Israël tue 10 personnes au cours d’attaques surprises contre Gaza

Vendredi, Israël a lancé des attaques surprises un peu partout dans la bande de Gaza, tuant ainsi 10 Palestiniens, dont une fillette et un officier de haut rang du groupe de résistance Djihad islamique.

Des Palestiniens en deuil autour du corps d’Alaa Qaddoum, une petite fille de 5 ans tuée vendredi lors d’une série de frappes aériennes d’Israël contre la bande de Gaza. (Photo : Ashraf Amra / SIPA)

 

Ali Abunimah et Tamara Nassar, 5 août 2022

Plus de 60 personnes ont également été blessées, parmi lesquelles au moins une dizaine d’enfants.

Tard dans la soirée de vendredi à samedi, le Djihad islamique a lancé au moins 100 roquettes en direction d’Israël et ce, en guise de premières représailles au nom des organisations de résistance palestiniennes.

Un porte-parole du Djihad islamique a dit au réseau Al Jazeera qu’au besoin, la résistance était préparée à un long combat contre Israël et que ce combat pourrait s’étendre sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Le porte-parole a ajouté que l’attaque surprise d’Israël avait eu lieu malgré les efforts de l’Égypte en vue de négocier une désescalade avec l’organisation, suite à l’arrestation par Israël d’un important commandant du Djihad islamique en Cisjordanie un peu plus tôt cette semaine.

Le Hamas a accordé son plein soutien à la riposte du Djihad islamique et a déclaré que les factions de la résistance étaient unies et qu’elles travaillaient en coordination.

Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas, a expliqué à Al Jazeera qu’Israël avait exploité la bonne volonté de la résistance palestinienne à s’engager dans des efforts de désescalade sous médiation égyptienne, afin de lancer une attaque préméditée.

Le Premier ministre israélien Yair Lapid a dit que l’attaque contre Gaza « prendra autant de temps qu’il le faudra », ce qui a encore accru la perspective horrible pour 2,1 millions de Palestiniens de Gaza d’être confrontés à un nouvel accès de cette fureur assassine et destructrice qui s’empare très régulièrement d’Israël.

Dans une apparente tentative de justifier ses attaques, Israël a prétendu que les membres du Djihad islamique qu’il avait tués vendredi prévoyaient d’utiliser des « missiles antichars et des fusils de précision » contre des cibles israéliennes, rapporte Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv.

En mai, toujours selon Haaretz, les renseignements israéliens ont admis qu’Israël disposait de quelques cibles de « qualité » dans sa « réserve de cibles » pour Gaza.

Selon le journal de Tel-Aviv, les hauts responsables prétendent que c’est parce qu’Israël a déjà détruit « des centaines de positions et d’infrastructures du Hamas » au cours d’attaques précédentes.

Mais une explication plus crédible réside dans le fait qu’en tant que forces de guérilla, les organisations de résistance palestiniennes ont peu d’installations fixes.

Ceci explique sans doute pourquoi, à plusieurs reprises, Israël a recouru à ce qu’on appelle la « doctrine Dahiya », la destruction massive délibérée d’objets civils, y compris la destruction complète d’immeubles à appartements.

La stratégie vise à créer une telle douleur parmi la population civile que cela brisera la volonté de résister de cette dernière.

La Maison-Blanche soutient Israël

Même avant la première riposte militaire palestinienne, les États-Unis, qui fournissent pour des milliards de USD d’armes à Israël chaque année, ont déclaré soutenir l’attaque israélienne.

« Nous surveillons l’évolution des événements à Gaza. Nous invitons instamment tous les camps à rester calmes. Nous croyons fermement qu’Israël a le droit de se protéger »,

a déclaré un porte-parole du Conseil national de sécurité américain.

Les armes fournies par les EU sont habituellement utilisées dans les attaques israéliennes contre les Palestiniens.

Les attaques israéliennes ont débuté vendredi peu après 16 heures, au moment où des frappes aériennes sur la ville de Gaza ont assassiné un important dirigeant de l’organisation de résistance du Djihad islamique.

