Deux Américaines sont les premières prisonnières libérées par le Hamas

Vendredi 20 octobre, le Hamas a libéré deux Américaines qui avaient été capturées au kibboutz Nahal Oz le 7 octobre et gardées en captivité à Gaza depuis lors. Elles sont les premières, sur plus de 200 captifs détenus à Gaza, à être libérées.

20 octobre 2023. La localité d’Al-Zahra, près de Khan Younis, dans le sud de Gaza, après sa destruction par les frappes aériennes israéliennes

20 octobre 2023. La localité d’Al-Zahra, près de Khan Younis, dans le sud de Gaza, après sa destruction par les frappes aériennes israéliennes.(Photo : Atia Darwish / APA images)

 

Maureen Clare Murphy, 20 octobre 2023

Les femmes ont été identifiées comme mère et fille, Judith et Natalie Raanan, d’Evanston, un faubourg de Chicago.

Les deux femmes ont été transférées à la Croix-Rouge et, de là, amenées en Israël, encore que « le mécanisme exact du transfert n’ait pas été clair tout de suite », a rapporté The Times of Israel.

Précédemment, la Croix-Rouge avait dit qu’elle maintenait des contacts quotidiens avec le Hamas et qu’elle s’employait discrètement à faciliter la communication entre les captives et les membres de leur famille « et à faciliter une éventuelle libération ».

Le président américain Joe Biden a confirmé la libération des femmes et a déclaré qu’il était « fou de joie » vu les développements de l’affaire.

« Des responsables israéliens cités par divers médias en hébreu ont insisté sur le fait que la décision du Hamas avait été prise unilatéralement et que Jérusalem n’avait rien proposé en échange,

a ajouté The Times of Israel.

Dans une déclaration unique diffusée en anglais et en arabe, Abu Obeida, le porte-parole des Brigades Qassam, l’aile armée du Hamas, a dit que l’organisation avait relâché les deux femmes

« pour des raisons humanitaires et afin de prouver aux Américains et au monde que les allégations émises par Biden et son administration fasciste sont fausses et dénuées de fondement ».

L’armée israélienne a déclaré plus tôt dans la journée qu’« une majorité d’otages étaient en vie », a rapporté CNN. Les Brigades Qassam avaient précédemment annoncé que près de deux douzaines de captifs avaient été tués dans les bombardements incessants de Gaza par Israël.

20 octobre 2023. La mère et la fille, Judith et Natalie Raanan après leur libération, suite à près de deux semaines de captivité à Gaza.

20 octobre 2023. La mère et la fille, Judith et Natalie Raanan après leur libération, suite à près de deux semaines de captivité à Gaza. (Photo : Ziv Koren / Polaris)

 

Des personnalités ont dit plus tôt cette semaine que les Brigades Qassam allaient libérer les ressortissants étrangers qu’elles détenaient, sauf ceux qui servaient dans l’armée israélienne. L’organisation de la résistance islamique a déclaré vendredi qu’elle œuvrait avec tous les intermédiaires

« en vue de refermer le dossier civil si des conditions sécuritaires appropriées s’avéraient disponibles ».

L’organisation a également salué les masses descendues protester dans les rues « afin d’adresser un message clair » de soutien à la cause de la libération nationale palestinienne.

Bloomberg, citant des sources familiarisées avec ces efforts, a rapporté vendredi que

« les gouvernements américain et européens ont exercé des pressions sur Israël afin qu’il reporte son invasion terrestre de Gaza, de façon à gagner du temps pour les entretiens secrets en cours via le Qatar, et ce, dans le but d’obtenir la libération des otages détenus par le Hamas ».

La publication, citant l’armée israélienne, a déclaré que

« plus de 20 des otages sont des adolescents et de jeunes enfants, alors qu’entre 10 et 20, par contre, sont des personnes de plus de 60 ans ».

Parmi les captifs

« figurent des douzaines de citoyens des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France et d’autres pays ».

Les dirigeants du Hamas ont dit qu’ils utiliseraient les captifs pour garantir la libération de tous les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes – environ 5 200, actuellement – ainsi que celle des Palestiniens purgeant de très longues peines de prison aux États-Unis suite à des accusations de financement du terrorisme dans le cadre de leur travail caritatif pour Gaza.

L’organisation a probablement conclu qu’elle disposait de suffisamment de prisonniers de guerre de l’armée israélienne, dont des officiers, et que tout bénéfice potentiel de la détention de ressortissants étrangers non militaires était très nettement contrebalancé par leur coût en relations publiques, sans parler de la difficulté de les garder en sécurité et sous protection.

