Le plan d’« aide » de Biden à Gaza : une feuille de vigne destinée à masquer le génocide

Mercredi 18 octobre, l’administration Biden s’est opposée à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU demandant des pauses humanitaires afin de fournir de l’aide, nécessaire de toute urgence, à Gaza.

 

18 octobre 2023. Un enfant blessé traité dans un hôpital après une frappe aérienne israélienne à Deir al-Balah, dans la partie centrale de la bande de Gaza.

18 octobre 2023. Un enfant blessé traité dans un hôpital après une frappe aérienne israélienne à Deir al-Balah, dans la partie centrale de la bande de Gaza. (Photo : Omar Al-Dirawi / APA images)


Maureen Clare Murphy
et Ali Abunimah, 19 octobre 2023

Mais elle a mis en exergue son propre plan d’« aide » complètement bison qui ne correspond à rien de plus qu’une façade « humanitaire » destinée à masquer le génocide israélien, autrement dit la campagne de bombardement soutenue par les EU.

La résolution introduite par le Brésil « réclamait l’accès humanitaire à Gaza et la protection des civils » et « condamnait l’attaque du Hamas contre Israël », le 7 octobre, a rapporté The New York Times.

Majed Bamya, un diplomate représentant l’Autorité palestinienne à l’ONU, a déclaré que

« le projet de résolution du Brésil était partial et politisé, qu’il ne reconnaissait pas les victimes palestiniennes et les attaques israéliennes contre elles, dénuées de la moindre discrimination, qu’il ne réclamait pas le cessez-le-feu, tout cela afin d’éviter un veto américain ».

« Et il a quand même été rejeté malgré tout »,

a ajouté Bamya.

Les EU ont exprimé leur veto, selon le Times,

« parce que les EU voulaient donner une chance à la diplomatie du fait que le président Biden se trouvait en Israël et parce que le projet de résolution ne disait pas qu’Israël a le droit de se défendre ».

Gaza, une enclave côtière assiégée, se trouve sous un blocus et des bombardements constants de la part d’Israël depuis près de deux semaines, avec, mercredi, un nombre de morts qui atteint les 3 500, dont au moins 1 200 enfants, affirme son ministère de la santé.

En fait, donner « une chance à la diplomatie » signifierait soutenir la fin du carnage de sorte qu’il soit possible de trouver une solution politique.

Au lieu de se lancer dans n’importe quelle sorte de diplomatie pour mettre un terme aux massacres quotidiens de centaines de Palestiniens, la Maison-Blanche de Biden a dénoncé comme « répugnants » les appels au cessez-le-feu.

Cela revient à donner un soutien inconditionnel aux promesses d’Israël d’annihiler le Hamas, un mouvement politique qui bénéficie d’un large soutien parmi les Palestiniens et dans toute la région.


Biden rejeté par les alliés régionaux

La position américaine est désormais si extrémiste et condamnable, surtout après le bain de sang de mardi à l’hôpital al-Ahli, que le roi Abdallah de Jordanie – pourtant un allié fiable des EU – a annulé l’arrêt prévu de Biden à Amman.

Abdallah et Biden devaient être rejoints par le dirigeant égyptien Abdulfattah al-Sisi pour un sommet dans la capitale jordanienne. Le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’était déjà décommandé.

Biden en a été réduit à effectuer une visite d’encouragement en Israël, dépouillée de toute prétention à s’engager dans la moindre sorte de de diplomatie régionale.

Mais, dans une tentative en vue de rendre ce voyage un peu plus performant, Biden a annoncé qu’il allait faire en sorte qu’Israël et l’Égypte acceptent le transfert via l’Égypte de l’aide humanitaire à Gaza.

Même si l’aide commençait à arriver en petites quantités depuis l’Égypte, il ne s’agirait de guère plus que d’un exercice de relations publiques. Cela n’allégerait pas de façon significative le préjudice énorme et la souffrance qu’Israël inflige délibérément à la population civile en guise de punition collective.

Les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza sont sans eau, sans nourriture et sans médicaments – des choses essentielles à la vie – parce qu’Israël les en a délibérément coupés. C’est un crime contre l’humanité de la gravité la plus extrême, contre un peuple que le gouvernement israélien a qualifié de « bêtes humaines ».

Quant à la puissance occupante, fait remarquer Human Rights Watch, Israël

« elle a le devoir, conformément à la Quatrième Convention de Genève et dans toute la mesure possible des moyens dont elle dispose, ‘d’assurer la nourriture et les fournitures médicales de la population’ ».

