« Nos armes sont légitimes » ou la naissance de la Brigade Aqbat Jabr

Dans le sillage des dix jours de siège d’Israël contre Jéricho, les habitants du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr se rassemblent autour des martyrs d’une nouvelle organisation de résistance armée qui a vu le jour parmi eux.

Aqbat Jabr, un drapeau palestinien flotte au-dessus de la maison des martyrs (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

Un drapeau palestinien flotte au-dessus de la maison des martyrs Ra’fat et Ibrahim Oweidat. (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

 

Mariam Barghouti, 9 février 2023

Vêtu d’une veste noire et coiffé d’un bonnet censé tenir le froid à distance, Wael Oweidat réfléchit à l’assassinat de ses fils.

Plus tôt, ce matin du 6 février, l’armée israélienne a fait irruption à Aqbat Jabr, en dehors de Jéricho, le camp de réfugiés où Wael Oweidat a élu domicile.

L’objectif de l’armée était aussi clair que meurtrier – assassiner les deux combattants de la résistance soupçonnés de la tentative de fusillade contre un restaurant à l’extérieur de la colonie israélienne illégale d’Almog, dix jours plus tôt. Ces combattants étaient le fils de Wael, Ra’fat Oweidat, et l’ami d’enfance et compagnon d’armes de son fils, Malek Lafi.

Ce jour-là, l’armée les a tués ainsi que trois autres combattants de la résistance palestinienne, tout en blessant une douzaine d’autres personnes. L’autre fils de Wael, Ibrahim, en faisait partie. Les deux autres étaient Adham Oweidat et Thaer Oweidat.

Ra’fat Oweidat et Malek Lafi avaient respectivement 21 et 22 ans. Ibrahim Oweidat, 27 ans, a été tué au cours de confrontations au moment où les soldats visaient son frère cadet et Malek Lafi. Les deux autres hommes, Thaer Oweidat, 28 ans, et Adham Oweidat, 22 ans, ont également été tués dans leur tentative de protéger les deux jeunes hommes (qui étaient en fait leurs cousins).

Tous ont été abattus et tués en affrontant l’armée israélienne.

« Dans ce monde d’êtres humains », dit Wael à Mondoweiss, « il n’y a pas de justice pour l’humanité. »

Les assassinats ont eu lieu après dix jours de chasse à l’homme et de siège militaire du district de Jéricho. Ce n’est que onze jours plus tard que l’armée israélienne avait perpétré un massacre au camp de réfugiés de Jénine dans le cadre de ses années d’efforts en vue d’éradiquer la résistance armée palestinienne. L’opération avait été baptisée « Briser la vague » (ou « Brise-lame »).

Wael Oweidat à l’extérieur de la veillée funéraire pour ses deux fils martyrs. (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

Wael Oweidat à l’extérieur de la veillée funéraire pour ses deux fils martyrs (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

 

Les assassinats du 6 février

« À 22 h 30 ou 23 h, les forces spéciales sont venues et ont arrêté deux hommes, Ameer Hmeidat et Ahmad Hmeidat »,

explique à Mondoweiss une femme qui fait partie de la communauté du camp, Sondos Dama, 23 ans, alors qu’elle se trouve sur le site des assassinats.

Deux mares de sang ont taché le béton de petites éclaboussures à peine visibles.

« À 3 h du matin a débuté la confrontation avec l’armée »,

rappelle Sondos, dont les yeux retiennent les larmes.

« Les voisins ont vu Malek Lafi près des fenêtres »,

poursuit Sondos, répétant les récits qui ont été véhiculés depuis par les membres de la communauté à propos des derniers jours des combattants de la résistance.

« Il était là, il tentait de voir sa mère en face de sa maison. »

Non seulement la mère de Malek Lafi a perdu son fils, mais également son second fils, Mohammad Lafi, qui a également été arrêté ce matin, en même temps que le père d’Adham Oweidat, Majdi, que Ra’fat et le frère d’Ibrahim, Abed Al-Hafith, ainsi que le frère de Thaer Oweidat, Muhammad.

« Ils ont été assassinés ici, en cet endroit même »,

dit Sondos, en regardant autour d’elle au moment où elle pointe le doigt sur les lieux, comme si elle cherchait quelque chose à montrer après ce qu’elle vient de dire. Ensuite, elle me regarde à nouveau comme pour s’excuser, et elle dit :

« Leurs corps ont été emportés, voyez-vous. »

« Sa mère a dit qu’elle sentait qu’il était tout près de la maison »,

dit Sondos.

