Embrouille autour du meurtre par la police israélienne d’un Palestinien à Jérusalem

Samedi soir, à Jérusalem-Est, à proximité d’une des portes donnant sur le site de la mosquée Al-Aqsa, la police israélienne a abattu et tué un citoyen bédouin palestinien d’Israël.

 

Ce mardi 3 avril, près de l’hôpital Rafidia de Naplouse (Cisjordanie occupée), des Palestiniens portent le corps de Muhammad Abu Bakr, tué par les troupes israéliennes.

Ce mardi 3 avril, près de l’hôpital Rafidia de Naplouse (Cisjordanie occupée), des Palestiniens portent le corps de Muhammad Abu Bakr, tué par les troupes israéliennes. (Photo : Mohammed Nasser / APA images)

Tamara Nassar, 4 avril 2023

Au cours des trois premiers jours d’avril, trois Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie, et il est à craindre qu’Israël, une fois de plus, ne se lance dans une escalade sanglante au cours du Ramadan.

Dans l’un des cas, la police israélienne a tué un citoyen palestinien d’Israël à Jérusalem-Est occupée et il s’avère en outre qu’elle tente d’embrouiller les circonstances du meurtre.

Mardi matin, deux soldats israéliens ont été blessés au cours d’une prétendue agression au couteau (dixit la police israélienne) près d’une base de l’armée située au sud-est de Tel-Aviv.

Les forces israéliennes ont arrêté l’assaillant, dont les médias israéliens ont rapporté qu’il provenait de Hébron, en Cisjordanie occupée.

L’agression au couteau contre les soldats a eu lieu après que les forces d’occupation israéliennes avaient tué deux Palestiniens lundi à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

Tôt le matin, l’armée israélienne effectuait des raids dans la zone lorsqu’elle a prétendu que Muhammad al-Hallaq et Muhammad Abu Bakr avaient tiré sur ses hommes.

Abu Bakr était un assistant de Mahmoud al-Aloul, vice-président du mouvement Fatah « au pouvoir ».

Les médias locaux ont fait circuler des photos des deux hommes après qu’ils avaient été tués :

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1642782869801058310?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1642782869801058310%7Ctwgr%5Ea8c8ffbdc0c4c6634647b418ccd0c4f853a62868%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fcover-suspected-israeli-police-killing-palestinian-jerusalem

 

Des foules importantes ont participé à leur cortège funéraire à Naplouse :

 

Depuis le début de l’année, Israël a encore multiplié ses raids meurtriers contre les communautés palestiniennes, ce qui s’est traduit par une augmentation du nombre de tués et de blessés et a provoqué des représailles de la part des Palestiniens.

« Les opérations des forces sécuritaires israéliennes en Cisjordanie occupée et les affrontements qui ont suivi ont débouché sur un nombre faramineux de tués et de blessés du côté palestinien »,

avait déclaré Tor Wennesland, coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le 23 mars.

L’organe de contrôle de l’ONU, l avait fait remarquer en janvier une hausse des agressions contre les Palestiniens et leurs biens par les colons juifs israéliens et, en maintes occasions, « en présence des forces israéliennes voire avec l’aide active de ces dernières ».

Le Ramadan, en particulier, est devenu une époque de violence et de répression accrues de la part d’Israël envers les Palestiniens, et cette année ne constitue nullement une exception.

Le mois de jeûne des musulmans, qui a débuté fin mars, doit coïncider cette semaine avec la célébration de la Pâque juive.

Comme d’habitude, au cours de la fête juive, Israël impose un blocage strict à tous les Palestiniens de Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza.

Les autorités d’occupation israéliennes ont déclaré qu’elles allégeraient les restrictions pour les Palestiniens qui viendraient prier à la mosquée Al-Aqsa ce vendredi.

Dimanche, la Pâque juive coïncidera aussi avec les célébrations de Pâques de certaines communautés chrétiennes palestiniennes, dont de nombreux fidèles voudront prier à l’église du Saint-Sépulcre, dans la Vieille ville de Jérusalem – l’endroit où, selon les chrétiens, Jésus a été enterré et est ressuscité.

À l’instar des musulmans palestiniens, les chrétiens eux aussi sont typiquement confrontés aux restrictions imposées par Israël à leurs déplacements et à leur culte au cours des fêtes, ce qui porte atteinte à leur liberté religieuse.