« Affamer les populations est une méthode de guerre interdite et considérée comme un crime de guerre »,

a déclaré mercredi l’organisation de défense des droits dont le siège est à New York.

 

Biden cherche à aider la propagande de guerre israélienne

L’accord conclu par les EU et Israël et censé garantir la livraison d’aide à Gaza est vanté par l’administration Biden comme une preuve que le président n’a pas complètement abandonné les Palestiniens -même si des employés fédéraux commencent à démissionner en guise de protestation contre l’approche pro-israélienne pure et dure de Biden et si un représentant de la Maison-Blanche a été chahuté lors d’une visite dans un faubourg de Chicago, où un enfant palestino-américain a été tué dans un sordide crime de haine.

Mais, comme on l’a fait remarquer, l’accord n’est qu’une feuille de vigne destinée à masquer l’horrible campagne d’extermination à Gaza.

« Mercredi, le cabinet de guerre d’Israël a approuvé l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza à partir de l’Égypte, suite aux pressions exercées par les E U et d’autres pays »,

a rapporté Axios ce mercredi même.

Un haut responsable israélien a confié à la publication que,

« lors de sa réunion avec le cabinet de la guerre d’Israël, Biden avait demandé qu’Israël permettre l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et avait expliqué que cela contribuerait à maintenir en place le soutien international à l’opération contre le Hamas ».

Biden a assuré à Israël que le transfert d’aide humanitaire vers Gaza cesserait s’il était détourné par le Hamas et il a en outre promis un paquet d’aide de 100 millions de USD pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.

C’est un montant dérisoire comparé au minimum de 3,8 milliards de USD d’aide militaire accordés chaque année à Israël et il ne s’approche en aucun cas du montant nécessaire pour reconstruire les infrastructures et les logements de Gaza détruits par Israël à l’aide d’armes fournies par les EU.

Et, tout cela, en présumant qu’une partie de cette aide, aussi minime qu’elle soit, puisse même atteindre Gaza.


Une tâche impossible

De façon plus urgente encore, cela ne contribuerait même pas à aborder la crise humanitaire de Gaza en pleine escalade.

Fournir de la nourriture, de l’eau et des médicaments à la population de Gaza en passant par l’Égypte requerrait une opération logistique sur une vaste échelle historique comparable au pont aérien de Berlin à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

En 1948, l’Union soviétique avait imposé un blocus total à Berlin-Ouest, suite à une querelle politique avec les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Pendant 10 mois, les EU et leurs alliés avaient organisé une énorme opération de ravitaillement aérien au profit des 2,5 millions d’habitants de l’ancienne capitale d’Hitler ravagée par la guerre.

Au plus fort du pont aérien, afin de garantir que la population de Berlin-Ouest dispose de la nourriture, du carburant et des médicaments nécessaires, il avait fallu qu’un avion chargé de marchandises atterrisse toutes les 45 secondes.

Par contre, Biden a annoncé que le dirigeant égyptien Abdulfattah al-Sisi avait donné son accord pour « laisser passer, pour commencer, 20 camions » chargés de marchandises à destination de Gaza au cours des jours à venir.

Cela fait environ un camion de marchandises par tranche de 100 000 habitants d’une population de Gaza déjà passablement épuisée, déshydratée et de plus en plus affamée.

18 octobre 2023. Le site d’une frappe aérienne israélienne qui a détruit une boulangerie et tué quatre personnes à Nuseirat, dans la partie centrale de la bande de Gaza.

18 octobre 2023. Le site d’une frappe aérienne israélienne qui a détruit une boulangerie et tué quatre personnes à Nuseirat, dans la partie centrale de la bande de Gaza. (Photo : Naaman Omar / APA images)

Il n’y a absolument aucun plan sur la table pour une opération de livraison à partir de l’Égypte et à l’échelle énorme nécessaire pour couvrir ne seraient-ce que les besoins les plus élémentaires de la population de Gaza.

Et, en outre, ce n’est même pas nécessaire.

Alors qu’en 1948, les États-Unis ne pouvaient commander à l’Union soviétique, aujourd’hui, l’administration Biden peut simplement instruire Israël – entièrement dépendant du soutien militaire et politique des EU – de reprendre la fourniture d’eau, de vivres, de carburant, de médicaments et d’électricité aux 2,3 millions de civils de Gaza.

En lieu et place, Biden a acquiescé à la décision d’Israël qu’un faible et photogénique ruissellement d’aide pourrait entrer à Gaza via l’Égypte, mais qu’Israël ne relancerait pas la livraison de quelques ressources vitales que ce soit à Gaza tant que les otages détenus dans le territoire ne seraient pas libérés.

