La patronne allemande de l’UE minimise l’Holocauste tout en débitant les « infâmes mensonges sionistes »

Le mois dernier la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a publié une brève vidéo dans laquelle elle félicitait Israël le jour du 75e anniversaire de son « indépendance », que Tel-Aviv a fixé en fonction du calendrier juif.

Ursula von der Leyen


Ali Abunimah, 19 mai 2023

Cette vidéo, publiée sur Twitter par l’ambassade de l’UE à Tel-Aviv, a suscité l’indignation des Palestiniens et de leurs partisans du fait que la haute fonctionnaire de l’UE a répété les mythes sionistes justifiant l’expulsion planifiée par la violence des Palestiniens autochtones avant et après l’instauration en 1948 de l’État juif autoproclamé.

« La moindre chose, pour ainsi dire », affirmée par von der Leyen dans la vidéo, « était un mensonge », estime Clare Daly, qui est membre du Parlement européen. « Il est temps que ces mensonges soient directement dénoncés », a ajouté la députée irlandaise.

Et c’est précisément ce qu’a fait Daly dans une série extraordinaire de vidéos d’une minute qu’elle a publiées sur Twitter durant la Journée de la Nakba – la commémoration de leur nettoyage ethnique de 1948, que les Palestiniens célèbrent chaque année le 15 mai.

Ce qui a particulièrement offensé bien des gens, c’est la façon dont von der Leyen a affirmé qu’Israël « avait fait fleurir le désert ».

« Cette simple expression, ‘avait fait fleurir le désert’, est un infâme mensonge sioniste qui nie l’existence antérieure des Palestiniens dans leur propre patrie »,

explique Daly.

« Elle est si effrontée dans sa révision de l’histoire qu’elle équivaut à prétendre que la Terre est plate. »

Chacune des brèves vidéos de Daly démarre par un clip du discours de von der Leyen suivi par la puissante réfutation de Daly.

En compagnie de son collègue irlandais Mick Wallace, Clare Daly a atteint une stature internationale croissante du fait qu’elle fait partie des rares membres du Parlement européen disposés à s’opposer au consensus de Bruxelles qui soutient la guerre par procuration des EU en Ukraine, diabolise la Chine et fournit un soutien inconditionnel à Israël.

Les vidéos de Daly, déjà très largement diffusées, méritent d’être vues et entendues du plus grand nombre possible – surtout la façon dont Daly dénonce les politiques allemands comme von der Leyen, qui se servent de leur soutien à Israël pour blanchir leur culpabilité dans l’Holocauste.


Ursula von der Leyen : « Il y a 75 ans, un rêve s’est concrétisé avec le jour de l’indépendance d’Israël. »

 

Clare Daly : Entre 1947 et 1949, trois quarts de tous les Palestiniens vivant dans la Palestine historique ont été systématiquement déracinés de force et expulsés de leurs foyers et villages par les milices sionistes.

Plus de 4 millions d’acres (1,6 million d’hectares, soit 16 000 kilomètres carrés, NdT) de terres ont été volées, 400 villes détruites, des centaines de Palestiniens massacrés au cours des événements qui ont abouti à la création de l’État d’Israël.

Ce peut avoir été la concrétisation d’un rêve pour les sionistes mais, pour les Palestiniens, ce fut le début d’un cauchemar qui s’est poursuivi pendant plus de 70 ans, l’invasion et la destruction de leur patrie et leur transformation en un peuple colonisé.

Ces événements, ils les connaissent, non comme l’indépendance d’Israël, mais comme la Nakba, la catastrophe. Décrire la Nakba comme un « rêve » est une provocation, une insulte délibérée et cruelle à des millions de Palestiniens dans le monde entier. C’est inadmissible et cela doit être condamné.


Ursula von der Leyen : « Après la plus grande tragédie de l’histoire humaine, le peuple juif a finalement pu se bâtir un foyer dans la Terre promise. »

 

Clare Daly : Une femme politique allemande qui décrit l’Holocauste comme « une tragédie », c’est du révisionnisme de l’Holocauste. C’est une négation de la responsabilité d’avoir commis ce crime.

