Un nazi ukrainien d’Azov reçoit un traitement médical d’Israël

Un combattant d’une tristement célèbre organisation nazie ukrainienne a bénéficié d’un traitement médical en Israël. Des comptes rendus de médias sociaux proches du bataillon Azov ont publié des photos d’Arseniy Fedosiuk et de sa femme Yulia en train de rendre visite à des diplomates étrangers ainsi qu’à l’ambassade d’Ukraine en Israël, en mars dernier.

Le sergent du bataillon Azov, Arseniy Fedosiuk, et sa femme Yulia

Le sergent du bataillon Azov, Arseniy Fedosiuk, et sa femme Yulia (extrême droite) à l’ambassade d’Ukraine en Israël. Arseniy Fedosiuk avait été capturé en mai par les forces russes, mais libéré après qu’Azov avait introduit une requête auprès des députés israéliens. (Photo : Twitter / Instagram)


Asa Winstanley,
15 avril 2023

Dans de plus amples détails publiés par l’« Association des familles des défenseurs d’Azovstal » sur un compte Telegram, l’organisation pro-Azov a révélé que Fedosiuk « subissait un traitement et une revalidation en Israël afin de regagner son unité et défendre l’Ukraine le plus rapidement possible ».

Les comptes rendus n’ont pas précisé quand Fedosiuk était arrivé en Israël, ni quand il avait été relâché de sa prison russe ni non plus quelle était la nature de ses blessures.

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Fedosiuk était l’un des quelque mille combattants d’Azov capturés par l’armée russe au cours de la bataille finale de l’aciérie Azovstal, à Marioupol, dans l’est de l’Ukraine, en mai dernier.

Comme l’a rapporté The Electronic Intifada, sa femme Yulia Fedosiuk était en Israël en décembre, en compagnie de l’agent de renseignement d’Azov, Illia Samoilenko, afin de faire pression sur des hommes politiques israéliens pour qu’ils contribuent à assurer la libération des nazis ukrainiens capturés par la Russie.

À l’époque, Arseniy Fedosiuk était toujours aux mains des Russes.

Un message posté sur le compte Instagram de Yuliaa Fedosiuk indique que son mari a été libéré en janvier. Dans le message, elle attribuait cette libération à sa campagne auprès « du pape, du Congrès américain et de la Knesset israélienne ».

Le sergent Arseniy Fedosiuk, du bataillon Azov, et sa femme Yulia.

Le sergent Arseniy Fedosiuk, du bataillon Azov, et sa femme Yulia. Photo : Instagram

 

Au cours de sa visite en compagnie d’autres nazis d’Azov en Israël, l’an dernier, Yulia a rencontré Naama Lazimi, une éminente députée du Parti travailliste d’Israël.

Lazimi a été tellement embarrassée d’avoir été dénoncée par The Electronic Intifada que son porte-parole nous avait demandé peu après de supprimer son nom de l’article. Nous avions refusé, naturellement.

La Russie et l’Ukraine se sont engagées dans une série d’échanges de prisonniers depuis que l’opération militaire russe a débuté en Ukraine en février 2022.

La chaîne de TV russe RT a rapporté le mois dernier qu’un échange de 90 soldats russes contre 130 combattants ukrainiens avait concerné entre autres 87 soldats de Marioupol, dont 71 de l’aciérie Azovstal.

Selon le gouvernement ukrainien, la plupart des hommes libérés des prisons russes lors de l’échange de mars avaient de « graves blessures ». Fedosiuk avait été blessé par un shrapnel, avait dit sa femme lors d’une interview réalisée par le site internet lituanien Meduza l’an dernier.


Une activiste antiféministe d’extrême droite

Yulia Fedosiuk est une personnalité importante de l’extrême droite ukrainienne.

Elle avait expliqué à Meduza qu’elle travaillait comme assistante parlementaire de Sviatoslav Yurash, un député du parti politique du président Volodymyr Zelensky, Serviteur du Peuple (qui tire son nom du sitcom ukrainien qui a fait connaître Zelensky).

Selon Oleksiy Kuzmenko (un chercheur de l’organisation pro-OTAN Bellingcat, financée par l’UE), Yulia Fedosiuk était la dirigeante d’une organisation antiféministe, la Rose d’Argent, étroitement associée à Azov.

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Elle a également été impliquée dans la maison d’édition Plomin d’Azov, laquelle a publié des traductions en ukrainien de plusieurs célèbres fascistes européens.

Sur son compte Instagram, l’an dernier, Yulia Fedosiuk a publié une photo d’elle-même vendant des libres de Plomin avec son « proche ami », Sergei Zaikovsky, un combattant d’Azov qui a été tué à la guerre par la suite.

The Times de Londres avait fait l’éloge de Zaikovsky après qu’il avait été tué.

Le journal avait fait remarquer comment, lors de ses funérailles, on l’avait décrit comme « un intellectuel exceptionnel, un érudit et un linguiste » . Il condamnait Vladimir Poutine, le président russe, pour son « amère rhétorique à propos de la dénazification » en Ukraine.

En fait, le message posté par Yulia Fedosiuk montre que Zaikovsky était un fasciste non repenti et un suprémaciste blanc.

Zaikovsky, se vantait Yulia Fedosiuk tout en travaillant avec lui pour Plomin, avait traduit une « galaxie d’auteurs importants pour notre cause commune », y compris le fasciste italien notoire et espion nazi Julius Evola, la source d’inspiration française de la vieille droite Alain de Benoist et l’historien fasciste roumain Mircea Eliade.