Ce n’est rien moins qu’une sentence de mort pour des millions de personnes.

 

Pas d’endroit sûr

Alors que l’annonce d’« aide » de Biden via l’Égypte n’est qu’une feuille de vigne destinée à masquer le siège génocidaire et la campagne d’extermination avec l’aide directe des États-Unis, le président s’apprête vivement à remettre d’énormes quantités d’armes nouvelles dans les mains de Tel-Aviv.

Biden requiert du Congrès « un paquet d’aide militaire sans précédent pour Israël », a rapporté Axios, ajoutant que « les responsables israéliens affirment qu’ils ont demandé 10 milliards d’USD d’aide et qu’il faudrait que ce soit approuvé le plus rapidement possible ».

Si la moindre aide devait entrer à Gaza via l’Égypte – aussi improbable que cela puisse paraître – la distribution requerrait que soit mis fin aux bombardements permanents d’Israël dans tout le territoire, ce à quoi, une fois de plus, les EU s’opposent.

Martin Griffiths, le responsable des secours de l’ONU, a déclaré mercredi au Conseil de sécurité de l’ONU que celle-ci et ses partenaires humanitaires, en particulier le Croissant-Rouge, « devaient être en mesure de fournir de l’aide aux civils dans le besoin partout à Gaza » et en toute sécurité.

Actuellement, aucune région n’est sûre à Gaza, avec les frappes aériennes israéliennes incessantes, même dans le sud de Gaza, la région vers laquelle, la semaine dernière, Israël a ordonné à 1,1 million de Palestiniens du nord d’évacuer.

L’ordre d’évacuation d’Israël « avait pour but de déplacer de force des centaines de milliers de Palestiniens et de les rapprocher de la frontière avec l’Égypte », ont déclaré mercredi trois organisations palestiniennes de défense des droits humains – Al-Haq, Al Mezan et le Centre palestinien pour les droits humains.

« Ce transfert forcé a lieu en pleine imminence d’une catastrophe humanitaire à Gaza »,

ont-elles ajouté.

L’Unité d’architecture médicolégale d’Al-Haq, l’une des organisations palestiniennes de défense des droits humains, a confirmé que 70 Palestiniens avaient été tués lors d’une frappe aérienne qui avait frappé des convois en route vers le sud sur la route de Salah al-Din Road, l’une des deux routes que l’armée israélienne avait dit d’utiliser pour l’évacuation.

Depuis l’ordre d’évacuation, l’armée israélienne a visé des maisons pleines de gens qui avaient quitté la moitié nord de Gaza suite à l’ordre d’Israël.

L’une de ces frappes a tué 12 membres de la famille de Hassan Halasa, qui travaille pour la Commission indépendante des droits humains.

Le chef du Conseil norvégien des réfugiés a dit entre-temps que des membres de la famille d’un employé de son personnel avaient été tués à Rafah, où ils avaient cherché un endroit sûr, suite aux ordres d’évacuation d’Israël.

Les bombardements de Khan Younis et de Rafah, dans le sud de Gaza, se sont intensifiés dès mardi matin, tuant 80 personnes et en blessant des douzaines d’autres, rapporte l’organisation palestinienne de défense des droits humains, elle-même citant les autorités locales.

Dans l’intervalle, une frappe aérienne israélienne a endommagé l’entrée de l’Hôpital européen de Khan Younis peu avant le bombardement à Gaza de l’hôpital al-Ahli, qui a tué des centaines de personnes.

« On estime que des centaines de victimes supplémentaires sont restées coincées sous les décombres »,

affirme l’ONU, qui estime également qu’en dehors des victimes de la violence de guerre, les taux de mortalité à Gaza

« ont grimpé en raison de l’accès très limité aux services de soins de santé essentiels ».

 

L’imminence d’un nettoyage ethnique massif à Gaza

Du fait qu’Israël continue d’attaquer sans merci la population civile, provoquant des douzaines de morts et des centaines de blessés graves chaque jour, le système des soins de santé du territoire en est à un point de rupture.

Dans la partie nord de Gaza, environ 70 pour 100 de la population restante a été

« privée de services de santé après que l’UNRWA [l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens] a évacué vers le sud et a mis ses services à l’arrêt dans le nord ».

« Nos organisations ont reçu des rapports, y compris de nos collègues à Gaza, disant que de nombreuses familles (réunissant jusqu’à 50 personnes) étaient entassées dans une seule maison, sans eau ni nourriture ni électricité »,

ont expliqué les organisations palestiniennes de défense des droits.

