« Nous déployons maintenant la Nakba de Gaza » , annonce un ministre israélien

Normalement, nier la Nakba est une caractéristique importante du sionisme. Israël dispose même de lois pénalisant la commémoration de l’expulsion et de la fuite programmées d’avance de 800 000 Palestiniens par les milices sionistes en 1948. Mais, lorsqu’ils se parlent entre eux – ou qu’ils s’adressent aux Palestiniens – les Israéliens ont l’habitude de célébrer la Nakba ou menacent de la répéter.

 

Ali Abunimah, 12 novembre 2023

Avi Dichter, un ministre du gouvernement, a tout simplement fait un pas de plus.

 

« Nous déployons maintenant la Nakba de Gaza. D’un point de vue opérationnel, il n’y a pas moyen de mener une guerre – comme les FDI [l’armée israélienne] cherchent à la faire à Gaza – avec des masses entre les chars et les soldats »,

a déclaré Dichter à la télévision israélienne.

Officiellement ministre israélien de l’agriculture, Dichter est membre du cabinet de guerre d’Israël et, précédemment, il a été chef du Shin Bet, sa police secrète.

Quand on lui a demandé une fois de plus s’il s’agissait ici de la « Gaza de nakba », Dichter a répondu : « La Nakba de Gaza de 2023. Voilà comment ça va se terminer. »

Les atrocités, expulsions et tueries massives perpétrées aujourd’hui par Israël à Gaza sont manifestement un rêve qui se concrétise, pour Dichter.

« Tous ceux qui pleurent sur la Nakba d’année en année ne devraient pas s’étonner, aujourd’hui, de recevoir une Nakba, en fin de compte »,

avait dit Dichter en 2007 – à l’époque, ministre de la sécurité.

C’était une menace manifeste adressée aux citoyens palestiniens d’Israël qui refusaient de célébrer la prétendue indépendance d’Israël sur les ruines de leur patrie.

 

En 2018, Dichter remettait ça et prévenait les Palestiniens de Gaza que la Grande Marche du Retour – un mouvement de masse non armé en vue de mettre un terme au siège – « allait se muer en Nakba ». Israël répondait aux protestations non violentes en envoyant des snipers chargés de tuer et de mutiler des milliers de Palestiniens de Gaza.

Ces dernières années, il est devenu de plus en plus habituel pour les ministres israéliens de menacer les Palestiniens d’une « seconde Nakba » – même si, officiellement, Israël nie la première.

 

L’assertion de Dichter disant qu’Israël applique aujourd’hui la « Nakba de Gaza » est en ligne avec des documents des renseignements israéliens qui ont fait l’objet d’une fuite et qui montrent que Tel-Aviv dispose de plans en vue de l’expulsion permanente de la population palestinienne de larges portions de Gaza, et ce, sous le couvert d’une évacuation « humanitaire » de temps de guerre.

Samedi, le ministre israélien de la défense, Yoav Galant, a prévenu le Hezbollah, le mouvement de résistance du Liban : « Ce que nous faisons à Gaza, nous pouvons également le faire à Beyrouth. »

C’est un autre aveu – à ajouter à une liste croissante – par les hauts dirigeants israéliens que les morts et les destructions massives à Gaza ne sont ni des effets du hasard ni des « effets collatéraux » d’une campagne militaire, mais bien l’intention et l’objectif d’Israël.

« S’il [le Hezbollah] commet ce genre d’erreur ici, ceux qui en paieront avant tout le prix seront les citoyens libanais »,

a déclaré Galant, confirmant que la vengeance contre des civils est la méthode de réponse de Tel-Aviv aux actions armées des organisations de résistance qui défendent leur peuple et leur terre.

Alors qu’Israël a longtemps essayé de nier que la Nakba de 1948 avait été systématique et planifiée d’avance, il n’est plus aussi timide, ces derniers temps – apparemment enhardi par l’impunité totale dont il continue à bénéficier de la part de la prétendue communauté internationale.

Lors de la Nakba de 1948, les milices sionistes – et souvent de l’admission même de leurs propres vétérans – avaient recouru à des atrocités, y compris les meurtres et les viols gratuits visant à terroriser les Palestiniens de façon à leur faire quitter leur terre.

*****

Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

 *****

 

Publié le 1& novembre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

NDLR : Afin de pouvoir lire les “tweets” et vidéos repris dans l’article, ouvrez un compte Twitter (X).

 

Print Friendly, PDF & Email

Vous aimerez aussi...