« Mais lui ne pouvait toujours pas la voir. »

Le sourire sur son visage de 23 ans disparaît.

La pratique israélienne de la confiscation punitive des corps des combattants de la résistance abattus est aussi vieille qu’elle n’est brutale et illégale. Les corps des cinq combattants de la résistance d’Aqbat Jabr se sont ajoutés aux 127 autres corps palestiniens auxquels l’enterrement a été refusé. Qui plus est, les caméras qui ont filmé le crime ont été soit confisquées par l’armée israélienne soit détruites au cours de l’invasion.

Vers 10 h du matin, les nouvelles du massacre dans le camp s’étaient répandues. Les villes de Cisjordanie proclamaient une grève générale alors que les mouvements politiques appelaient à des confrontations au vu de l’invasion de Jéricho par l’armée israélienne ce matin même.

Ce soir, les ruelles du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr semblaient grouiller d’enfants et d’adolescents. Le fait de cibler les hommes et les jeunes signifiait qu’il restait un risque d’incursion. La jeune génération était dehors dans les rues, montant la garde et prête à défendre ses foyers.

Des jeunes dans les rues du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, le 6 février 2023 (Photo : Mariam Barghouti / Mondoweiss)

Des jeunes dans les rues du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, le 6 février 2023 (Photo : Mariam Barghouti / Mondoweiss)

 

Des jeunes patrouillent dans les rues du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, le 6 février 2023.

Des jeunes patrouillent dans les rues du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, le 6 février 2023.

 

Des enfants d’Aqbat Jabr ramassant des balles abandonnées après l’invasion très tôt le matin , le lundi 6 février 2023. (Photo : Akram Al-Wa’ra / Mondoweiss)

Des enfants d’Aqbat Jabr ramassant des balles abandonnées après l’invasion très tôt le matin , le lundi 6 février 2023. (Photo : Akram Al-Wa’ra / Mondoweiss)

 

La semaine précédente

Au cours des dix jours de chasse à l’homme qui ont suivi, les deux hommes ont été dans l’impossibilité d’entrer en contact avec leurs familles, par crainte pour leur sécurité – et pour une bonne raison. Le même jour de la tentative d’attentat par balles de Ra’fat et de Malek, le 28 janvier, les forces israéliennes avaient envahi le camp et blessé au moins six Palestiniens.

Dans les dix jours suivants, l’armée israélienne a procédé à plusieurs incursions dans le camp et elle a imposé un siège au district de Jéricho, démolissant en guise de punition les maisons familiales des gens soupçonnés d’être des combattants de la résistance et arrêtant plus de 35 Palestiniens, dont deux enfants, rapporte la Société des prisonniers palestiniens.

Deux jours avant les assassinats du 6 février, le 4, l’armée lançait un raid massif contre le camp, lequel raid se soldait par l’incapacité de l’armée de situer les combattants.

Samedi 4 février 2023. Check-point volant au point de sortie de Jéricho. (Photo : Mariam Barghouti / Mondoweiss)

Samedi 4 février 2023. Check-point volant au point de sortie de Jéricho. (Photo : Mariam Barghouti / Mondoweiss)

 

« Il y avait entre 70 et 100 jeeps »,

dit à Mondoweiss un garde de 14 ans qui se tient à l’entrée du camp.

Toujours occupées à traquer les deux hommes, identifiés plus tard comme Ra’fat Owedat et Malek Lafi, les troupes israéliennes ont essaimé dans le camp avec des bulldozers, tout en lançant des gaz lacrymogènes et en tirant à balles réelles.

« Des soldats partout »,

poursuit l’adolescent d’une voix ferme et pourtant horrifiée.

« Partout où l’on regardait, il y avait des soldats. »

Après avoir réalisé plusieurs interviews de résidents du camp, il devient clair que les propos du jeune garçon n’ont rien d’exagéré.

Ce même jour uniquement, au moins 18 Palestiniens du camp de réfugiés ont été arrêtés dans l’intention soit d’attirer les combattants de la résistance hors de leurs cachettes, soit de collecter des informations pouvant mener aux endroits où ils se trouvaient.