Certaines familles qui avaient quitté leurs maisons pour se rendre dans le sud sont retournées vers la partie nord de Gaza parce que personne n’est en sécurité et qu’elles ne veulent pas se laisser déraciner de leur terre, puisque tel est manifestement l’objectif d’Israël.

D’autres personnes sont restées dans le nord du fait qu’elles étaient dans l’impossibilité de se recaser, ou qu’elles ne le voulaient pas.

 

18 octobre 2023. Le site d’une frappe aérienne israélienne qui a anéanti complètement un immeuble du camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza.

18 octobre 2023. Le site d’une frappe aérienne israélienne qui a anéanti complètement un immeuble du camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza. . (Photo : Naaman Omar / APA images)

 

L’ordre d’évacuation « ne libère pas Israël de ses obligations et responsabilités à l’égard des lois humanitaires internationales », ont déclaré les organisations de défense des droits.

Elles ont fait remarquer que les trois quarts des Palestiniens de Gaza « sont déjà des réfugiés à qui Israël refuse le droit au retour depuis 1948 ».

« Le nettoyage ethnique massif imminent des Palestiniens à Gaza requiert une intervention immédiate de la communauté internationale afin de mettre un terme à ce transfert forcé, qui peut équivaloir à un crime de guerre et à un crime contre l’humanité »,

ont déclaré les organisations.


Le soutien américain au transfert forcé ?

Le dirigeant égyptien a répété mercredi que Le Caire refuserait une expulsion massive de Palestiniens de Gaza vers la péninsule du Sinaï.

Soulignant les appréhensions de l’Égypte, le ministre israélien des Affaires étrangères s’est fait l’écho des déclarations antérieures des personnalités militaires et politiques de son pays, déclarant que le territoire de Gaza, déjà l’un des plus densément peuplés de la planète, verrait sa superficie réduite après la guerre.

« Ce qui se passe actuellement à Gaza est une tentative en vue de forcer des résidents civils à se réfugier et immigrer en Égypte, ce qui ne devrait pas être accepté », a déclaré Abdulfattah al-Sisi lors d’une conférence de presse commune en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz en visite.

« L’Égypte rejette toute tentative en vue de résoudre la question palestinienne par des moyens militaires ou par le biais d’un déplacement forcé des Palestiniens de leur terre, qui se ferait au détriment des pays de la région »,

a ajouté al-Sisi.

Al Jazeera a rapporté mercredi qu’une source du Hamas lui avait révélé ce qui, avait-elle dit, constituait un plan américano-israélien d’élimination du Hamas à Gaza, de désarmement de la résistance et de transfert par la force de la moitié de la population de Gaza vers l’Égypte. Biden annulerait les dettes du Caire en échange, avait expliqué la source du Hamas.

Mada Masr, une publication égyptienne, a publié un reportage similaire la semaine dernière.

Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, a dit que le transfert des Palestiniens de Gaza vers l’Égypte était « totalement inacceptable », pour les dirigeants arabes, « si bien que nous ne le soutenons pas ».

Il convient de remarquer que Blinken n’a pas rejeté l’idée en tant que crime contre l’humanité et grave violation des droits du peuple palestinien, mais qu’il l’a fait simplement parce qu’elle manque de soutien régional suffisant.

Il est probable que, si l’administration Biden parvenait à obtenir un tel soutien, les États-Unis soutiendraient le nettoyage ethnique.

 

Les mises en garde sérieuses de l’envoyé des Nations unies

La source du Hamas a également fait savoir à Al Jazeera qu’Ismail Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, avait rencontré Tor Wennesland, l’envoyé au Moyen-Orient du secrétaire général de l’ONU, à Doha.

Mercredi, Wennesland a informé le Conseil de sécurité de l’ONU de ses efforts diplomatiques en vue de désamorcer la situation « et d’épargner les vies des civils ».

Wennesland a condamné sans équivoque l’attaque du 7 octobre dirigée par le Hamas et il a déclaré que

« ceci constituait l’un des moments les plus difficiles auxquels avaient été confrontés les peuples israélien et palestinien ces 75 dernières années ».

Et d’ajouter que le conflit risquait de s’étendre dangereusement, avec à la fois des implications régionales et internationales profondes et

« qu’il venait à un moment où les institutions mondiales censées répondre à une telle crise sont déjà débordées de partout ».

Wennesland a déclaré que la toute première priorité était d’assurer « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages » détenus par le Hamas et, en deux, « un accès rapide, sans la moindre restriction, à l’aide humanitaire pour les Palestiniens de Gaza ».

