Les entreprises complices dans l’occupation de la Palestine : Caterpillar

 

Caterpillar : profil d’une multinationale

Caterpillar a son siège aux États-Unis et emploie mondialement quelque 100 000 personnes. Les bénéfices de la société ont grimpé en flèche (de 700 %) en 2019 pour atteindre 6,15 milliards de USD.

Le profil que nous vous présentons de cette entreprise traite des thèmes suivants :

• Les blessures et décès provoqués par les bulldozers de Caterpillar
• Les partenariats de Caterpillar en Israël et au Royaume-Uni
• La résistance contre la société jusqu’à nos jours
• Les actions juridiques entreprises contre la société
• Les succès du désinvestissement
• Les implications actuelles des universités britanniques avec Caterpillar
• Comment entreprendre des actions

Le bulldozer militaire D9 de 60 tonnes de Caterpillar est devenu un symbole de l’oppression des Palestiniens par Israël

Les D9 de Caterpillar ont été utilisés dans l’occupation violente de la Cisjordanie et de Gaza en 1967, et lors de l’occupation du Liban en 1982. Les D9 ont tenté d’écraser la résistance dans le camp de réfugiés de Jénine en 2002 et ont rasé plus d’un millier de maisons à Rafah en 2003.

Rachel Corrie, membre de l’International Solidarity Movement (ISM) des États-Unis, a été écrasée par un D9 alors qu’elle tentait d’empêcher la démolition d’une maison palestinienne à Gaza.

Le bulldozer D9 est l’arme de choix de l’armée israélienne lorsqu’elle effectue ses démolitions punitives, en violation des lois internationales. Ces démolitions sont des actes de punition collective, dans le but de se venger sur les familles des Palestiniens qui sont soupçonnés de résistance.

En 2018, les bulldozers de Caterpillar ont été utilisés pour détruire au moins 39 structures et 3000 arbres, ce qui a touché au moins 232 adultes et 118 enfants.

Les bulldozers non militaires de Caterpillar sont régulièrement utilisés dans les démolitions de maisons par Israël en Cisjordanie, dans la construction de colonies et dans les travaux autour du mur israélien de l’apartheid. Ils sont également utilisés pour créer des blocages routiers et installer des check-points.

Corporate Occupation a découvert qu’en 2019, les bulldozers de Caterpillar avaient affecté au moins 232 personnes.

Des engins Caterpillar ont également été utilisés dans toutes les démolitions punitives effectuées par Israël en Palestine. Le rapport complet des démolitions de 2019 se trouve ici.

Chronologie des décès et des blessures provoqués par les bulldozers de Caterpillar

La chronologie ci-dessous renseigne les personnes qui ont été tuées ou blessées entre 2002 et avril 2020 par l’occupation israélienne quand elle recourt à des bulldozers Caterpillar. Ne sont repris que les incidents où nous avons pu identifier avec succès l’utilisation de bulldozers Caterpillar. Il peut y avoir eu davantage de morts et de blessés là où il n’y a pas eu de preuves photographiques ou de témoins oculaires.

Il vaut mieux visionner cette chronologie sur un écran d’ordinateur. Pour zoomer sur la chronologie, cliquer à droite et cliquer sur « View Image » ou « Save image ». Vous pouvez également visionner ou décharger une version PDF plus détaillée de la chronologie ici.

Incidents en 2020

Une vidéo particulièrement choquante, prise le 21 février 2020, montre un bulldozer militaire de Caterpillar poussant des rochers sur sa voie et fonçant sur des protestataires palestiniens dans le village de Kufr Qaddum, en Cisjordanie. Deux manifestants ont été blessés.

 

Et, le 23 février 2020, Mohammed al-Naem a été tué par l’armée israélienne, à proximité de la clôture de Gaza. Son corps a été heurté à plusieurs reprises par la lame d’un bulldozer Caterpillar, avant d’être ramassé et déposé sur la plateau de l’engin.