Ses déclarations à propos de la libération des deux Américaines vendredi indiquent que, malgré la campagne américaine et israélienne de diabolisation tentant de l’assimiler à l’EI (Daech) et de le considérer comme étranger à la lutte de libération nationale, le Hamas est toujours très attentif à l’opinion publique mondiale.

Entre-temps, les chefs militaires et dirigeants politiques israéliens ont dit qu’ils allaient prioritairement faire passer la destruction du Hamas avant de s’assurer de la libération des captifs.

Nir Barkat, le ministre israélien de l’économie et membre du cabinet sécuritaire du pays, a déclaré que l’armée israélienne avait le « feu vert » pour lancer une invasion terrestre de Gaza. Il a expliqué à ABC News que

« les otages et les victimes civiles passeraient après la destruction du Hamas, ‘même si cela doit prendre une année’ ».

Jeudi, Yoav Galant, le ministre israélien de la défense, a déclaré aux troupes israéliennes massées près de Gaza que l’ordre d’une invasion terrestre allait venir bientôt.

Galant a dit vendredi que, parmi les objectifs d’Israël à Gaza, il était prévu d’éliminer le Hamas

« en détruisant ses capacités militaires et gouvernementales, écartant toute responsabilités d’Israël vis-à-vis de Gaza en créant un nouveau ‘régime sécuritaire’ dans la bande »,

a rapporté The Times of Israel.

20 octobre 2023. Des Palestiniens pleurent les membres de leurs familles tués lors du bombardement israélien de l’hôpital al-Aqsa à Deir al-Balah.

20 octobre 2023. Des Palestiniens pleurent les membres de leurs familles tués lors du bombardement israélien de l’hôpital al-Aqsa à Deir al-Balah. (Photo : Atia Darwish / APA images)

 

Galant a ajouté que les frappes aériennes intensives en cours contre Gaza constituaient la première phase de la campagne militaire israélienne, qui sera suivie par une

« manœuvre terrestre dans le but de détruire les agents et d’endommager les infrastructures et ce, afin de vaincre et de détruire le Hamas ».

L’emploi du terme « manœuvre » pourrait constituer un signal subtil de ce qu’il s’agira d’une opération moins ample qu’une invasion à grande échelle ou, du moins, qu’Israël n’a pas l’intention de rester à l’intérieur de Gaza en permanence.

La semaine dernière, Biden, sur qui Israël compte pour un soutien militaire et politique, a mis en garde publiquement Tel-Aviv en disant que ce serait une « grossière erreur » que de réoccuper Gaza en permanence.

La deuxième phase, selon Galant, « sera de continuer à combattre mais avec une moindre intensité, lorsque les soldats s’emploieront à ‘éliminer les poches de résistance’ », rapportait The Times of Israel.

La troisième phase, a poursuivi Galant, impliquerait la création d’« une nouvelle réalité sécuritaire pour les citoyens d’Israël et les résidents » des colonies de la région de Gaza.

Le bureau de presse du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré vendredi que le but d’Israël à Gaza était

« l’élimination du Hamas. Toute mention de décisions de transférer la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne ou quelque autre parti est un mensonge ».

À propos du podcast en direct de The Electronic Intifada vendredi, le commentateur Jon Elmer a déclaré qu’il serait difficile pour Israël de réaliser ses objectifs avoués.

Israël avait maintenu des colonies civiles et des bases militaires à l’intérieur de Gaza, mais il les avait abandonnées en 2005 du fait qu’il était incapable de les protéger contre les attaques de plus en plus sophistiquées de la résistance, dont celles organisées à partir de souterrains contre les forces israéliennes.

Selon Elmer, il serait pratiquement impossible pour Israël d’atteindre le réseau à grande profondeur des tunnels du Hamas sous Gaza – qui pourrait atteindre 500 milles (800 km) – et ce même réseau procurera à la résistance la capacité de tenter des sorties et d’émerger de façon imprévisible ou incontrôlable pour Israël.

Toutefois, Israël est certain d’infliger davantage encore de pertes humaines et de destruction à Gaza au cours de l’une ou l’autre invasion terrestre.

 

Les développements majeurs

Le passage de Rafah

Vendredi, lors d’une conférence de presse organisée du côté égyptien du passage de Rafah, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a déclaré que les camions

« chargés d’eau, de carburant, de médicaments et de nourriture » qui attendaient d’entrer à Gaza « ne sont pas que des camions. Ils sont aussi une bouée de sauvetage ».