Au lieu de réclamer un cessez-le-feu, il a déclaré que la troisième priorité résidait dans « des efforts collectifs en vue de mettre un terme aux hostilités et d’empêcher toute nouvelle expansion du conflit dans la région ».

18 octobre 2023. Des Palestiniens inspectent les dégâts dans une école de l’UNRWA touchée par une frappe aérienne israélienne dans le camp de réfugiés de Maghazi, dans la partie centrale de Gaza. Sept personnes avaient perdu la vie.

18 octobre 2023. Des Palestiniens inspectent les dégâts dans une école de l’UNRWA touchée par une frappe aérienne israélienne dans le camp de réfugiés de Maghazi, dans la partie centrale de Gaza. Sept personnes avaient perdu la vie. (Photo : Naaman Omar / APA images)

 

Wennesland a insisté en disant que seule une solution politique à long terme « mettrait fin aux effusions de sang et empêcherait toute récidive ».

Mais il n’a pas demandé que soient réclamés des comptes, ce qui, aux yeux des Palestiniens, constitue la clé de la fin de la situation actuelle de l’impunité israélienne, qui engendre d’autres abus encore et empêche que l’on aborde sérieusement les causes premières du conflit.

Tant Wennesland que Griffiths ont réclamé « une enquête se basant sur les faits », à propos de l’explosion à l’hôpital al-Ahli.

Les hôpitaux de Gaza sont « au bord de l’effondrement »

Mercredi ont eu lieu de nouvelles attaques israéliennes contre des hôpitaux dans la ville de Gaza.

La Société palestinienne du Croissant-Rouge a déclaré que de lourds bombardements avaient eu lieu autour de son hôpital à Gaza même, où plus de 8 000 personnes déplacées se sont réfugiées.

Ce n’était pas la première attaque à proximité de l’hôpital du Croissant-Rouge ; l’organisation avait fait d’un bombardement samedi qui avait rempli ses locaux de poussière et de débris.

Entre-temps, mercredi, l’ONU y est allée d’une mise en garde, disant que « les hôpitaux de Gaza étaient au bord de l’effondrement ».

« La plupart d’entre eux ont opéré à une capacité minimale »,

a ajouté l’ONU.

« Des processus vitaux comme les stérilisations et les dialyses pourraient bien devenir impossibles très bientôt. »

La plupart des personnes blessées à l’hôpital al-Ahli ont été évacuées vers al-Shifa, forçant

« les médecins à tenter des opérations chirurgicales à même le sol et dans les couloirs, la plupart du temps sans anesthésie ».

Une vidéo en provenance de l’hôpital al-Shifa – le plus grand de Gaza – montrait des salles d’attente et des corridors utilisés comme salles d’opération et saturés de patients sur des civières ou gisant à même le sol :

https://twitter.com/m7mdkurd/status/1714707400404394136?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1714707400404394136%7Ctwgr%5E59f34a768bb52eb62b4b3724a14beb2b32326e54%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fcontent%2Fbidens-gaza-aid-plan-fig-leaf-genocide%2F38976

« C’est extrêmement inhumain, c’est incroyable », dit la personne qui a enregistré la vidéo, apparemment un médecin ou un infirmier d’al-Shifa.

« C’est ce qui arrive quand vous bombardez un hôpital par-dessus les têtes des patients et des blessés »,

dit-il, faisant allusion à la frappe qui a semé la désolation à l’hôpital al-Ahli ce mardi.

Il ajoute que les patients ont subi des opérations chirurgicales

« sans anesthésie, de façon à pouvoir sauver le plus de monde possible ».

Entre-temps, l’ONU a fait état d’autres frappes aériennes israéliennes contre des immeubles résidentiels entre mardi soir et mercredi, tuant 25 personnes à al-Bureij, dans la partie centrale de la bande de Gaza, et 37 autres à Jabaliya, dans le nord.

Cet homme soigné à al-Shifa après qu’Israël a bombardé sa maison a déclaré que son petit-fils Marwan, un bébé, avait été tué et que son propre fils Adnan, de même que ses filles Mary et Majd, avaient été portés manquants et se trouvaient toujours sous les décombres :

 

Il a également dit que le but d’Israël était de forcer les Palestiniens à quitter Gaza.

« Aujourd’hui, nous avons été attaqués et blessés. Mon petit-fils a été tué et c’est probablement le cas aussi pour mon fils et mes filles, mais je jure que nous retournerons dans notre maison »,

a-t-il promis.

« Tel est notre sort. Je jure devant Dieu que nous ne reculerons pas. »

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

                                       

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 19 octobre 2023 sur The ElectronicIntifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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