Le journaliste palestinien Muthana al-Najjar a expliqué à Al Jazeera :

« Des résidents de la zone sont arrivés sur les lieux de l’incident et il y avait des haut-parleurs invitant les gens à faire vite et à tenter de retrouver les corps avant que l’ennemi ne vienne et ne les dérobe comme cela a été le cas à plusieurs reprises auparavant. »

Al-Najjar a décrit la façon dont les véhicules israéliens, dont un bulldozer militaire [Caterpillar], s’est approché de la scène :

Des Palestiniens tentent de récupérer le corps [Muthana Al-Najaar/AFP]

« Le bulldozer n’était pas encore là, si bien que quatre jeunes sont parvenus à atteindre le corps et à placer le martyr sur la brouette, mais il en est tombé alors qu’ils s’en revenaient. Les Israéliens tiraient et eux craignaient d’être touchés. Ils ont tenté de le reprendre, mais les soldats israéliens ont abattu l’un d’eux et, en raison de sa blessure, l’équilibre a été rompu, et le martyr est tombé de nouveau.

« Au cours de la troisième tentative de récupération, le bulldozer est entré sur le territoire de Gaza en compagnie du char. Et, pour la première fois depuis des années, nous avons vu un bulldozer israélien pénétrer à Gaza sur 70 mètres environ. »

Le ministère de la Santé de Gaza a confirmé que deux des sauveteurs avaient été blessés, dont l’un d’une balle dans la jambe.

Un extrait choquant de la scène montre les sauveteurs qui sont attaqués au moment où ils tentent de récupérer le corps d’Al-Naem. Il montre également le bulldozer qui heurte Al-Naem de sa lame, avant de le ramasser et de l’emporter.

Shahd Abusalama est une étudiante palestinienne de Gaza, qui étudie pour l’instant à l’Université Hallam de Sheffield. Elle a déclaré à Tom Anderson, de Corporate Occupation :

« Le crime tel qu’il a été enregistré était trop horrible à voir, même pour les Palestiniens qui ont une grande habitude de la brutalité d’Israël. Quand la vidéo m’est apparue, j’ai été terriblement choquée. Je pensais que je ne pourrais plus être choquée par les crimes d’Israël, mais il y a toujours plus d’actions criminelles qui vous mettent plus encore en état de choc.

« C’est une expression de l’impunité d’Israël quand il s’agit de ses crimes répétés contre les Palestiniens. Ce crime est l’un parmi tant d’autres qui, eux, sont passés inaperçus, et il reflète la déshumanisation sans précédent à laquelle les Palestiniens sont soumis…

« Je me souviens d’avoir discuté avec ma famille à la suite de l’incident, alors que Gaza était à nouveau sous les bombardements ; ils manquaient tous de mots pour décrire l’indignité avec laquelle l’armée israélienne traite les corps des Palestiniens.

« Mon père était particulièrement en colère et il a demandé : ”Que se serait-il passé si cette personne qui a été happée et écrasée à plusieurs reprises par un bulldozer Caterpilla avait été un citoyen israélien, que se serait-il passé si ça n’avait pas été un cadavre palestinien qui avait été traité d’une façon aussi horrible et brutale ? Si ç’avait été un citoyen israélien, des mots de condamnation auraient rempli le domaine public et les hommes politiques auraient rivalisé pour condamner la chose de leurs mots les plus virulents. Mais ces mots de condamnation ne devraient pas être laissés de côté tout simplement parce que le crime est tombé sur un autre Palestinien.” »

Un bulldozer Caterpillar avait également été utilisé pour évacuer le corps de Fakhr Qurt en Cisjordanie, un peu auparavant, en février 2019.

Incidents entre 2002 et 2019

2002 : Le massacre de Jénine

Women return to the rubble of their homes in Jenin refugee camp, in the occupied West Bank, following the withdrawal of Israeli forces that assaulted the camp almost two weeks earlier, 18 April 2002. Kael Alford KRT/Newscom

Les D9 ont joué un rôle important dans la répression de la Deuxième Intifada (insurrection) palestinienne. En 2002, des bulldozers D9 ont été envoyés vers le camp de réfugiés de Jénine dans le cadre d’une opération destinée à écraser la résistance. Une zone de la taille de plusieurs terrains de football a été nivelée par les bulldozers. Au moins 52 Palestiniens ont été tués dans l’opération.

