Israël exécute trois Palestiniens à Jénine

Vendredi, les forces d’occupation israéliennes ont procédé à l’exécution extrajudiciaire de trois Palestiniens à Jénine, une ville du nord de la Cisjordanie.

Des Palestiniens examinent la voiture dans laquelle trois hommes ont été exécutés par les forces israéliennes à Jénine, le 17 juin. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA images)

Des Palestiniens examinent la voiture dans laquelle trois hommes ont été exécutés par les forces israéliennes à Jénine, le 17 juin. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA images)


Maureen Clare Murphy,
18 juin 2022

Les trois hommes – Yusif Naser Salah, 23 ans, Laith Salah Abu Srour, 24 ans, et Baraa Kamal Lahlouh, 24 ans, ont été tués au moment où les forces israéliennes ont encerclé leur véhicule et les ont directement pris pour cibles.

Huit Palestiniens ont été blessés, dont l’un est toujours dans un état critique, lors des protestations qui ont éclaté après ces exécutions extrajudiciaires.

Un porte-parole de l’armée israélienne a prétendu que les trois hommes abattus avaient ouvert le feu sur des soldats de la brigade Golani au moment où cette dernière « cherchait des armes dans la ville », a rapporté Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv.

Les militaires ont prétendu qu’ils avaient trouvé des armes dans la voiture dans laquelle les trois hommes ont été tués.

L’incident de Jénine rappelle l’exécution de trois autres Palestiniens au moment où les forces israéliennes avaient intercepté la voiture dans laquelle ils se déplaçaient à Naplouse, en février dernier.

Les forces israéliennes, prétend-on, avaient tiré quelque 80 balles sur le véhicule ciblé.

Suite aux exécutions extrajudiciaires à Jénine, vendredi dernier, le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) a réclamé une intervention internationale

« afin que soit mis un terme aux exécutions extrajudiciaires israéliennes, que l’on considère comme une forme d’exécution sommaire, sans jugement ».

Trois Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes à Jénine le mois dernier, dont un adolescent accusé d’avoir jeté un cocktail Molotov, un homme mortellement blessé lors d’une confrontation de plusieurs heures et la célèbre journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh.

Jeudi, Al Jazeera a annoncé qu’elle avait obtenu une image de la balle qui avait tué la journaliste.

Une analyse de la balle révèle qu’il s’agit d’une balle perforante de calibre 5,56 mm, utilisée avec une carabine M4. Cette arme et ce genre de munition sont utilisées dans l’armée israélienne.

Une vidéo publiée par Israël montre que ses forces utilisaient des carabines M4 lors du raid que Shireen Abu Akleh et ses collègues couvraient le jour où la journaliste a été tuée.

Israël s’obstine à prétendre que Shireen Abu Akleh peut avoir été tuée par un de ses soldats ou par des combattants palestiniens et insiste pour que l’Autorité palestinienne lui restitue ladite balle afin de la soumettre à des tests balistiques.

Des témoins oculaires, des survivants et plusieurs enquêtes indépendantes indiquent que la journaliste abattue et ses collègues se sont retrouvés uniquement sous le feu des Israéliens, et CNN en a conclu que la journaliste avait été délibérément visée.

La balle qui a tué Shireen Abu Akleh « a été conçue et fabriquée aux États-Unis », a fait savoir Al Jazeera.

Shireen Abu Akleh était une citoyenne américaine.

La Loi Leahy de 1997 interdit aux EU de fournir de l’aide militaire à des unités d’armées étrangères quand il y a des informations crédibles disant que ces mêmes unités ont violé les droits humains en toute impunité.Jusqu’à présent, Washington n’a pas lancé d’enquête sur la mort de Shireen Abu Akleh, comme il l’avait fait dans d’autres cas où des citoyens américains, dont un journaliste également, avaient été abattus à l’étranger.

Au lieu de cela, les EU s’en réfèrent à l’auto-enquête de l’armée israélienne, même si Israël a déclaré qu’il n’enquêterait pas sur les soldats impliqués dans sa mort.

De même, pas un seul des officiers qui ont supervisé l’attaque partout condamnée des funérailles de Shireen Abu Akleh à Jérusalem ne subira de mesures disciplinaires, a rapporté Haaretz, ajoutant qu’il s’agissait d’« une décision prise d’avance » lors d’une auto-enquête de la police israélienne.

Une commission d’enquête de l’ONU nouvellement mise sur pied et chargée d’enquêter sur les abus systématiques d’Israël envers les Palestiniens déclare dans son premier rapport publié un peu plus tôt ce mois-ci que « la culture de l’impunité continue à engendrer d’autres violations des droits humains ».

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Publié le 18 juin 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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