4 février 2023. Des véhicules militaires israéliens lors d’un raid de l’armée dans le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, à Jéricho. (Photo : APA Images)

4 février 2023. Des véhicules militaires israéliens lors d’un raid de l’armée dans le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, à Jéricho. (Photo : APA Images)

 

La plupart des personnes arrêtées étaient soit des parents directs soit des amis proches des combattants suspectés. Selon des membres de leurs familles, les personnes arrêtées ont été interrogées par les renseignements israéliens opérant en conjonction avec l’armée. Nombre d’entre eux ont été placés sous la contrainte et soumis à de mauvais traitements, sans même avoir droit à la présence d’un avocat. Le père d’Adham, le frère de Lafi et le troisième frère de Ra’fat et d’Ibrahim, tous sont encore sous la garde d’Israël au moment d’écrire ces lignes, après que leur détention a été prolongée pour six jours de plus le mercredi 8 février.

« En mettant de côté l’assassinat de mes enfants, voyez ce qui s’est passé [le 4 février] »,

déclare Wael Oweidat à Mondoweiss.

« Alors qu’il n’y avait personne dans les maisons, voyez ce qu’ils ont fait, à ces maisons »,

dit-il en montrant du bras l’allée qui mène aux quatre maisons, toutes les quatre criblées de balles ou partiellement endommagées.

Sans confirmer l’identité spécifique des hommes, les forces israéliennes ont ciblé plusieurs maisons appartenant aux familles Oweidat et Lafi et à leurs voisins, criblant toutes ces maisons de balles.

6 février 2023. Mariam Barghouti s’entretenant avec Yahya Oweidat et ses cousins. (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

6 février 2023. Mariam Barghouti s’entretenant avec Yahya Oweidat et ses cousins. (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

 

« S’il y avait eu quelqu’un à la maison, il aurait été tué »,

dit à Mondoweiss Yahiya Oweidat, un cousin de Thaer Oweidat.

« Personne n’était à la maison, Dieu merci »

dit-il, couvrant son corps d’un vert manteau d’hiver bédouin qui appartenait à l’un des martyrs. Les maisons avaient été évacuées de force et les enfants avaient été récupérés par des membres de la famille lors de l’invasion militaire.

« Ils n’ont pas du tout cessé de tirer, tirer et encore tirer, et le bulldozer a détruit cette pièce particulièrement »,

dit Yahiya, montrant du doigt ce qui restait des meubles de la salle de séjour, qui n’étaient pas sous les décombres de ce qui avait été un mur quelque temps plus tôt.

« Vous comprenez ? »,

demande-t-il avec un sourire peiné.

« Il n’y avait personne à l’intérieur de la maison, mais ils n’ont pas cessé de la démanteler, comme par vengeance. »

En regardant un bout de tuyau toujours debout en dehors de la fenêtre d’une salle de séjour partiellement détruite, Yahya sourit à nouveau.

« Ra’fat faisait des tractions sur ce tuyau »,

dit-il.

La salle de séjour de Ra’fat Owedat partiellement démolie lors de l’invasion du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, le 4 février 2023. Photo prise le lundi 6 février 2023. (Photo : Mariam Barghouti / Mondoweiss)

La salle de séjour de Ra’fat Owedat partiellement démolie lors de l’invasion du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, le 4 février 2023. Photo prise le lundi 6 février 2023. (Photo : Mariam Barghouti / Mondoweiss)

 

La communauté laissée derrière

La remorque de bois truffée de balles où Ra’fat Oweidat et Malek Lafi s’étaient cachés est située juste à l’extérieur du camp, près du complexe de villas de Rawnaq qui s’est développé récemment.

Le conteneur en bois où les combattants de la résistance s’étaient cachés  (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

Le conteneur en bois où les combattants de la résistance s’étaient cachés (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

 

« Nous revenions tout juste de la maison de la mère de Malek, et directement ici »,

dit Sondos qui se tient près de sa mère, toutes deux n’ayant pas encore assimilé la perte.

« Il n’y a pas de mots »

soupire-t-elle.