Un soldat israélien est devenu célèbre pour son rôle en tant qu’opérateur de D9, dans la démolition du camp. Son nom ? Moshe Nissim, surnommé l’« Ours kurde ». En anglais, « Kurdi Bear » (« Bear » est le nom de code utilisé par l’armée pour désigner les bulldozers D9. NdT)

Voici son témoignage, publié dans le très populaire quotidien en hébreu, Yedioth Ahronoth :

« Bien des gens étaient à l’intérieur des maisons que nous nous sommes mis à démolir. Ils sortaient des maisons sur lesquelles nous travaillions. Je n’ai pas vu de mes propres yeux des gens mourir sous la lame du D9. Et je n’ai pas vu de maisons s’écrouler sur des gens vivants. Mais, même s’il y en avait eu, je n’y aurais pas pris garde. Je suis sûr que des gens sont morts à l’intérieur de ces maisons, mais c’était difficile à voir, il y avait des tas de poussière partout et nous travaillions beaucoup la nuit. J’éprouvais de la joie à chaque maison qui s’écroulait, parce que je savais qu’ils n’avaient pas peur de mourir, mais ils faisaient attention à leurs maisons. Si vous abattiez une maison, vous enterriez 40 ou 50 personnes pour des générations entières. Si je dois regretter une chose, c’est de n’avoir pas rasé la totalité du camp. »

Nissim a reçu une décoration pour son rôle dans les crimes de guerre israéliens à Jénine.

Dans les ruines de maisons démolies dans le camp de réfugiés de Jénine,  des enfants palestiniens recherchent des proches disparus. (Photo: Charity Crouse, 2002)

2003 : La mort de Rachel Corrie

Rachel Corrie, une volontaire de l’International Solidarity Movement (ISM), a été écrasée et tuée par un bulldozer D9 le 16 mars 2003.

Elle essayait de protéger une maison palestinienne à Rafah, dans la bande de Gaza. Rachel, qui était originaire des États-Unis, est devenue une icône de la solidarité internationale avec la lutte palestinienne.

 

 

Les Palestiniens tués lors de démolitions de maisons par des D9 Caterpillar

Il est moins facile de citer tous les Palestiniens qui ont été écrasés au moment où des D9 ont démoli leurs maisons. Voici quelques cas répertoriés :

-En avril 2002, huit membres de la famille Al Sho’bi ont été tués à Naplouse quand leur maison a été détruite par un D9. Le bulldozer est venu en pleine nuit, sans le moindre avertissement. La personne la plus âgée, Umar, avait 85 ans, alors que les trois jeunes enfants, Anas, Azzam et Abdallah, avaient respectivement 4, 7 et 9 ans.

Affiches montrant les noms et les visages des huit membres de la famille Shubi. (Photo: AEF, 2002)

De même, en avril 2002, Jamal Fayed, un homme gravement handicapé, a été écrasé au moment où un D9 a détruit sa maison. Des membres de sa famille ont informé les soldats qu’il était à l’intérieur, mais l’occupation israélienne a poursuivi la démolition sans en tenir compte.

En 2004, Ibrahim Mahmoud Mohammed Khalafallah, 70 ans, a été tué lors d’une démolition au camp de réfugiés de Khan Younis, à Gaza. Ibrahim était sourd et incapable de se déplacer. Sa famille n’a pas eu l’autorisation de l’aider au moment où un D9 a démoli sa maison.

Le 16 novembre 2015, Ahmed al-Ayesh, 28 ans, et Laith Manasra, 21 ans, ont été abattus et tués alors qu’ils protestaient contre la démolition punitive d’une maison palestinienne à Qalandiya, en Cisjordanie.

Des Palestiniens portent les corps d’Ahmed Al Ayeh, 28 ans, et de Laith Manasra, 21 ans, lors de leurs funérailles dans le camp de réfugiés de Qalandia près de on Ramallah. (Photo : AP)

2003-2004 : Destructions à Rafah

L’armée israélienne a cherché à créer une zone tampon le long du « corridor de Philadephie », le nom qu’elle a donné à la zone densément peuplée de Rafah, à Gaza, à proximité de la frontière égyptienne. Elle l’a fait en utilisant des bulldozers militaires D9 afin de démolir de fond en comble les maisons palestiniennes de la zone.

