Garden Gourmet, des légumes au goût d’apartheid israélien

 

Attention ! Garden Gourmet est un produit du colonialisme et de l'apartheid.

Attention ! Garden Gourmet est un produit du colonialisme et de l’apartheid.

 

Pour aborder la lutte contre le climat et l’environnement, la consommation de nourriture animale doit baisser considérablement. L’agriculture, l’élevage et les monocultures sont responsables pour une bonne part du changement climatique et de la destruction de l’environnement. Pour cette raison, c’est une tendance positive de voir que de plus en plus d’humains choisissent de réduire très fortement leur consommation de produits animaux.

Le choix proposé par l’alimentation, végétale s’étend régulièrement, tant en qualité qu’en quantité, et il reste encore très accessible au grand public.

Le plus connu des produits végétaux chez nous est Garden Gourmet, un produit aux racines historiques israéliennes. Israël, un État qui, déjà dès sa naissance, foulait aux pieds les droits humains. Un État qui colonise, occupe militairement le peuple palestinien et lui impose l’apartheid. Un pays qui a mis en place des structures économiques autour de son occupation militaire. L’Europe est le premier partenaire commercial d’Israël et un très grand nombre d’entreprises, dont des belges, font partie de l’« économie d’occupation ».

Les entreprises mettent fréquemment sur pied des structures de collaboration compliquées, bien souvent pour des raisons fiscales favorables, parfois aussi pour rendre très malaisé sur le plan juridique la mise en carte de certaines pratiques douteuses. Ici, Garden Gourmet (filiale du groupe israélien Osem/Tivall) n’est nullement une exception : Récemment, la firme est entrée dans le groupe suisse Nestlé, une entreprise qui ne brille pas particulièrement non plus par sa bonne réputation sur le plan de l’environnement, du climat et des droits humains.

 

Esquissons brièvement l’histoire récente et les relations entre Nestlé et Garden Gourmet :

Nestlé s’est mis à investir en Israël en 1995 en se lançant dans une collaboration avec l’entreprise israélienne Osem (production alimentaire). Deux ans plus tard, Nestlé avait en sa possession 140 millions de USD du capital et contrôlait à 50,1 % les parts de l’entreprise. Un accord de janvier 2002 entre la Suisse et Israël prévoit une exemption d’impôt pour les entreprises suisses qui produisent en Israël et qui vendent en Europe. Ce qui a incité Nestlé à accroître encore ses investissements de 80 nouveaux millions de USD.

Le bureau et le principal site de production de Nestlé se trouvent à Sderot, une colonie fondée en 1951 à un kilomètre de la bande de Gaza. Sderot a été construite sur le sol de la petite ville palestinienne d’Al-Najd, qui a été épurée ethniquement en 1948. Les anciens habitants palestiniens et leurs descendants vivent aujourd’hui comme réfugiés dans la bande de Gaza, une prison en plein air particulièrement surpeuplée.

En 2002, Nestlé a reçu une allocation de 5,6 millions de USD des autorités israéliennes pour continuer à investir dans des endroits d’où les Palestiniens ont été expulsés et où désormais se sont établis – et s’établissent toujours – de nouveaux immigrants juifs. Quelque 531 villages palestiniens et 11 villes ou quartiers urbains ont ainsi été judaïsés. Ainsi, par exemple, une nouvelle usine s’est installée à Kiryat Gat (avant cela, le village palestinien d’Irak al-Mansiya) et un centre logistique à Nachsolim (auparavant al-Tantura). En tout, il s’agit de 11 emplacements avec quelque 4 000 travailleurs.

Quand Nestlé, et plus précisément Garden Gourmet, a été confronté au boycott de ses produits, l’entreprise a pensé résoudre le problème en créant rapidement une usine dans la bande de Gaza, dans la zone industrielle de Karni, qui tombe de facto sous contrôle israélien. En fait, il s’agit donc d’un outplacement, une délocalisation, dit-on en français. Officiellement, c’est une entreprise « palestinienne », mais elle reste sous contrôle israélien, avec l’avantage qu’on peut y faire usage de toute une main-d’œuvre palestinienne sous-payée. Entre-temps, cette usine n’est plus active.

Nestlé ne voit aucun problème à déployer des activités économiques sur des terres palestiniennes volées. Il propose des emplois et des possibilités pour la construction économique d’Israël aux dépens des Palestiniens. Il n’est pas étonnant dans ce cas qu’en 1998, Nestlé ait reçu la médaille d’honneur de 50 années en Israël des mains du Premier ministre de l’époque, qui était déjà… Benjamin Netanyahou. Il s’agit de la « plus haute distinction octroyée par l’État d’Israël à ces individus et organisations qui, par leurs investissements et leurs relations commerciales, ont renforcé l’économie israélienne ».

Entre-temps, les liens se sont encore renforcés avec, comme conséquence aujourd’hui, 100 % d’actionnariat.

Une entreprise orientée comme Nestlé sur ses consommateurs devrait tenir compte de ce que les consommateurs estiment important. La direction de Nestlé et ses collaborateurs devraient savoir que soutenir des États qui foulent aux pieds les droits humains n’a pas bonne presse. La création de liens économiques étroits avec un État d’apartheid aboutit à une normalisation et confère au grand public une image déformée de la question israélo-palestinienne.

Nestlé ferait mieux de désactiver son nouveau lien avec Israël tant que ce dernier ne respectera pas les droits humains et les lois internationales. Comme signal, tous les partenaires devraient mettre à l’arrêt la collaboration avec Nestlé tant que la firme ne le fera pas effectivement.

Garden Gourmet parvient très bien à faire apprécier sa marque du grand public et gagne donc en popularité. Elle fait en outre grimper cette image positive via des partenariats avec des campagnes populaires qu’elle sponsorise. Ainsi, Garden Gourmet est l’un des partenaires des campagnes de l’ASBL EVA, connue entre autres pour son « jeudi jour veggie ».

C’est une tendance regrettable que les organisations socioculturelles contribuent à installer sur le marché ces produits contestés. Une production locale et un commerce éthique sont nécessaires si nous voulons un avenir durable.

L’Europe et la Belgique doivent revoir leurs relations commerciales avec Israël et imposer des sanctions jusqu’à ce qu’Israël se plie aux résolutions de l’ONU et respecte les droits humains.

Enfin, en tant que citoyen, on peut choisir ce qu’on achète et laisser par exemple les produits de Garden Gourmet dans les rayons. Optez pour une alternative végétale locale ou plongez-vous dans un livre de recettes et cuisinez vous-même. En tant qu’individus, nous avons en main l’arme de la consommation éthique. Dans ce cas, utilisons-la, que diable !

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Publié le 15 novembre 2021 sur Palestina Solidariteit
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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