Trois Palestiniens tués en trois jours en pleine escalade militaire israélienne

Les forces et les colons israéliens ont tué trois Palestiniens en trois jours peu après qu’Itamar Ben-Gvir avait réclamé une opération « Bouclier défensif II » afin de riposter au ciblage des colons israéliens.

Trois Palestiniens tués en trois jours : La foule en deuil lors des funérailles de Mithqal Rayyan, 27 ans, tué au cours d’un affrontement avec des colons israéliens. (Photo : Mohammed Nasser / APA Images)

La foule en deuil lors des funérailles de Mithqal Rayyan, 27 ans, tué au cours d’un affrontement avec des colons israéliens. (Photo : Mohammed Nasser / APA Images)

 

Mariam Barghouti, 13 février 2023

Les colons israéliens et l’armée israélienne ont tué trois Palestiniens en trois jours de suite. Et ce, peu après que le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a appelé à envahir la Cisjordanie pour riposter aux meurtres de colons israéliens, et ce, dans le cadre d’une opération « Bouclier défensif II ».

Samedi 11 février, Mithqal Rayyan, 27 ans, a été abattu et tué par un colon israélien à Qarawa Bani Husan, près de Salfit ; dimanche 12 février, les forces israéliennes ont envahi le camp de réfugiés de Jénine et tué Qusai Radwan, 14 ans ; lundi 13 février, les forces israéliennes ont effectué un raid sur Naplouse dans le cadre d’une opération militaire ciblant les combattants de la résistance palestinienne et au cours de laquelle Ameer Bustami, 21 ans, a été tué par l’armée.

 

Durant le week-end : les meurtres d’un père et d’un adolescent

Deux Palestiniens ont été tués durant le week-end : samedi 11 février, Mithqal Rayyan, 27 ans, à Qarawat Bani Husan près de Salfit ; et, dimanche 12 février, Qusai Radwan, 14 ans, dans le camp de réfugiés de Jénine.

Samedi après-midi, Mithqal Rayyan a été abattu d’une balle dans la tête par un colon israélien lors d’une attaque de colons contre des fermiers palestiniens et leurs terres agricoles.

Rayyan était père de trois enfants. Son aîné n’a que 4 ans ; il a encore une fille de 2 ans et un nouveau-né d’un mois.

Lors de ses funérailles, on a pu voir sa mère lui tenir la tête et l’embrasser en larmes.

« Il est parti le matin sans dire au revoir à sa femme et à ses enfants, pour ne revenir le soir qu’en martyr »,

a déclaré la mère à la Maan News Agency.

Le lendemain 12 février, l’adolescent Quadi Radwan était tué au cours d’un raid israélien sur Jénine – ce qui a lieu quasi quotidiennement – dans le but d’arrêter le frère du prisonnier politique palestinien Zakaria Zubeidi, l’un des six Palestiniens qui avaient participé à l’évasion de la prison de Gilboa en septembre 2021.

Gibril Zubeidi et deux autres hommes ont été arrêtés au cours du raid. En mai dernier, Daoud Zubeidi, le frère aîné de Zakaria et de Gibril, avait été arrêté par les forces israéliennes quelques jours après l’assassinat de Shireen Abu Akleh, et il devait succomber plus tard aux blessures qu’il avait subies lors de son arrestation.

Qusai Radwan a été enterré dans son village, Arqah, un peu plus tard samedi soir.

 

Les affrontements se poursuivent à Naplouse

Lundi, vers 1 heure du matin, des hommes déguisés des forces spéciales israéliennes envahissaient Naplouse près du camp de réfugiés d’Al-Ain.

Dans la première demi-heure du raid, les forces israéliennes étaient parvenues à entourer et assiéger un bâtiment situé à proximité de la Vieille Ville et supposé abriter un combattant de la résistance. Les combattants entourés avaient refusé de se rendre et il s’en était suivi un long échange de coups de feu qui avait duré près de quatre heures.

Deux Palestiniens avaient finalement été arrêtés : Osama Al-Tawil et Abed Al-Kamel Jury, sous le prétexte qu’ils étaient soupçonnés d’être les auteurs de coups de feu près de la colonie illégale de Shavei Shomron en octobre dernier, une opération au cours de laquelle un officier israélien qui veillait sur une marche de colons avait été tué.

Lors de l’attaque nocturne contre Naplouse, sept personnes ont été blessées à balles réelles et les forces israéliennes ont refusé au personnel médical de se rendre auprès des blessés. Selon le Croissant-Rouge palestinien, trois volontaires médicaux ont également été détenus dans un bâtiment pendant plusieurs heures et empêchés ainsi de délivrer des soins d’urgence. Dans la Vieille Ville, une personne blessée par balle à la cuisse s’est vu interdire l’accès à l’hôpital, dit encore le Croissant-Rouge.

« Les soldats de la Fosse aux lions livrent actuellement un combat pour la dignité »,

a déclaré lundi un communiqué de presse de l’organisation de résistance armée.

« Un combat pour les préceptes d’Al-Azizi et d’Al-Nabulsi et Al-Wadee »,

faisant ainsi allusion aux combattants tombés qui étaient des personnalités éminentes de l’organisation de résistance armée. La suite du communiqué était un appel aux Palestiniens à s’opposer aux incursions israéliennes.

Près de l’entrée ouest de la ville, les forces israéliennes avaient entouré un bâtiment et l’avait visé avec toute une série d’explosifs, peut-on voir sur une prise de vue partagée avec Mondoweiss et provenant de résidents et de journalistes locaux.

Vers 2 h 30 du matin, les mosquées de la ville ont sonné l’alarme contre l’invasion à coups de longs ululements et des affrontements armés se sont en même temps déclenchés dans le centre-ville. En conjonction avec la Fosse aux lions, le Bataillon de Naplouse des Brigades Al-Quds, une organisation de résistance armée affiliée au Djihad islamique palestinien (DIP) a également rallié les confrontations.

Le Bataillon de Naplouse a rapporté que son groupe avait rejoint les affrontements avec les forces d’invasion israéliennes et qu’ils avaient lancé des engins explosifs depuis plusieurs endroits, disait une déclaration sur le compte Telegram du Bataillon.

L’attaque avait été si brutale que des témoins oculaires ont rapporté que c’était un « véritable champ de bataille ». Des images vidéo et des comptes rendus de journalistes locaux montrent des échanges permanents à balles réelles. L’escalade s’est encore poursuivie quand un véhicule de l’armée est tombé en panne près d’une école à Naplouse pendant que les combattants de la résistance avaient continué de tirer contre l’armée quand elle s’était retirée, vers 4 heures du matin.

À 4 h 25 du matin, le Croissant-Rouge a rapporté qu’Ameer Bustami avait été déclaré mort après plusieurs tentatives de réanimation des médecins de l’hôpital Rafidia, près de Naplouse.

Selon des sources d’information locales à Jénine, lors du raid de dimanche à Jénine en vue d’arrêter Gibril Zubeidi, les combattants de la résistance palestinienne ont utilisé un drone afin de surveiller le mouvement des véhicules militaires israéliens qui envahissaient le camp. La chose est perçue comme un nouveau développement dans la résistance palestinienne qui, jusqu’à l’an dernier, en était encore réduite à lancer des pierres et des cocktails Molotov contre les forces d’invasion israéliennes.

Avec la mort de Bustami, le nombre de Palestiniens tués en Cisjordanie a grimpé à 48 en moins de deux mois cette année. Parmi les morts figurent dix enfants palestiniens.

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Mariam Barghouti est la principale correspondante de Mondoweiss sur la Palestine. 

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Publié le 13 février 2023 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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