert qu’à dissimuler l’injustice intolérable de l’occupation et de la situation d’apartheid.

Le statut du mouvement de solidarité avec la Palestine ne peut être sujet à malentendus. Œuvrant pour la défense des droits de l’homme il est lié aux mouvements sociaux contemporains et réprouve toute forme de racisme.BDS notamment, relève d’une stratégie démocratique, pacifique et morale. Sa pénalisation est inacceptable. La question toutefois de savoir si le boycott est effectivement le moyen adéquat pour réaliser les droits égaux des Palestiniens peut être sujet à un débat démocratique. C’est précisément pour cela que le dialogue public et la discussion sont nécessaires. La condition préalable est que le gouvernement belge respecte la liberté d’expression et la liberté d’association garanties par la Constitution.

Em. Prof. Dr. Herman De Ley (Belgian Academic and Cultural Boycott of Israel – BACBI)

Signataires :

 BACBI (Belgian Academic and Cultural Boycott of Israel), 11.11.11, Noord-Zuid Beweging, Agir pour la Paix, Artistes contre le mur, Association belgo-palestinienne, Les ballets C de la B, Broederlijk Delen, Brussels Brecht-Eislerkoor, BRussels Tribunal,  Centrale Générale-FGTB / Algemene Centrale-ABVV,  Centre national de coopération au développement – 11.11.11, Hand in Hand tegen Racisme vzw, Hart boven Hard, Intal, Jeunes Organisés et Combattifs (JOC), Kif Kif, La Ligue des droits de l’Homme,  Forum Gauche Écologie / Links Ecologisch Forum,  Médecine pour le Peuple – Geneeskunde voor het Volk, MOC Charleroi-Thuin, Mouvement Chrétien pour la Paix, Palestina Solidariteit, Pax Christi Vlaanderen, Plate-forme Charleroi-Palestine, Plateforme Watermael-Boitsfort Palestine, Solidarité socialiste, Solidarity with Bedouins, Union des progressistes juifs de Belgique, Victoria Deluxe, Vrede vzw, Vredesactie vzw.

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