« Intifada » et « Le Martyr » : Poèmes pour la Palestine

“Intifada” et “Le Martyr”, deux poèmes de Fadlurrahman, né en 1995, dans le village de Vazhikkadavu, en Inde. Fadlurrahmana écrit plusieurs poèmes, des nouvelles et des articles sur toute une série de thèmes comme l’Islam, les droits humains, la politique, la guerre, la libération, l’environnement, l’Asie occidentale et les musulmans de l’Inde.

 

Intifada

Toi, là,
Retourne dans ton pays
Et je retournerai dans le mien.
Tu as planté ta semence,
Mais elle s’est nourrie du sang de mes frères.
Les orangers portent des fruits

Rouges,

Les olives puent la mort
Et c’est sur ma terre bien-aimée
Que tu as construit tes murs de

Haine.

Les agneaux des prophètes des hauteurs du Golan
Paissent sur une terre souillée de sang.
Jérusalem, la terre de la paix,
Tu sais que les prophètes ont quitté
Ces terres.

Gaza renvoie toujours des échos de poésie,
De Darwich et Barghouti.
Une terre sainte, en effet.
Tes bombes cruelles,
Tes drones,
Tes balles coupeuses de gorges.
Éléments d’une brève mousson.

Les floraisons printanières des arbres,
Les tombes qui surgissent,
Choyées par la brise,
Et par les senteurs du martyre.

(Traduit à partir de la version en anglais d’Anan Ashraf)

***

Le martyr

Te souviens-tu du jour où j’ai été tué ?
Et ma poésie toute détrempée de sang ?

Quand j’ai combattu la faim avec des lettres,
Des gens forts m’ont déchiré la langue.
Le ciel noir là-haut était aussi sombre
Que le ruban noir sur ta poitrine,
Et le drapeau noir a été hissé
Pour ma « République ».

La fragrance des encens brûlés
Rappelait le bon vieux printemps.
Le vent facétieux dessinait un sourire sur ses lèvres
Qu’il posait sur cet arôme nostalgique.

Une mouche après une longue quête
S’est posée sur ma face tailladée
Qu’elle a couverte de ses ailes menues.

Mon peuple défilait en me portant.
Ses incantations sacrées touchaient ma fine ouïe
Tels des slogans.

Je ne pouvais me dresser
Et mes funérailles sont devenues
Un défilé que je ne pouvais rallier.

Mon cœur mort et impuissant tremblait de colère
En faisant bouger la balle-papillon qui l’avait percé.
Le sang débordait en un mouvement
Qui teintait mon blanc suaire de rouge.

Six pieds sous terre, c’était la matrice
De la terre sainte
Prête à porter son fils
Afin qu’il naisse à l’éternité.

« Qu’allons-nous planter sur la tombe du martyr ? »
S’est écrié un vieil homme.

« Un henné », telle fut la réponse.
« Sur le martyr de l’amour,
Laissez-le fleurir et colorer
Ses mains pâles d’un rouge sanguin. »

« Non, des jasmins », a dit une autre voix.
« Ils ressemblent à ses dents,
Et, lors des nuits d’amour,
Puissent les cheveux de sa bien-aimée
Déployer leurs parfums ».

« Plantons les deux », a conclu quelqu’un.   
Mettant un terme aux paroles.
Et les deux ont fleuri ensemble !

Derrière le martyr il y a
La tombe de sa bien-aimée
Sa beauté parée du henné
Dont les branches vont jusque Quds.

Et il y avait du jasmin.
La liberté avait parfumé
La stèle de leur amour
Des fleurs qui paraient Gaza.

(Traduit en français à partir de la traduction en anglais de Muhammad Nihad)


Publié le 22 août sur The Palestine Chronicle
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Fadlurrahman est né en 1995, dans le village de Vazhikkadavu, en Inde. Sa fascination pour la littérature et la poésie a débuté au moment où il faisait ses études. Il a écrit plusieurs poèmes, des nouvelles et des articles sur toute une série de thèmes comme l’Islam, les droits humains, la politique, la guerre, la libération, l’environnement, l’Asie occidentale et les musulmans de l’Inde. En dehors de la littérature et de ses études universitaires, il est très intéressé par l’activisme politique et le théâtre. C’est avec les deux poèmes que voici qu’il a contribué à The Palestine Chronicle.

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