Israël a publié une vidéo de son attaque contre un immeuble à appartements d’une zone résidentielle densément peuplée, attaque qui a tué l’important dirigeant militaire Taysir Mahmoud al-Jaabari.

Les avions de combat israéliens ont lancé deux missiles sur l’immeuble de 13 étages, provoquant des dégâts à la tour ainsi qu’aux habitations voisines, rapporte Al-Mezan, une organisation de défense des droits humains installée à Gaza.

Al-Jaabari faisait partie du conseil militaire du Djihad islamique et il était le commandant de la région nord de Gaza.

Salameh Muharib Abdallah al-Abed, 39 ans, a également perdu la vie au cours de la même attaque.

Un enfant tué

Peu après, les appareils de combat israéliens ont visé un groupe de personnes rassemblées à l’extérieur d’une mosquée, dans le quartier de Shujaiya, dans le nord-est de Gaza, tuant ainsi Imad Abdulrahman Shallah, 50 ans, et Yousef Salman Qaddoum, 24 ans.

La même attaque a tué une fillette de 5 ans. Elle a été identifiée comme étant Alaa Abdullah Riyad Qaddoum par l’organisation en faveur des droits des enfants, Defense for Children International – Palestine (DCI-P).

« Alaa a été tuée sur le coup et a subi des blessures au front, à la poitrine et à la jambe droite par un shrapnel, nous a dit un médecin de l’hôpital d’al-Shifa »,

a rapporté DCI-P.

Elle est le 19e enfant à tomber sous le feu israélien cette année.

Son père et son frère de 6 ans ont été blessés au cours de la même attaque.

Une vidéo montre le père d’Alaa portant le corps de la petite :

Une frappe aérienne israélienne contre une installation de sécurité dans l’est de la ville de Gaza a tué Ahmad Mazen Azzam, 25 ans.

Une autre frappe aérienne israélienne a touché une installation de sécurité à Jabaliya, dans le nord de Gaza, tuant Mahmoud Ahmad Abdelfattaha Nasrallah al-Madhoun, 25 ans lui aussi.

Dans le sud de la région de Khan Younis, l’artillerie israélienne a bombardé des terres et des bâtiments résidentiels, tuant une femme de 22 ans, Duniana Adnan al-Amour.

Les avions de combat israéliens ont également frappé un site d’entraînement de la résistance palestinienne à l’ouest de Khan Younis, tuant par la même occasion Fadl Mustafa Zaarab, 29 ans, et Muhammad Hasan al-Buyouk, 35 ans.

Les tirs israéliens ont également endommagé une ambulance, rapporte le ministère palestinien de la Santé.

« Un ennemi lâche »

L’escalade israélienne a débuté lundi en Cisjordanie, quand les forces d’occupation ont arrêté l’important commandant du Djihad islamique, Bassam al-Saadi, dans le camp de réfugiés de Jénine.

Une vidéo de l’arrestation montre al-Saadi emmené brutalement par les forces israéliennes.

Au cours du même raid, un tireur embusqué israélien a abattu (et tué) un enfant palestinien dans le dos.

Bien qu’il ait prétendu qu’il s’agissait d’une alerte suivant l’arrestation d’al-Saadi et les attaques contre sa famille, le Djihad islamique n’a pas exercé de représailles.

La décision d’Israël de poursuivre l’escalade vendredi est venue en dépit de l’attitude de retenue de l’organisation de résistance face aux provocations continuelles d’Israël.

Mais les organisations de résistance ne pouvaient pas laisser sans réponse cette dernière ignominie sanglante commise par Israël.

Vendredi soir, la salle des opérations conjointes des factions de la résistance armée palestinienne a promis une réponse et celle-ci n’a pas tardé à venir.

« Notre lâche ennemi a entamé une agression visant l’ensemble de la Palestine, en commençant par le complexe de la mosquée d’al-Aqsa, puis en s’en prenant à Jénine et, aujourd’hui, en assassinant un grand dirigeant patriotique et un groupe de combattants et de civils au cours d’une agression contre notre peuple »,

ont déclaré les organisations de résistance.

