Deux syndicats soumettent un fonds norvégien à des pressions à propos de la liste noire de l’ONU

La colonie israélienne de Beitar Illit en Cisjordanie occupée. (Photo : AFP)

Deux syndicats internationaux se sont servis d’une liste publiée par l’ONU et reprenant des entreprises actives dans les colonies israéliennes des territoires palestiniens occupés pour tenter d’exercer des pressions sur le plus important fonds souverain de la planète afin qu’il cesse d’investir en Israël.

Le mois dernier, les Nations unies ont publié une liste de 112 entreprises qui, suppose-t-on, opèrent dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.

La publication de cette liste a déclenché la fureur des Israéliens, alors que les Palestiniens l’ont accueillie favorablement, puisque les colonies sont considérées comme illégales par les lois internationales.

Cette semaine, l’UNI Global Union et la Confédération syndicale internationale (CSI) ont adressé une lettre commune à un comité d’éthique qui supervise l’énorme Fonds gouvernemental des pensions de Norvège, l’accusant d’investir dans 28 des entreprises reprises sur la liste des Nations unies.

TripAdvisor et Motorola Solutions, ainsi que des banques israéliennes et d’autres sociétés, font partie de ces firmes.

Une copie de cette lettre est parvenue à l’AFP. C’est sans doute la première fois que la liste de l’ONU est utilisée de cette façon.

Christy Hoffman, secrétaire générale de l’UNI Global Union, a expliqué à l’AFP que c’est la liste de l’ONU qui avait provoqué la rédaction et l’envoi de cette lettre.

« Nous voulons faire en sorte que le fonds modifie ses règles éthiques afin d’interdire d’investir dans toute entreprise opérant dans les colonies », a-t-elle déclaré.

« Je crois que nous sommes les premiers à utiliser la liste de l’ONU de cette façon. »

Le fonds souverain, le plus important au monde, investit les revenus du pétrole norvégien dans le monde entier et ses actifs s’élèvent à plus de 1 000 milliards de USD.

Fin 2019, cet argent était investi dans 9 200 sociétés, renseigne le rapport annuel du fonds.

Des documents sur son site internet ont confirmé que le fonds avait des millions investis dans des sociétés figurant sur la liste de l’ONU, dont 33 millions de USD dans Trip Advisor et 257 millions de USD dans Motorola.

En Israël, il a investi 91 millions de USD dans la Bank Leumi et 73 millions dans la société de télécommunications Bezeq, entre autres.

Le fonds n’a fait aucun commentaire à propos des allégations spécifiques, mais a déclaré qu’il avait mis en place des sauvegardes éthiques, concernant tous ses investissements.

« Nous attendons des sociétés qu’elles respectent les droits de l’homme et qu’il en soit tenu compte dans leurs opérations », a déclaré à l’AFP la porte-parole Marthe Skaar.

En 2014, le fonds avait fait figurer sur sa liste noire deux sociétés impliquées dans la construction de colonies à Jérusalem-Est annexée à Israël.

Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et la Palestine, a expliqué à l’AFP que la publication de la banque de données de l’ONU devrait être utilisée par les investisseurs institutionnels « afin d’insister sur l’obtention de réponses quant aux activités fiancées par leur argent ».


Publié sur le 5 mars 2020 sur The Globe Post
Traduction : Jean-Marie Flémal

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