Une tragédie est un événement terrible, mais inévitable dont personne n’est vraiment responsable. L’Holocauste, toutefois, a été l’acte le plus ambitieux d’assassinat massif délibéré de l’histoire, l’extermination de la plupart des Juifs européens par l’Allemagne nazie.

Ce n’est pas une « tragédie ». C’est un génocide, un crime contre l’humanité.

Les politiques allemands sont les sionistes de pointe de l’Europe d’aujourd’hui.

De la droite à la gauche, la classe politique allemande soutient Israël contre vents et marées. En échange, on s’attend à ce que l’État israélien aide l’establishment allemand à ensevelir dans le passé sa culpabilité dans l’Holocauste.

Mais l’Holocauste ne peut être traité avec une telle désinvolture et les crimes d’Israël envers les Palestiniens ne peuvent être ignorés et ne le seront pas.


Ursula von der Leyen : « En 75 années de dynamisme, d’ingéniosité et d’innovations pionnières, vous avez littéralement fait fleurir le désert. »

 

Clare Daly : Israël n’a pas « fait fleurir le désert ». L’expression même « a fait fleurir le désert » est un infâme mensonge sioniste qui nie l’existence antérieure des Palestiniens dans leur propre patrie.

Elle est si effrontée dans sa révision de l’histoire qu’elle équivaut à prétendre que la Terre est plate.

Entendre un tel mensonge de propagande notoire dans la bouche de la présidente de la Commission européenne va bien au-delà de l’infamie. La Palestine avant l’occupation n’était pas vide. Ce n’était pas « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ».

Elle avait été continuellement habitée pendant des millénaires par divers peuples et communautés, y compris des musulmans, des chrétiens et des juifs.

Elle a une histoire, une culture et des traditions riches et fières. La région fleurissait bien avant l’occupation sioniste et elle fleurit toujours en dépit de cette occupation.


Ursula von der Leyen : « L’Europe et Israël sont liés à être des amis. Votre liberté est notre liberté. »

 

Clare Daly : Sérieusement ? La liberté d’Israël est la liberté de l’Europe ? Où cela laisse-t-il la Palestine ?

L’insensibilité calculée aux expériences palestiniennes dans ce discours est on ne peut plus flagrante. Le message que veut transmettre von der Leyen est celui-ci :

« Si vous êtes palestinien, l’Union européenne n’en a que faire de vous. »

Eh bien, soyons très clairs à ce propos : C’est un autre mensonge. De très, très nombreuses personnes de l’Union européenne se font du souci pour vous.

Nombre d’entre nous ne veulent en aucun cas être mêlés à cet infâme régime d’apartheid. Ursula von der Leyen ne parle pas en notre nom. Et elle n’a pas le droit de dire ces choses au nom des 447 millions de citoyens de l’UE.

 

Ursula von der Leyen : « Aujourd’hui, nous célébrons les 75 ans d’une démocratie dynamique au cœur du Moyen-Orient. »

 

Clare Daly : Des violentes agressions contre les fidèles à la mosquée al-Aqsa, à la violence des colons contre les communautés palestiniennes, à l’assassinat de journalistes palestiniens, aux assassinats commis par les FDI [l’armée israélienne] en pleine rue, aux agressions contre les cortèges funéraires de Palestiniens abattus et tués par les FDI, aux frappes aériennes semant la terreur parmi la population très dense de Gaza, au gouvernement le plus extrême-droitier de l’histoire israélienne qui a liquidé l’indépendance de la cour suprême, l’image d’Israël en tant que démocratie se désagrège sous les yeux du monde entier.

Que von der Leyen décrive Israël comme une démocratie dynamique, surtout en ce moment, est trop outrageant.

Elle ne montre clairement qu’une chose, que nous connaissons déjà, c’est qu’Israël n’est pas une démocratie : 4,5 millions de Palestiniens vivant sous l’occupation israélienne n’ont pas le droit de vote.

Même les Palestiniens qui sont citoyens israéliens sont soumis à un ensemble restreint de droits parce qu’ils sont palestiniens. Ce n’est pas de la démocratie. C’est de l’apartheid.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 19 mai 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Lisez également : La patronne de l’UE provoque la colère autour de la vidéo sur la « Journée de l’Indépendance » israélienne

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