Le combattant d’Azov Sergei Zaikovsky et l’activiste d’Azov Yulia Fedosiuk

Le combattant d’Azov Sergei Zaikovsky et l’activiste d’Azov Yulia Fedosiuk vendant de la littérature d’extrême droite. (Photo : Instagram)

 

La Rose d’Argent se présente comme étant enracinée dans la « vision traditionnelle des femmes » et l’« identité européenne ». Dans l’un de ses plus remarquables gags publicitaires, elle présentait un simulacre d’enterrement, avec Yulia Fedosiuk figurant elle-même parmi les personnes « endeuillées » accompagnant un cercueil sur lequel était écrit le mot « féminisme ».

Dans son interview par Meduza, Yulia Fedosiuk prétendait avoir étudié le grec ancien et l’avoir ensuite enseigné à son mari.

« Mon mari et moi avons toujours prévu d’entreprendre un long voyage à travers l’Europe », avait-elle expliqué au site internet. « Nous aimons vraiment l’Antiquité, l’histoire de la Rome ancienne et de la Grèce ancienne, et nous voulions passer quelque temps dans ce cadre. »

Depuis l’époque de Mussolini et d’Hitler, l’extrême droite est obsédée par la Grèce ancienne et la Rome ancienne, qu’elle conçoit souvent comme le lieu de naissance de la civilisation « occidentale » ou « blanche ». Les historiens, naturellement, ont adopté des positions plus nuancées, et certains d’entre eux ont même conçu la Grèce antique comme une civilisation très largement afro-asiatique.

L’activiste d’Azov Yulia Fedosiuk tirant au fusil dans une vidéo datée de septembre 2021.

L’activiste d’Azov Yulia Fedosiuk tirant au fusil dans une vidéo datée de septembre 2021. (Photo : Instagram)

 

Moss Robeson, un journaliste et spécialiste de l’extrême droite ukrainienne, a écrit sur la façon dont, très récemment, Yulia Fedosiuk a fait partie de délégations aux EU dans le cadre

« des tentatives récentes d’Azov de sensibilisation de ce pays, y compris les efforts en vue de faire annuler l’interdiction du Congrès des fournitures d’armes et de formations américaines au régiment Azov ».

Selon le journaliste argentin pro-Azov Gustavo Sierra, Yulia Fedosiuk en personne « a reçu une formation militaire ». De même que son mari Arseniy.

En 2021, sur son profil Instagram, elle a publié deux vidéos d’elle-même où on la voit tirer au fusil.

 

L’aide israélienne aux nazis

Israël entretient des liens étroits à la fois avec la Russie et l’Ukraine.

Bien que Volodymyr Zelensky se plaigne qu’Israël a refusé d’équiper l’Ukraine du système antimissile Dôme de Fer, des armes, des formations et des combattants venus d’Israël ont en fait gagné l’Ukraine. Le bataillon Azov a directement reçu l’assistance israélienne.

Plus tôt en avril, le quotidien de Tel-Aviv Haaretz a présenté le profil de David Young, un policier israélien qui avait démissionné de la police après 22 ans de service afin de se rendre en Ukraine et d’y combattre la Russie.

Young, expliquait le journal, « n’a pas de liens ancestraux avec l’Ukraine » et il est né au Royaume-Uni. Il s’est converti au judaïsme, a modifié son nom en Ariah Ben Yehudah et, en 1991, a émigré vers la Palestine occupée pour devenir un colon israélien.

Il a collé un drapeau israélien sur son uniforme de l’armée ukrainienne,

« parce que je suis israélien et que je veux faire savoir qu’Israël combat en Ukraine. Et c’est symbolique. »

En avril 2022, une vidéo a été publiée par des mercenaires israéliens combattant en Ukraine, et on les voit remercier le gouvernement israélien de « les aider » dans leur guerre contre la Russie.

Ce même mois, une vidéo publiée en ligne par Azov montrait que des armes antichars israéliennes étaient utilisées par l’unité.

 

Des origines d’extrême droite

Le bataillon Azov a débuté comme un gang de voyous des rues d’extrême droite. Ses activistes constituaient l’avant-garde du coup d’État de « Maïdan » soutenu par les EU qui a renversé le gouvernement élu de l’Ukraine. Peu après, le bataillon a été intégré aux forces armées de l’Ukraine, dont il fait toujours partie actuellement sous le nom de régiment Azov.

En 2018, l’avocat israélien des droits humains Eitay Mack a écrit au gouvernement israélien en disant qu’il s’opposait à ce que l’aide fournie par Israël à l’Ukraine fût utilisée par des néonazis.

Dans sa réponse, le gouvernement avait confirmé que ses licences d’armes à l’Ukraine étaient accordées « en coordination totale avec le ministère des Affaires étrangères et d’autres entités gouvernementales », mais il n’avait pas nié qu’il armait les nazis ukrainiens.

La dénonciation par The Electronic Intifada en 2018 du fait qu’Israël armait l’Ukraine avait provoqué un incident diplomatique mineur quand l’ambassadeur d’Ukraine en Israël avait adressé ses doléances officielles à Haaretz après que le journal s’était fait l’écho de notre reportage.

Mack avait adressé une requête à la haute cour israélienne pour que l’État cesse d’armer les nazis ukrainiens. Le gouvernement avait répondu en demandant que les audiences se déroulent à huis clos et en imposant un bâillon (interdiction de parole) à la presse.

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Asa Winstanley est un journaliste freelance installé à Londres et qui a vécu en Palestine occupée, où il a réalisé des reportages. Son premier ouvrage : Corporate Complicity in Israel’s Occupation (La complicité des sociétés dans l’occupation israélienn e) a été publié chez Pluto Press. Sa rubrique Palestine is Still the Issue (La Palestine constitue toujours la question) est publiée chaque mois. Son site Internet est le suivant : www.winstanleys.org

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Publié le 15 avril 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Lisez ici : Israël aide l’Ukraine à blanchir ses nazis

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