Depuis près de deux semaines, Israël impose un siège total à Gaza, empêchant le transfert de nourriture, de carburant, d’eau, d’électricité et de fournitures médicales vers le territoire.

Antonio Guterres a expliqué que l’ONU « était activement engagée » avec l’Égypte, Israël et les États-Unis pour clarifier les conditions et restrictions imposées à l’entrée de l’aide humanitaire nécessaire de toute urgence à Gaza. Guterres a expliqué qu’« un cessez-le-feu humanitaire est une précondition pour la fourniture d’aide humanitaire ».

D’une manière significative, Guterres n’a pas réclamé un cessez-le-feu immédiat ni n’a exigé qu’Israël rebranche immédiatement la distribution d’eau à Gaza et mette un terme à son blocus via les passages qu’il contrôle.

Comme l’a fait remarquer Human Rights Watch, Israël, en tant que puissance occupante, est tenu par la Quatrième Convention de Genève de faire en sorte que la population de Gaza reçoive ces denrées essentielles à sa survie. Les retenir délibérément constitue un crime de guerre.

Reuters a déclaré que Guterres avait été « submergé par les protestataires égyptiens qui scandaient des slogans propalestiniens chaque fois qu’il parlait ».

La Société du Croissant-Rouge de Palestine a dit que « ses équipes sont prêtes et attendent » de recevoir et distribuer l’aide du côté gazaoui du passage de Rafah.

Jan Egeland, le chef du Conseil norvégien des réfugiés, s’était montré extrêmement critique à l’égard de l’accord dégagé lors de la visite du président américain Joe Biden en Israël et qui prévoit de transférer l’aide humanitaire à Gaza via l’Égypte.

« Les diplomates sont très à la traîne quand il s’agit de répondre à une urgence de plus en plus explosive », a déclaré Egeland au Washington Post jeudi.

« Il vous faut un cessez-le-feu et vous avez besoin d’un accès massif via plusieurs passages, même pour être prêts à répondre aux besoins les plus urgents, puisque, aujourd’hui, c’est toute la population qui est dans le dénuement. »

Egeland d’ajouter que

« il est scandaleux de retenir les secours d’urgence pour les enfants, les femmes et les familles du fait que l’on craint un détournement de l’aide. La majeure partie de ce qui entre, les combattants en sont bien pourvus, ils n’ont pas besoin d’eau en bouteille ni de talc pour bébé ».

Washington s’oppose à une trêve humanitaire aux hostilités armées parce que, dit-il, cela va se mettre en travers de la voie diplomatique. Les États-Unis, toutefois, ne poursuivent aucun effort diplomatique destiné à résoudre les causes sous-jacentes de cette dernière conflagration violente sans précédent.

Chris Gunness, l’ancien chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza, a accusé les EU d’avoir accordé à Israël une « période de grâce » pour concrétiser ses objectifs de guerre et « continuer de tuer des civils ». Il a déclaré que l’accord assuré par Biden afin que l’aide entre par l’Égypte avait « consisté à utiliser l’aide internationale comme un outil politique et que c’était condamnable ».

-Lorsqu’il a rencontré son homologue russe au Qatar, l’envoyé de la Chine au Moyen-Orient a

« identifié la cause de la crise entre Israël et Gaza concernant le manque de garantie en faveur des droits palestiniens comme une étape intermédiaire dans le conflit »,

a rapporté Reuters vendredi. La Chine est alignée sur la Russie, concernant la crise à Gaza, et les représentants des deux États sont arrivés au Qatar dans un effort en vue d’une désescalade.

-Vendredi, Israël a annoncé ses plans d’évacuation de plus de 20 000 personnes de Kiryat Shmona, une ville située à proximité de la frontière libanaise, après des échanges nourris de coups de feu de part et d’autre de la frontière la veille. L’Institut israélien de la démocratie estime que 300 000 Israéliens ont été déplacés au niveau interne depuis le 7 octobre, dont 30 000 déplacés du nord en raison de tirs de roquettes depuis le Liban et la Syrie, et le reste des régions à proximité de la frontière de Gaza.

-On rapporte qu’une mutinerie couve au sein du département d’État américain, dont des fonctionnaires auraient dit au HuffPost que le secrétaire d’État Antony Blinken et ses principaux conseillers ignorent les inquiétudes formulées dans

« les conseils de leurs propres experts quand ils se concentrent sur le soutien à l’expansion de l’opération israélienne contre Gaza ».