Cette attaque a culminé par une offensive à grande échelle et un siège contre la bande de Gaza, lors d’une opération baptisée « Arc-en-Ciel ». Durant cette opération, des maisons, des routes et des champs ont été complètement détruits par des D9. 289 maisons ont été rasées par l’armée israélienne à Gaza, en mai 2004.

Human Rights Watch a écrit :

« Lors des incursions à Tel al-Sultan et Brazil [à Rafah], les FDI ont utilisé des bulldozers Caterpillar D9 blindés sans aucune discrimination et de façon excessive, et il en a résulté de très importantes destructions de maisons, de routes et de sites agricoles qui auraient pu être évitées. »

Le rapport poursuivait en exigeant que Caterpillar « suspende ses ventes de bulldozers D9, de pièces de rechange ou de services d’entretien aux FDI » et qu’il « cherche à faire en sorte que ses marchandises et services ne soient pas utilisés pour violer les droits de l’homme ».

Malheureusement, Caterpillar n’a tenu aucun compte de ces demandes.

Répression de la résistance populaire à Kufr Qaddum

Depuis plusieurs années, des D9 Caterpillar de 60 tonnes sont utilisés comme armes de contrôle de foule contre les manifestants dans le village de Kufr Qaddum.

Renforcement du mur de l’apartheid à Gaza

En 2018-2019, des entrepreneurs israéliens ont renforcé le mur de l’apartheid autour de Gaza. Le mur est une composante intégrante du siège israélien de Gaza. Des bulldozers civils et militaires de Caterpillar ont été utilisés dans le renforcement du mur.

De 2018 à nos jours : La Grande Marche du Retour

Des bulldozers de Caterpillar à Gaza. Photo : Miriam Alster/Flash90

Des bulldozers D9 Caterpillar sont régulièrement utilisés pour niveler les terres situées à proximité du mur de l’apartheid de Gaza – la barrière séparant la bande de Gaza de la terre qui a été prise par de force par les milices sionistes en 1948.

Au moment où nous écrivons ces lignes, 215 protestataires ont été tués dans la Grande Marche du Retour. Le fait de niveler les terres dégage la vision des snipers pour tirer sur les personnes qui manifestent pour leur liberté.

L’utilisation de bulldozers sans opérateur

Caterpillar et Israel Tractors and Equipment produisent un D9 sans conducteur, connu sous le nom de « Tonnerre de l’aube » (Thunder of Dawn). Il a été utilisé lors de la seconde agression d’Israël contre le Liban, en 2006.

Les ventes militaires à l’étranger

Caterpillar fournit des bulldozers militaires à l’armée israélienne dans le cadre du programme des Ventes militaires américaines à l’étranger (US Foreign Military Sales).

Modernisation des bulldozers militaires de Caterpillar

Les bulldozers militaires de Caterpillar sont équipés d’un blindage conçu spécialement pour l’armée israélienne par Zoko Enterprises, ainsi que par Ramta, une division d’Israel Aerospace Industries.

Les concessionnaires Caterpillar

Caterpillar distribue ses produits via un réseau international de concessionnaires et de représentants : la société est représentée en Israël par Israel Tractors and Equipment (qui fait partie de Zoko Enterprises).

WhoProfits? affirme que :

« Haaretz faisait état [en 2009] d’un contrat planifié entre l’armée et la société, lequel permettrait de former immédiatement le personnel civil de Zoko afin de lui faciliter l’accès complet aux outils sur le champ de bataille. Nous n’avons trouvé aucune information confirmant la signature finale d’un tel contrat. »

CP Holdings (Royaume-Uni) possède 83,08 % de Zoko. Le groupe possède aussi plusieurs concessions de Caterpillar en Europe. CP Holdings a son siège à Londres.

Caterpillar est représenté au Royaume-Uni par Finning. Les sites de Finning en Grande-Bretagne peuvent être trouvés ici.

Les moteurs destinés à l’équipement de Caterpillar sont fabriqués par Perkins, une filiale dont les parts sont toutes détenues par Caterpillar.

La résistance à Caterpillar jusqu’à ce jour

Il existe un long passé très créatif de campagne contre l’implication de Caterpillar dans la politique israélienne de destruction de maisons. Nous avons repris ci-dessous certains temps forts.