Même avant qu’un seul missile ait été lancé depuis Gaza, Israël avait entrepris de détourner des vols depuis l’aéroport Ben-Gourion, près de Tel-Aviv, en anticipation des représailles palestiniennes.

Une punition collective

Et, comme son siège de Gaza entre dans sa quinzième année, Israël pratique l’escalade dans ses punitions collectives contre la population gazaouie.

Mardi, l’armée israélienne a fermé le check-point de Kerem Shalom, le seul endroit par où Israël permet à des marchandises d’entrer à Gaza ou d’en sortir, ainsi que le check-point d’Erez, le seul passage pour les gens entre Gaza et Israël.

Les fermetures ont empêché des douzaines de patients palestiniens de quitter Gaza pour la Cisjordanie, leur refusant ainsi des traitements vitaux et « mettant donc leur existence en danger », a déclaré Al-Mezan.

Israël n’a jamais eu besoin d’un prétexte pour s’en prendre aux Palestiniens, mais le timing de l’offensive de vendredi pouvait avoir des connexions avec sa politique domestique.

Cette offensive a lieu au moment où Israël est de nouveau en route vers des élections, en novembre, suite à l’effondrement récent de son gouvernement de coalition.

Dans le préambule des élections, le prétendu centriste Yair Lapid a repris la fonction de Premier ministre au dirigeant politique d’extrême droite Naftali Bennett.

Les hommes politiques israéliens se targuent régulièrement de leur volonté de verser du sang palestinien comme d’une façon de gagner des votes.

Benny Gantz, le ministre de la Défense qui a supervisé l’actuelle agression, avait précédemment concouru pour son poste en se vantant qu’en 2014, il avait bombardé Gaza et l’avait renvoyé à l’âge de la pierre.

En mai 2021, les organisations de résistance à Gaza avaient répondu aux attaques israéliennes contre les Palestiniens à Jérusalem par des tirs de barrage de roquettes qui avait paralysé Israël pendant des journées entières et avaient tué 13 personnes sur place.

Au cours de cette escalade qui avait duré 11 jours, Israël avait lancé des frappes ciblées contre des civils palestiniens, massacrant ainsi des familles entières dans leurs foyers.

Cette agression israélienne avait tué environ 250 Palestiniens, dont plus de 60 enfants.

Alors que Gaza faisait les frais de cette rage violente d’Israël en 2021, ce sont les Palestiniens de Cisjordanie occupée qui ont souffert le plus du bain de sang israélien jusqu’à présent, cette année.

Les forces d’occupation et civils armés israéliens ont tué plus de 70 Palestiniens en Cisjordanie depuis janvier, dont 18 enfants.

Que la toute dernière agression israélienne puisse être arrêtée avant de faire plus de victimes encore reste à démontrer, mais Israël ne semble pas du tout envisager une désescalade.

Gantz a déclaré qu’Israël allait rappeler au moins 25 000 réservistes.

La brigade Golani, une division de l’armée israélienne qui a perpétré précédemment des massacres à Gaza, fait partie des forces actuellement déplacées en direction de la frontière du territoire assiégé.

Peu après que les premiers missiles palestiniens de représailles ont été tirés en direction d’Israël, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait repris ses attaques aériennes contre Gaza.

°°°°°

Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impa

                                        °°°°°

Publié le 5 août 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

°°°°°

La Plate-forme Charleroi-Palestine organise un rassemblement symbolique sur le marché de Charleroi demain, dimanche 7 août. Rendez-vous à la Maison des 8 h, sur la Place Charles II (ville haute) à 11 h.

Participez également au webinaire « Gaza : que se passe-t’il ? Comment soutenir la résistance ? » mardi 9 août, dès 19 h sur Zoom avec une traduction simultanée en français
Pour se connecter :
https://bit.ly/gazareportback

Plus d’infos ICI.

Print Friendly, PDF & Email

Vous aimerez aussi...