Ces fonctionnaires ont déclaré que les diplomates préparaient « un message de dissidence » afin de mettre en garde contre le fait que les EU commettaient une grave erreur. Il a été rapporté la semaine dernière qu’une directive du département d’État voulait dissuader les diplomates de recourir à un langage mettant l’accent sur une restauration du calme.

-Plus de 850 membres du personnel de l’Union européenne ont adressé une lettre à Ursula von der Leyen, la présidente non élue de la Commission européenne, pour protester contre son soutien inconditionnel à Israël. Ils lui ont fait part de leurs inquiétudes à propos de

« l’indifférence apparente affichée ces quelques derniers jours par notre institution envers le massacre en cours de civils dans la bande de Gaza, au mépris des droits humains et des lois humanitaires internationales ».

 

Amnesty réclame un embargo sur les armes

Amnesty International a fait savoir vendredi qu’il

« avait répertorié des attaques israéliennes illégales, y compris des attaques dénuées de la moindre discrimination, qui avaient causé des pertes massives en vies humaines et qui, pour la plupart, nécessitaient des enquêtes en tant que crimes de guerre ».

Amnesty a fait remarquer que, « dans certains cas », les frappes d’Israël « avaient anéanti des familles entières ».

Agnès Callamard, la directrice d’Amnesty International, a déclaré que

« les alliés d’Israël devaient imposer immédiatement un embargo total sur les armes au vu des violations graves du droit international qui étaient commises ».

Elle a demandé à la Cour pénale internationale d’accélérer

« son enquête en cours sur les preuves des crimes de guerre et autres violations des lois internationales par toutes les parties. Sans justice et sans démantèlement du système israélien d’apartheid à l’égard des Palestiniens, il ne peut y avoir de fin aux horribles souffrances civiles auxquelles nous assistons ».

Amnesty a réclamé la cessation du siège total de Gaza par Israël et la levée de son très long blocus imposé au territoire. À Israël, il a demandé d’annuler son « ordre d’évacuation » dans la moitié nord de la bande de Gaza, « qui peut équivaloir à une déportation forcée de la population ».

 

La situation sur le terrain à Gaza

Israël menace un hôpital de la ville de Gaza

La Société du Croissant-Rouge de Palestine a réclamé d’urgence une intervention internationale en vue d’éviter « une autre catastrophe comme celle de l’hôpital al-Ahli ». Elle avait dit avant cela que l’armée israélienne avait ordonné l’évacuation de l’hôpital al-Quds de Gaza, où se trouvent actuellement plus de 400 patients et quelque 12 000 personnes déplacées qui s’y sont réfugiées.

Vendredi, à la suite des menaces à l’adresse de l’hôpital al-Quds, le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis l’accent sur le fait qu’

« il est impossible pour ces hôpitaux surpeuplés d’évacuer des patients en toute sécurité (…) ils doivent être protégés ».

Il n’y a pas moyen de déplacer en sécurité des milliers de patients, dont certains dépendent d’équipements destinés à les maintenir en vie. Il y a peu de carburant et insuffisamment d’ambulances ou de personnel pour les déplacer.

Il n’existe pas de routes d’évacuation qui soient sûres et il n’y a nulle part où aller. Tous les hôpitaux de Gaza – pour autant qu’ils fonctionnent encore – travaillent bien au-dessus de leur capacité, avec leurs réserves de carburant pour les générateurs qui sont presque épuisées, leurs approvisionnements en baisse et leurs travailleurs médicaux épuisés et traumatisés.

Le médecin urgentiste venu du Canada, le Dr Tarek Loubani, qui a fréquemment travaillé à l’hôpital al-Shifa de Gaza et qui maintient le contact avec ses confrères sur place, a expliqué vendredi, sur le podcast en direct de The Electronic Intifada, que les médecins de Gaza ne pouvaient plus désormais que dispenser les soins les plus élémentaires.

Au milieu d’un déluge incessant de blessures graves, les médecins sont forcés de prendre des décisions à propos des patients qui peuvent recevoir un peu plus de soins de santé – très rationnés –, en sachant que ces décisions peuvent signifier que de nombreux patients que l’on aurait pu sauver avec des soins appropriés vont vraisemblablement mourir.

L’ONU a fait savoir jeudi que l’OMS avait répertorié « 59 attaques contre les soins de santé, lesquelles avaient affecté 26 sites de soins (dont 17 hôpitaux ayant subi des dégâts) et 23 ambulances ». Quatre hôpitaux de la moitié nord de Gaza ont été évacués et « ont cessé d’être opérationnels ».