Royaume-Uni / Europe

En 2002, lors du Forum social européen, 100 « citoyens désobéissants » avaient occupé l’usine Caterpillar de Florence, en solidarité avec la Palestine. Au Royaume-Uni, des activistes avaient installé des piquets aux entrées de Caterpillar à Desford.

En 2004, pour l’anniversaire de la mort de Rachel Corrie, des activistes avaient occupé l’usine Caterpillar Defence Industries à Shrewsbury, au Royaume-Uni.

Des participants à la campagne au Royaume-Uni avaient également occupé des bulldozers Caterpillar lors de la foire commerciale et industrielle de Hillhead Construction, dans le Derbyshire.

Plus tard, la même année, des activistes avaient organisé des protestations à l’intérieur du dépôt de Caterpillar à Cannock. Une série de protestations avaient en outre eu lieu en 2004 contre le QG des Services financiers de Caterpîllar à Solihull. Des activistes avaient tenté de présenter des directeurs de la société nantis d’un prix de « Démolisseur de maison de l’année ».

Un peu partout dans le Royaume-Uni, des protestataires ont fait passer leurs messages dans les rues en appelant à boycotter les vêtements et les autres marchandises vendues par Caterpillar.

En 2007, lors de la mobilisation contre le G8 en Allemagne, les activistes ont organisé des protestations de masse contre un concessionnaire Caterpillar. Après la manifestation, des activistes anonymes pont mis des machines en marche chez le concessionnaire même.

En 2018, des étudiants de l’Université de Cambridge avaient demandé à l’université qu’elle mette un terme à son accord de services avec Caterpillar, ainsi qu’avec le fabricant d’armes BAE Systems.

Photo: Facebook, Cambridge University Palestine Society

Leur déclaration disait :

« En tant que membres de l’Université de Cambridge, aussi bien étudiants que membres du personnel, nous sommes profondément honteux que notre institution maintienne des liens aussi larges et actifs avec des entreprises faisant commerce de l’assassinat de masse et de la misère humaine.

Car, aussi longtemps que ces liens seront maintenus, Cambridge ne pourra satisfaire à ses prétentions d’être éthiquement responsable ou de se profiler comme une autorité sociale. »

Amérique du Nord

En 2003, après la mort de Rachel Corrie, des activistes de Stop US Tax-Funded Aid to Israel Now (SUSTAIN – Arrêt immédiat de l’aide du contribuable américain à Israël) avaient appelé à des actions contre Caterpillar, tant que la société n’aurait pas cessé de fournir des bulldozers à Israël.

Un peu plus tard cette même année, des membres de SUSTAIN avaient défilé dans les bureaux de Caterpillar en Illinois et avaient tenté de procéder à une arrestation citoyenne de ses directeurs.

En 2004, des militants pacifistes juifs du Nevada avaient interrompu une remise du Prix Sécurité sponsorisé par Caterpillar à la Mine Expo de Las Vegas. Leur banderole disait :

« Qu’est-ce qui est rendu possible avec les bulldozers de Caterpillar ? La mort et la destruction de Palestiniens et d’Israéliens. »

En 2005, dans le sillage de l’opération « Arc-en-Ciel » d’Israël, des activistes aux États-Unis avaient acheté des actions de Caterpillar et proposé une « motion d’actionnaires », demandant à la société d’enquêter afin de savoir si ses ventes de bulldozers à Israël violaient le code de conduite de « bon citoyen du monde » de Caterpillar. La motion reçut 3 pour 100 des voix lors d’une assemblée des actionnaires. Dans un même temps, des protestations eurent lieu contre Caterpillar dans plus de 30 villes des États-Unis.

À New York, des activistes protestèrent à l’extérieur de l’hôtel Waldorf-Astoria, où un directeur exécutif de Caterpillar devait prendre la parole lors d’un débat sur les responsabilités sociales de la compagnie.