Alors que, cette semaine, Israël s’attend à accueillir des milliers de touristes étrangers pour la Pâque, il est typique que les autorités d’occupation annoncent en dernière minute, voire même après le début de la fête, des réglementations des fêtes applicables aux Palestiniens, ce qui leur complique grandement la préparation de leur voyage.

 

Un Bédouin palestinien tué à Jérusalem

Samedi soir, à Jérusalem-Est, à proximité d’une des portes donnant sur le site de la mosquée Al-Aqsa, la police israélienne a abattu et tué un citoyen bédouin palestinien d’Israël.

Des témoins oculaires contredisent la police israélienne, qui prétend que Muhammad al-Asibi avait essayé de s’emparer de l’arme d’un policier israélien et qu’il l’avait utilisée pour tirer sur un autre policier, avant d’être touché par plusieurs balles tirées pour ainsi dire à bout portant.

La police israélienne insiste en disant que l’incident, qui a eu lieu près de la porte de la Chaîne, n’a pas été enregistré par les caméras de la zone pourtant hautement surveillée. Mais cela ne semble pas du tout plausible, même pour certains membres de la police israélienne.

Une source policière restée anonyme a expliqué au quotidien Haaretz de Tel-Aviv que « cela n’a pas de sens », que l’incident n’ait pas été enregistré par l’une ou l’autre caméra.

« On n’a jamais entendu dire qu’il n’y avait pas de caméras à la porte de la Chaîne ! »

Al-Asibi, 26 ans, était originaire de la ville bédouine de Hura, dans le sud de la région du Néguev.

Un témoin a déclaré que la police israélienne avait arrêté une dame qui se rendait sur le site de la mosquée Al-Aqsa et qu’ensuite, des gens sur les lieux, dont al-Asibi, s’étaient disputés avec la police.

Haaretz a rapporté que le témoin

« avait dit qu’al-Asibi avait été abattu à bout portant sans la moindre raison ; un autre témoin a dit qu’il n’y avait pas eu d’agression. »

Fahad al-Asibi, un proche de la victime, a expliqué au journal israélien qu’il estimait que le compte rendu de la police était faux.

« Nous savons que chaque mètre de la voirie de la Vieille Ville est enregistré et, de plus, la police est censée avoir des caméras [corporelles] »,

a-t-il dit à Haaretz.

 

Mensonges et embrouilles, comme d’habitude

La mère d’Al-Asibi’s a insisté sur le fait que son fils ne portait aucune arme ni n’avait tenté d’en voler une et elle a accusé les autorités israéliennes de mensonge à propos des circonstances de sa mort.

Ce ne serait pas la première fois.

Les autorités d’occupation israéliennes ont menti d’innombrables fois à propos des circonstances dans lesquelles elles ont tué des Palestiniens, notamment dans l’assassinat, l’an dernier, de la journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh.

Et, alors que les autorités israéliennes sont toujours promptes à dévoiler des vidéos de surveillance dont elles croient qu’elles corroborent leurs dires, elles ont la réputation de les retenir lors de circonstances où il est très possible que la vidéo contredira leurs allégations.

Par exemple, Israël n’a jamais laissé voir la vidéo du meurtre, en 2016, de l’adolescent palestino-américain Mahmoud Shaalan à un check-point en Cisjordanie, où l’on peut s’attendre à ce que plusieurs caméras surveillent l’endroit.

Et, en 2019, les soldats israéliens ont détruit une vidéo d’un incident au cours duquel un colon israélien avait tué le Palestinien Muhammad Abd al-Fattah, 23 ans, alors qu’il gisait au sol sans défense.

Le ministère israélien de l’Intérieur est censé avoir enquêté sur l’incident, bien que le mécanisme israélien d’auto-investigation ait précédemment déjà servi à blanchir des crimes contre des Palestiniens et protéger les soldats qui les avaient perpétrés.

L’organisation des droits humains B’Tselem a longtemps rejeté les auto-investigations d’Israël comme étant « des feuilles de vigne destinées à masquer l’occupation ».

Pendant ce temps, le ministre d’ultra-extrême droite de la police israélienne, Itamar Ben-Gvir, a adressé ses félicitations à la police pour avoir tué al-Asibi.

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Avec la contribution d’Ali Abunimah.

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Publié le 4 février 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

 

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