Gaza : après les snipers, les bombardements

Au moins 41 Palestiniens ont été blessés à Gaza ce samedi 21 août, dont un adolescent de 13 ans qui se trouve dans un état critique. Plusieurs Palestiniens ont tenté d’immobiliser l’action d’un sniper et ont réussi à le faire (voir vidéo). Israël a continué son travail de terreur par des bombardements dans la soirée.

Équipe rédactionnelle de MEE, 21 août 2021

À Gaza, les forces israéliennes ont blessé par balles plus de vingt-cinq Palestiniens lors d’un rassemblement marquant le 52e anniversaire de l’attaque incendiaire contre la mosquée al-Aqsa, en 1969.

Au cours d’une annonce faite ce samedi, le ministère palestinien de la Santé, installé à Gaza, a déclaré qu’au moins 41 Palestiniens en tout avaient été blessés, dont deux personnes de façon particulièrement grave. L’une des deux est un adolescent de 13 ans, qui a été blessé à la tête.

Au moins 27 des blessés l’ont été à balles réelles dans leurs membres inférieurs. Deux ont été touchés dans l’abdomen et deux au bras, a encore fait savoir le ministère de la santé. 

Les forces israéliennes ont commencé à ouvrir le feu sur des Palestiniens rassemblés autour du camp de réfugiés de Malaka, dans le nord-est de Gaza, après la prière de l’après-midi, ont rapporté les médias locaux. 

Un porte-parole de l’armée israélienne a expliqué à l’agence de presse AFP qu’un soldat israélien avait été très grièvement blessé aussi. Selon le porte-parole, le soldat avait été touché par un tir « en provenance de Gaza ».

« Des centaines d’émeutiers » ont tenté d’escalader la clôture entre la bande de Gaza et Israël, tout en lançant des « engins explosifs », a ajouté le porte-parole.

Les forces israéliennes ont également lancé des vagues de gaz lacrymogène en direction des Palestiniens, qui s’étaient mis à incendier des pneus.

Bombardements

Plus tard, samedi, Israël a touché la bande de Gaza de plusieurs frappes aériennes, ajoutant qu’il avait ciblé des sites du Hamas. 

S’exprimant sur la chaîne d’information israélienne Channel 13 TV, le ministre de la Défense, Benny Gantz, a fait allusion au plan israélien qui consistait à frapper l’enclave en fonction des indications du soldat blessé, et il a jouté : « Ce sont en définitive des faits extrêmement graves qui nécessiteront une riposte. »

Peu après ses commentaires, l’armée israélienne a expliqué dans une déclaration que ses avions de combat « avaient frappé quatre sites de stockage et de fabrication d’armes appartenant au Hamas ». Il n’y a pas eu de rapport immédiat mentionnant des blessés ou des dégâts.

Se préparant à des tensions accrues, les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles avaient également envoyé des renforts à la clôture marquant la frontière avec Gaza. Les médias israéliens ont rapporté que l’armée avait de plus accru le déploiement de son système contre les missiles, le Dôme de fer.

Samedi, le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a dit que les frappes aériennes montraient qu’Israël

« tentait de camoufler son échec et sa déception face à la détermination de notre peuple et à sa courageuse résistance ».

Les événements de samedi ont connu une escalade qu’on n’avait plus vue depuis que le cessez-le-feu du 21 mai était entré en vigueur. Pendant 11 jours, en mai, Israël avait pilonné Gaza de frappes aériennes après que le mouvement du Hamas s’était mis à lancer des roquettes depuis l’enclave, en guise de riposte à l’agression israélienne à Jérusalem-Est occupée. Au moins 250 Palestiniens avaient été tués à Gaza, contre 13 en Israël, au cours de ces hostilités.

Samedi, les Palestiniens s’étaient rassemblés près de la clôture séparant Israël et Gaza afin de commémorer le raid incendiaire du 21 août 1969 contre la mosquée al-Aqsa, raid qui avait été perpétré par Dennis Michael Rohan, un Australien de 28 ans à l’époque et qui était la proie de problèmes de santé mentale. 

L’incendie

Rohan, arrêté par les forces israéliennes deux jours après avoir allumé l’incendie, avait dit qu’il se considérait comme « l’émissaire du Seigneur » et qu’il voulait hâter la seconde venue de Jésus Christ. 

Rohan avait ajouté qu’il voulait détruire la mosquée par le feu – le troisième site sacré de l’Islam – afin de permettre à Israël de construire un temple sur le site, dont les juifs prétendent qu’il constitue l’emplacement du mont du Temple. Ce dernier est le premier lieu saint du judaïsme et c’est également le lieu vers lequel les juifs se tournent durant la prière.

L’incendie allumé par Rohan s’était propagé aux parties les plus anciennes de la mosquée. Plus particulièrement, les flammes avaient détruit le lutrin en bois et en ivoire vieux de 900 ans dont on disait qu’il était un don du sultan Salahuddin al-Ayyubi, plus simplement connu en Occident sous le nom de Saladin. Des panneaux mosaïques sur les murs et les plafonds avaient également été endommagés par le feu.

Les autorités israéliennes avaient estimé que Rohan était mentalement instable et l’avaient renvoyé en Australie, où il avait été hospitalité dans une institution psychiatrique.

À l’époque, toutefois, 24 nations à majorité musulmane avaient soumis une plainte au Conseil de sécurité de l’ONU, laquelle faisait allusion à des commentaires répétés exprimés au cours des précédentes années par des responsables israéliens qui avaient souhaité rétablir le mont du Temple sur le site de la mosquée al-Aqsa. La plainte insistait pour que les autorités israéliennes portent une partie du blâme, dans cette affaire.

Les Palestiniens commémorent l’anniversaire du 21 août chaque année, mettant ainsi en évidence la gravité de l’agression.

La sécurité et la sauvegarde de la mosquée al-Aqsa et de ses fidèles continue d’être un problème clé pour les musulmans du monde entier et des mouvements de protestation se font bruyamment entendre chaque fois que le site est menacé.

Ces dernières années, les forces israéliennes ont agressé des fidèles sur le lieu saint en de nombreuses occasions et elles ont tenté d’installer des détecteurs de métaux et des caméras de surveillance autour des entrées du site de 14 hectares qui entoure al-Aqsa. Toutes ces mesures ont été condamnées avec véhémence par les Palestiniens et par la communauté musulmane au sens large.


Publié le 21 août 2021 sur Middle East Eye
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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