En 2010, des activistes interrompurent l’assemblée des actionnaires de Caterpillar qui se tenait à Chicago. The Electronic Intifada rapporta :

« Durant la session des questions et réponses, quand un journaliste demanda à Owens [le CEO sortant] s’il était personnellement touché par les histoires disant que des mécaniciens devaient être embauchés comme soldats ou que des handicapés étaient écrasés et tués quand des bulldozers démolissaient leur maison autour d’eux, il déclara : ”Absolument. C’est tragique. Mais nous ne pouvons nous permettre de perdre quatre millions de pièces d’équipement là-bas…” Owens se retranchait derrière le programme américain des Ventes militaires à l’étranger, qui s’occupe des ventes de CAT à Israël. ”Ce n’est pas nous qui nous occupons des relations internationales. Vous devez vous adresser à Washington, pour cela”, déclara Owens. »

Des activistes de la solidarité protestent à l’extérieur de l’assemblée annuelle des actionnaires de Caterpillar à Chicago . (Photo : Kristin Szremski)

De même, en 2010, des étudiants de l’Evergreen State College d’Olympia (État de Washington, EU) votèrent pour interdire l’emploi d’engins Caterpillar sur leur campus.

En 2011, des activistes actionnaires retournèrent à l’assemblée générale de Caterpillar pour proposer, comme d’habtude, une motion afin que la société cesse de vendre des D9 à Israël. Cette fois, la motion reçut 21 pour 100 des voix.

En 2013, à Seattle, des étudiants protestèrent contre John Huntsman, un ancien ambassadeur américain faisant partie du CA de Caterpillar, lorsqu’il prit la parole à l’Université de Washington. Les protestataires exigèrent que Huntsman rencontre la famille Corrie et que Caterpillar cesse de fournir des bulldozers à Israël.

Plus tard, cette même année 2013, des protestataires déroulèrent une banderole disant « Désinvestissez de l’occupation israélienne : Libérez la Palestine » à l’Université Cornell de New York. Ils protestaient contre les investissements de TIAA-CREF (une entreprise américaine d’assurances et de fonds de placement, NdT) dans Caterpillar. Le CEO de TIAA-CREF participait à un débat à l’université. L’année d’avant, le fonds d’investissement avait désinvesti des parts dans Caterpillar via son fonds social, mais il détient toujours des actions via son fonds général.

En 2014, lors de l’offensive meurtrière d’Israël contre la bande de Gaza, au cours de laquelle plus de 1 400 Palestiniens avaient été tués, le Comité national palestinien de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) avait lancé un appel à l’action contre sept sociétés, dont Caterpillar.

En 2016, après une longue campagne, les étudiants de l’Université de l’État à Portland (Oregon) avaient voté pour désinvestir de Caterpillar et d’autres sociétés complices du militarisme d’État d’Israël. La résolution disait entre autres :

« Les Étudiants associés de l’Université de l’État à Portland (ASPSU) appellent l’université à mettre en place un screening des investissements internes qui interdira d’investir dans toute société fournissant des armes ou des équipements utilisés pour des actes de violence ciblant des civils tant israéliens que palestiniens ; fournissant des équipements utilisés pour la déportation de Palestiniens de chez eux ou pour la construction et l’entretien des colonies illégales et dénuées de la moindre éthique telles que les autorise le gouvernement israélien ; ou fournissant des équipements utilisés pour la construction ou l’entretien du mur de séparation en Cisjordanie et à Jérusalem. »

Action juridique

En 2005, aux États-Unis, quatre familles palestiniennes et la famille de Rachel Corrie ont intenté conjointement un procès en justice contre Caterpillar.

Le dossier, traité à Washington, accusait Caterpillar de crimes selon les lois américaines et internationales. Les plaignants ont donné des détails concernant dix Palestiniens qui avaient été tués et six autres physiquement handicapés lorsque des bulldozers de Caterpillar avaient détruit leurs maisons. À l’époque, la mère de Rachel, Cindy Corrie, avait déclaré :

« Alors que nous approchons le deuxième anniversaire de la mort de Rachel, ma famille et moi-même sommes toujours en quête de justice. La mort brutale de ma fille n’aurait jamais dû se produite et notre famille condamne les agressions perpétrées contre tous les civils.
« Nous croyons que Caterpillar et les FDI doivent être tenus pour responsables de leur rôle dans l’agression contre ma fille Rachel. »

En 2007, la plainte fut rejetée. Le juge statua que le tribunal ne pouvait pas remettre en question la politique d’aide militaire du gouvernement américain à Israël.