En dépit des meurtres extrajudiciaires et des punitions collectives continuelles de la part des Israéliens, l’expansion récente de la résistance armée au sud de la Cisjordanie démontre que la dissuasion de marchera pas. La seule chose qu’on constate à chaque perte, c’est que l’urgence de la confrontation ne semble que s’imprimer plus encore dans les esprits de la jeunesse palestinienne, qui a grandi en ayant expérimenté ces pertes elle-même, de première main.

Légende photo : Le conteneur en bois où les combattants de la résistance s’étaient cachés. (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

« Malek et Ra’fat étaient également des camarades de classe, ils jouaient toujours au football ensemble »,

dit Yahiya, en riant et en interrompant provisoirement le silence des personnes en deuil.

Les jeunes gens et les garçons qui se sont rassemblés autour de lui – la plupart sont des membres de la famille d’au moins un des jeunes abattus – commencent à évoquer des souvenirs des derniers matches de football.

« Malek est pour le FC Barcelone, sans compromis »,

dit Yahiya et, cette fois, tout les autres rient aussi.

L’entrée de la maison d’Ibrahim et de Ra’fat était pleine de plantes, avec leurs couleurs en contraste violent face à la poussière dorée des montagnes de Jéricho. Lors du premier raid contre le camp, deux jours avant les assassinats, une ligne de snipers israéliens avait pris position sur cette même montagne. Juste en dessous d’eux, il y avait les lettres du mot « Al-Qassam », en référence à l’aile militaire du Hamas.

Ra’fat avait sculpté ces lettres en pierre lors de la pandémie de COVID-19, il y a près de deux ans, selon les jeunes du camp.

Bien vite, les traces de sang et les impacts de balles sont devenus les seuls témoignages visibles des assassinats et de la férocité du combat qui les a précédés, alors que les combattants de la résistance y allaient d’un baroud d’honneur contre la pleine force de l’armée israélienne.

Près de la scène sanglante, deux voitures aux vitres teintes se garent, avec trois hommes à bord de chacune. Ils surveillent les visiteurs, principalement des gens des médias ou des gens endeuillés du camp.

« Ne marchez pas dans le sang »,

réprimande l’un des passagers par sa fenêtre ouverte.

Le caractère protecteur avec lequel chaque membre de la communauté traite le site du martyre est particulièrement éloquent et trahit une orgueilleuse loyauté envers ceux d’entre eux qui ont décidé de prendre les armes.

C’est apparu clairement quand un proche de l’un des hommes abattus m’a regardée et m’a refusé une interview, pointant en lieu et place un doigt vers le sang sur le sol.

« Ce sang est sacré. Ce sang est tout ce que nous avons en ce moment même »,

a-t-il dit.

Ce matin même du 9 février, les forces israéliennes ont poursuivi leurs incursions à Aqbat Jabr, envahissant une fois de plus le camp de réfugiés. Sa’ed Fakhr Oweidat, le frère de l’un des hommes blessés lors du raid du 6 février, a été arrêté.

 

L’apparition de nouvelles organisations armées

À plusieurs mètres de la scène des assassinats, et plus près des maisons des hommes abattus, une salle de recueillement a été aménagée. Wael Oweidat y reçoit les condoléances de la communauté.

La veillée funèbre des martyrs du 6 février. (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

La veillée funèbre des martyrs du 6 février. (Photo : Akram al-Wa’ra / Mondoweiss)

 

« Qu’est-ce qui fait que ces garçons décident de se battre ? »,

demande Wael pour la forme.

« Chaque année, il y a plus de crimes [commis par Israël] »,

dit-il, au moment où un groupe d’hommes et de jeunes opinent pour marquer leur accord.

Ces crimes ont poussé une génération entière à prendre les armes. Alors que la majeure partie de la résistance en 2022 était concentrée dans les districts de Naplouse et de Jénine, une nouvelle brigade armée a pris forme cette année dans le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, en se baptisant « Brigade Aqbat Jabr ».

Des rapports d’information ont associé cette nouvelle organisation armée aux Brigades Izz al-Din al-Qasam, l’aile armée du Hamas, mais le compte Telegram de la Brigade Aqbat Jabr se définit de façon quelque peu différente. Le même après-midi que les assassinats, le compte a publié une déclaration à l’adresse du public pleurant

« le dirigeant et héros Thaer Khaled Oweidat Muqaiti, le cofondateur de la Brigade Saraya al-Quds–Aqbat Jabr ».