Michael Ryan, un directeur de programme à l’OMS, a dit jeudi que « les dégâts des sites de soins, les explosions qu’ils avaient subies, que ce soit par accident ou intentionnellement, sont une résultante de la guerre et sont considérés comme des actes interdits par les lois internationales ».

Vendredi, le Dr Mads Gilbert a déclaré qu’il avait été informé par un confrère de l’hôpital al-Quds que « nous avons pris une décision. Nous ne laisserons pas nos patients derrière nous », ce qui voulait dire qu’ils n’évacueront pas.

 

Les pertes de Gaza en vies humaines

Le ministère de la santé de Gaza a fait savoir vendredi que le nombre de décès pour le territoire depuis le 7 octobre s’élevait à 4 137 personnes, alors que plus de 13 000 avaient été blessées. Le ministère a également déclaré vendredi soir (heure locale) que, au cours des dernières 24 heures, l’armée israélienne « avait commis 37 massacres contre des familles de la bande de Gaza », tuant plus de 350 personnes et en blessant près de 670.

Defense for Children International – Palestine (DCI-P), citant le ministère de la santé, a déclaré vendredi que plus de 1 660 enfants palestiniens avaient été confirmés tués depuis le 7 octobre, que 4 000 autres étaient blessés « et que des centaines étaient toujours manquants sous les décombres ».

Le bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires a dit que, le 15 octobre, environ

« 100 corps non identifiés avaient été ensevelis dans une fosse commune à Rafah, en raison du manque d’espace réfrigérés pour les garder jusqu’au moment d’effectuer les procédures de reconnaissance ».

L’ONU a ajouté que

« cette mesure avait été prise après qu’avaient surgi des préoccupations environnementales et humaines à propos de la décomposition des corps ».

Mercredi, le ministère de la santé de Gaza avait rapporté que

« 79 familles avaient perdu 10 de leurs membres ou plus ; 85 familles avaient perdu entre 6 et 9 membres et 320 familles en avaient perdu entre deux et cinq ».

 

L’église orthodoxe endommagée par les bombardements israéliens

Le patriarcat orthodoxe de Jérusalem a condamné une frappe aérienne israélienne qui, jeudi, a touché le site de l’église orthodoxe Saint-Porphyre, à Gaza, où s’étaient réfugiées des personnes déplacées. Le patriarcat a appelé cela « un crime de guerre qui ne peut être ignoré ». Vendredi, le ministère de la santé de Gaza a dit que 16 personnes avaient été tuées à l’église.

L’armée israélienne a nié que l’église ait été la cible de la frappe et a dit qu’en fait, elle visait un centre de commandement, très proche, du Hamas – un prétexte déjà utilisé dans le passé pour justifier la destruction de sites civils.

Une vidéo montrait une messe funèbre qui avait lieu à l’église, située à quelque 120 mètres de l’hôpital al-Ahli où des centaines de personnes ont été tuées mardi. On voyait les corps des victimes emballés dans des linceuls blancs et des housses blanches en plastique :

 

Israël détruit des immeubles à al-Zahra

Vendredi, les bombes israéliennes ont rasé 25 immeubles à appartements à al-Zahra, une ville du sud de Gaza. Des résidents ont expliqué à Reuters qu’ils

« avaient reçu des messages israéliens de mise en garde sur leurs mobilophones à l’heure du petit déjeuner et que, dix minutes okus tard, il y avait eu une première frappe par un petit drone. Vingt autres minutes plus tard, des avions de combat F-16 avaient anéanti complètement les immeubles dans d’énormes explosions et nuages de fumée ».

Le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU dit que 30 pour 100 des logements de Gaza ont été détruits, rendus inhabitables ou de légèrement à modérément endommagés au cours de l’offensive militaire israélienne. Plus d’un million de personnes ont été déplacées au niveau interne dans l’enclave, selon l’ONU, et plus d’un demi-million d’entre elles séjournent dans près de 150 abris de l’ONU, et ce, « dans des conditions de plus en plus pénibles ».

 

Des boulangeries endommagées par des frappes israéliennes

Deux boulangeries de Gaza ont été endommagées jeudi par des frappes aériennes israéliennes, compliquant encore un peu plus l’accès à du pain frais, a déclaré l’ONU.