Les Corrie ont également porté l’affaire en justice en Israël, essayant ainsi d’obtenir justice pour leur fille. Il fallut attendre cinq ans pour voir l’affaire passer devant le tribunal. Le juge israélien statua que l’État ne portait aucune responsabilité dans la mort de Rachel.

Quand le verdict tomba, un groupe de Palestiniens de Gaza appela la communauté internationale à honorer la mémoire de Rachel en soutenant BDS.

Les succès du désinvestissement

Voici une liste des fonds et sociétés qui ont désinvesti de Caterpillar depuis le début de la campagne BDS :

En 2017, le conseil municipal de Portland (Oregon) a voté l’exclusion de Caterpillar de ses investissements, après une campagne des activistes BDS.

En 2016, l’Alliance des baptistes a exclu tout nouvel investissement dans Caterpillar.

En 2014, l’Église presbytérienne (EU) a voté le désinvestissement de Caterpillar. Un membre du Réseau des missions presbytériennes en Israël/Palestine, a fait le commentaire suivant :

« Du fait que nous sommes historiquement une Église active dans la paix, voici ce que nous avons fait : Nous avons défendu des moyens de résistance non violents à l’oppression et nous avons adressé un message clair à une société en lutte pour lui dire que nous soutenions ses efforts dans une résistance non violente à l’oppression qui pèse sur elle. »

En 2012, la vente par Caterpillar de D9 à Israël a été un facteur contributif dans le fait que la société a été rayée de la liste d’un index d’investissement des plus influents.

Ceci aboutit à son tour à deux victoires du désinvestissement : la Corporation fiduciaire internationale des amis des quakers annonça qu’elle désinvestirait 900 000 USD de Caterpillar. D’autre part, le portefeuille d’investissement socialement responsable de TIAA CREF désinvestit également 72 millions de USD, mais le principal fonds de TIAA CREF détient toujours des parts dans la société.

En 2010, l’Église méthodiste unie de la Nouvelle-Angleterre a placé Caterpillar sur une liste de désinvestissement.

En 2005-2006, le Conseil consultatif anglican et le Synode général anglican ont décidé de désinvestir de Caterpillar pour des questions de droits de l’homme. L’Église avait investi 2,5 millions de USD dans Caterpillar.

L’implication des universités avec Caterpillar en 2020

Les universités de Sheffield Hallam, Loughborough et Cambridge entretiennent toutes des relations avec Caterpillar.

Nombre d’universités britanniques investissent dans Caterpillar : l’Université de Manchester, la London School of Economics, la Royal Academy of Music, les universités d’Aberdeen et de Glasgow.

Entreprenez des actions contre Caterpillar

• Protestez à l’extérieur des usines Caterpillar et des sites des concessionnaires Finning. Invitez la société à cesser de fournir des bulldozers militaires à Israël. Caterpillar doit également mettre un terme à ses relations avec Zoko Enterprises et faire en sorte que ses bulldozers ne soient plus utilisés dans la politique israélienne de démolition de maisons, d’installation de colonies et de construction du mur.

• Invitez les investisseurs à désinvestir de Caterpillar. Protestez à l’extérieur de vos agences bancaires HSBC et Barclays banks, en leur demandant de se défaire de leurs actions dans Caterpillar.

• Vérifiez que votre pension n’est pas investie dans un fonds qui investit dans Caterpillar.

• Introduisez une requête de Liberté de l’Information (FOI) pour savoir où investit votre fonds local de pension. Vérifiez qu’il ne s’agit pas de Caterpillar.

• Persuadez votre conseil local ou votre université d’exiger que leurs entrepreneurs ne se servent pas d’engins Caterpillar. Consultez notre article sur les partenariats (et investissements) universitaires britanniques avec Caterpillar.

• Boycottez les chaussures, les vêtements et les jouets de la marque Cat(erpillar). Protestez en dehors des magasins qui vendent des produits de cette marque.

Le profile de la société Caterpillar a d’abord été publié comme chapitre d’un livre de Corporate Occupation publié en 2019 et intitulé Résister aux démolitions en Palestine : un guide pratique BDS (remis à jour en 2020).


Publié le 24 avril 2020 sur Corporate Occupation
Traduction : Jean-Marie Flémal

Voyez ici : Le drapeau palestinien devant l’usine de Caterpillar Gosselies

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