Saraya al-Quds, ou les Brigades Al-Quds, constituent l’aile militaire du mouvement du Djihad islamique palestinien (DIP). Thaer Oweidat était connu des résidents du camp comme faisant partie du DIP. Pour sa famille, toutefois, Thaer était connu simplement sous le nom d’Abu Muhammad, un père de quatre enfants.

« Le téléphone de Thaer était rempli d’images de martyrs »,

dit Yahiya, et deux de ses cousins font signe que c’est vrai. L’un des deux se met à réciter les noms des martyrs dont il a vu les photos sur le téléphone de Thaer. La plupart des noms sont ceux de martyrs de l’an dernier.

L’an dernier, deux organisations de la résistance armée avaient pris forme à Jénine et à Naplouse – la « Brigade de Jénine » et la « Brigade de Naplouse ». Au début, toutes deux étaient considérées comme des branches locales de l’organisation élargie Saraya al-Quds. À mesure que l’année avançait, toutefois, les deux organisations allaient se transformer en formations pluri-factionnelles.

Logo de la Brigade du Camp de Réfugiés d’Aqbat Jabr. (Photo : Telegram)

Logo de la Brigade du Camp de Réfugiés d’Aqbat Jabr. (Photo : Telegram)

 

La Brigade de Jénine a conservé son nom original mais est devenue une organisation coupole, alors que la Brigade de Naplouse s’est rebaptisée Lions’ Den (L’antre des lions) suite à l’assassinat de l’un de ses membres fondateurs, Ibrahim al-Nabulsi.

La nouvelle organisation armée cofondée par Thaer à Aqbat Jabr semble adopter la même identité pluri-factionnelle que ses prédécesseuses de l’an dernier ; en parlant avec des résidents du camp, il est apparu que la plupart des gens utilisent de façon interchangeable les appellations « Saraya al-Quds » et « Brigades Qassam » quand ils font allusion à la Brigade Aqbat Jabr.

Mais, une fois de plus, à ce moment, bien des résidents du camp n’avaient pas encore entendu parler de la Brigade avant les assassinats du 6 février.

Se tenant près d’un gros conteneur en bois qui avait abrité les combattants de la résistance au moment de la chasse à l’homme de dix jours, Sondos et sa mère montrent les impacts de balles qui ont frappé ses parois.

« Cette Brigade est un phénomène nouveau »,

explique la mère de Sondos à Mondoweiss.

« Nous n’avons appris son existence que lorsqu’elle s’est fait connaître à l’issue de l’opération récente »,

dit-elle.

Légende photo : Logo de la Brigade du Camp de Réfugiés d’Aqbat Jabr. (Photo : Telegram)

Pourtant les membres de la communauté se rassemblent quand même en guise de soutien de l’organisation naissante. Les foules de gens en deuil se déversant dans les rues étroites du camp de réfugiés en témoignent.

La Brigade Aqbat Jabr le reconnaît. Dans une déclaration sur Telegram, elle a salué

« la détermination et la patience des habitants de Jéricho ».

« Nos armes sont légitimes et notre djihad se poursuit dans toutes les arènes »,

a poursuivi la déclaration.

Quand on lui demande lesquels des hommes abattus sont ses fils, Wael Oweidat lance les mains en l’air et s’écrie :

« Tous ! »,

se faisant ainsi l’écho du sentiment commun exprimé par les jeunes lors des processions funéraires des martyrs et qui se manifeste par des slogans adressés aux parents de ces mêmes martyrs, tel celui-ci :

« Aux mères et aux pères des martyrs, ne vous laissez pas abattre par le chagrin, nous sommes tous vos enfants. »

Après avoir parlé de la matinée sanglante, Wael a toujours de l’espoir pour quelque chose de différent.

« Nous devons seulement joindre nos mains, en tant que Palestiniens »,

dit-il à Mondoweiss.

« Là où il y a de la volonté, il y a du pouvoir. Chaque personne qui aime la Palestine est un.e Palestinien.ne. Tout cela représente la Palestine. Quelle autre barrière y a-t-il pour nous empêcher de nous rassembler ? »

Il s’arrête un instant, avant de donner finalement sa réponse :

« C’est l’occupation. C’est là notre seul obstacle. »

 

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Mariam Barghouti est la principale correspondante de Mondoweiss sur la Palestine. 

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Publié le 9 février 2023 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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