On signale que vingt personnes ont été tuées par une frappe aérienne dans les environs immédiats d’une boulangerie de Gaza et cinq autres ont été tuées dans une autre frappe, très près d’une boulangerie du camp de réfugiés de Nuseirat.

Une autre boulangerie encore – l’une des six à avoir un contrat du Programme alimentaire mondial – a été endommagée le 18 octobre et « n’est plus opérationnelle ».

« La plupart des autres boulangeries sont incapables de travailler en raison de la pénurie d’ingrédients essentiels, particulièrement la farine de blé, dont on s’attend à la voir épuisée dans moins d’une semaine »,

a déclaré l’ONU. « Un seul des cinq moulins de Gaza fonctionne encore. »


Des membres du personnel de l’UNRWA ont été tués

L’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a déclaré que huit personnes avaient été tuées, dont trois de son personnel, dans une frappe contre l’une de ses écoles du camp de réfugiés d’al-Maghazi, mercredi. Quatre mille personnes déplacées s’abritaient dans l’école au moment où elle a été touchée.

L’agence a confirmé que 16 membres de son personnel à Gaza ont été tués depuis le 7 octobre, bien que leur nombre « soit susceptible d’être bien plus élevé ». Outre les huit personnes tuées à al-Maghazi, une centaine de personnes déplacées qui se sont réfugiées dans ses écoles ont été blessées.

L’UNRWA a déclaré que

« ses abris sont bondés et qu’ils ont des réserves très limitées de nourriture, d’eau potable, de fourniture d’hygiène et de toilette. Ces conditions très pénibles, encore aggravées par le traumatisme dû à la guerre, se sont mises à alimenter les tensions »

entre les personnes réfugiées dans ses bâtiments.


Le massacre de l’hôpital al-Ahli

Une analyse préliminaire par les organisations Forensic Architecture, Al-Haq et Earshot

« jette un doute significatif sur les allégations israéliennes disant que la source de l’explosion mortelle qui a tué mardi des centaines de civils à l’hôpital al-Ahli de Gaza « était une roquette tirée par les Palestiniens et qui s’était déplacée de l’ouest vers l’est ».

Les organisations ont dit qu’

« une enquête conclusive autour de cette attaque requiert le plein accès au site et à des fragments de munitions, de même que des interviews de témoins. Nous poursuivons notre travail autour de cette affaire et réaffirmons notre solidarité avec les Palestiniens agressés, dont nos amis et nos collègues ».

Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré jeudi que l’administration Biden ne croyait pas qu’une enquête interne sur la frappe meurtrière contre l’hôpital « soit appropriée en ce moment ». Miller a affirmé que le gouvernement israélien

« avait libéré une grande quantité de preuves soutenant leur allégation disant qu’il s’agissait d’une attaque avec une roquette mal tirée »

et il a ajouté que les EU se chargeaient de leur propre évaluation des faits.

Miller a ajouté :

« Nous avons montré très clairement que nous nous attendons à ce qu’Israël mène ses opérations en conformité avec les lois internationales (…) et qu’il fasse le maximum possible pour protéger les civils de tout préjudice ».

Toutefois, Israël n’a pas fourni de preuves directes étayant ses allégations disant que le missile qui a frappé l’hôpital al-Ahli était une roquette palestinienne qui avait été mal tirée.

De plus, un enregistrement audio diffusé par Israël et prétendant qu’il s’agissait d’un appel intercepté entre deux agents du Hamas reconnaissant que le bombardement d’al-Ahli avait été causé par une roquette, est probablement un fake.

Une analyse digitale de cet enregistrement réalisée dans le cadre de l’enquête préliminaire effectuée par Forensic Architecture, Al-Haq et Earshot a découvert que cet enregistrement a subi des manipulations et ne peut donc être utilisé comme source crédible de preuve .


Les vies perdues de Gaza

Des rapports sur les dernières victimes et les hommages qu’on leur a rendus ont continué d’être publiés dans les médias sociaux :

https://twitter.com/JareerKassis/status/1715170323744555153?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1715170323744555153%7Ctwgr%5E827257dbeb8870b718e6db83d4b668d20d0a085f%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fmaureen-clare-murphy%2Ftwo-american-women-are-first-captives-released-hamas

https://twitter.com/MosabAbuToha/status/1715088748667404324?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1715088748667404324%7Ctwgr%5E827257dbeb8870b718e6db83d4b668d20d0a085f%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fmaureen-clare-murphy%2Ftwo-american-women-are-first-captives-released-hamas

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 18 octobre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine


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