Mahmoud Darwich et les écrits de prison

Étant donné le nombre exceptionnellement élevé de prisonniers palestiniens à tout moment (particulièrement après l’occupation de Jérusalem-Est, Gaza et la Cisjordanie en 1967), les prisons israéliennes sont devenues des centres majeurs de production artistique, de débat intellectuel, d’éducation et d’organisation politique.

Les écrits de prison devinrent une composante importante de la littérature palestinienne. Certains de ces textes, comme les premiers poèmes du recueil de Mahmoud Darwich, A Lover from Palestine, ont acquis un statut de classiques.

Darwich lui-même fut emprisonné pour avoir écrit de la poésie défiant le pouvoir israélien et, dans son poème « Défi », il évoque la difficulté, mais aussi l’importance, de conserver sa liberté intellectuelle en dépit d’une incarcération physique.

Resserre mes fers.
Confisque mes papiers
et mes cigarettes.
Emplis ma bouche de poussière.
La poésie, c’est du sang dans le cœur,
du sel dans le pain,
de l’humidité dans les yeux.
Elle s’écrit avec les ongles,
avec les yeux,
avec des poignards.
Je proclamerai dans ma cellule de détention,
dans l’étable,
sous le fouet,
menotté,
dans la violence des chaînes,
qu’un million d’oiseaux
sur les branches de mon cœur
chantent des chants de combat.

Mahmoud Darwich, « Défi », ‘Āshiq min Filastīn. Beyrouth, Dar al-Awda, 1969.


Extrait de l’article : Inside the prisons
Traduction du poème et de l’article Dans les prisons : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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