Israël tue deux Palestiniens dans une embuscade à Naplouse

Mardi, les forces israéliennes ont abattu et tué deux Palestiniens au cours d’une embuscade dressée près de Naplouse, en Cisjordanie occupée.

11 avril 2023. Des soldats israéliens ratissent la zone où deux Palestiniens ont été tués dans une embuscade dressée près de Naplouse. (Photo : Mohammed Nasser / APA images)

11 avril 2023. Des soldats israéliens ratissent la zone où deux Palestiniens ont été tués dans une embuscade dressée près de Naplouse. (Photo : Mohammed Nasser / APA images)

 

 

Maureen Clare Murphy, 11 avril 2023

Quelques jours plus tôt, elles avaient déjà tué un adolescent palestinien alors qu’elles décrochaient d’un raid et un autre Palestinien avait été tué lors de confrontations avec les forces de l’occupation à Azzoum, non loin de la ville de Qalqiliya, en Cisjordanie.

Ces derniers morts portent à 99 le nombre de Palestiniens tués par les soldats, la police et les civils armés israéliens depuis le début de cette année, ou qui ont succombé à des blessures subies antérieurement, a calculé The Electronic Intifada.

Vingt Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués lors d’attaques, supposées et réelles, menées par des Palestiniens durant la même période ou sont décédés suite à des blessures subies antérieurement.

Parmi eux figure une ressortissante britannico-israélienne, morte lundi, trois jours après qu’elle-même et ses deux filles, âgées de 15 et 20 ans, avaient été abattues alors quelles parcouraient en voiture la vallée du Jourdain, du côté cisjordanien. Les deux filles étaient mortes de leurs blessures le jour même.

Mardi, les autorités israéliennes ont déclaré que leurs troupes avaient pris en embuscade un groupe de tireurs qui avaient ouvert le feu sur un véhicule militaire, non loin de la colonie d’Elon Moreh et du village palestinien de Deir al-Hatab.

Deux des hommes pris en embuscade ont été tués et Israël a gardé leurs corps, rapporte-t-on.

Un troisième Palestinien a été blessé, dit-on, mais il a pu se soustraire à son arrestation par les forces de l’occupation. Certains médias affirment qu’une quatrième personne s’est également échappée.

Les médias palestiniens, qui citent le ministère de la Santé, ont identifié les hommes abattus. Il s’agir de Saud Abdullah al-Titi et de Muhammad Abu Dharaa du camp de réfugiés de Balata, près de Naplouse.

 

Mardi, au cours d’un autre raid en plein jour, les forces israéliennes ont envahi Jénine, une ville du nord de la Cisjordanie. Elles ont déployé des snipers sur les toits des maisons et arrêté cinq personnes, a annoncé l’agence de presse officielle de Palestine, WAFA.

Lundi, les forces israéliennes avaient abattu et tué Muhammad Uweidat, 17 ans, au cours d’un raid dans le camp de réfugiés d’Aqabat Jabr, à proximité de Jéricho, en Cisjordanie.

 

Au moment où ils quittaient le camp, les soldats « ont tiré à balles réelles, sans la moindre discrimination », frappant l’adolescent à la tête, la poitrine, l’abdomen et le bassin », a fait savoir Defense for Children International-Palestine (DCI-P).

Des prises de vue des caméras de sécurité montrent l’instant où Muhammad a été abattu.

 

DCI-P a déclaré que Muhammad était le 17e enfant palestinien tué par les forces israéliennes en Cisjordanie cette année. Un 18e enfant, un garçon de 10 ans à Gaza, est mort des blessures qu’il avait reçues lors de l’offensive israélienne contre le territoire en août dernier.

Plusieurs Palestiniens, dont des enfants, ont été tués ces derniers mois au moment où les forces israéliennes se retiraient d’une communauté palestinienne après y avoir effectué un raid.

Walid Saad Daoud Nasser, 15 ans, est mort de ses blessures le 9 mars, après qu’un soldat israélien lui avait tiré une balle explosive dans l’estomac lors du retrait de troupes de Jénine, le 6 mars, suite à un raid au cours duquel six autres Palestiniens avaient été tués.

Et, le 22 février, Muhammad Haj Ahmad, 16 ans, et Abdelaziz Ashaqar, 65 ans, avait été tués lors du retrait des troupes israéliennes suite à un raid sur Naplouse.

Et, en juin dernier, alors qu’il était sur le pas de sa porte, Ayman Ahmad Muhaisen, 29 ans, avait été touché à la poitrine par les forces israéliennes en train de se replier, après un raid d’arrestation dans le camp de réfugiés de Dheisheh, à Bethléem (Cisjordanie).

Ce lundi également, des milliers de colons juifs, parmi lesquels des députés et ministres israéliens, ont marché sur Evyatar, un avant-poste de colonie évacué construit sur des terres appartenant à Beita, un village palestinien près de Naplouse.

Plusieurs Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, à Beita, depuis l’évacuation de l’avant-poste en mai 2021.

Plus de 20 protestataires palestiniens ont été blessés par les forces israéliennes au cours de la marche de lundi, à laquelle participaient Itamar Ben-Gvir, Bezalal Smotrich et d’autres ministres et députés du gouvernement israélien de coalition d’extrême droite.

Lors d’un rassemblement qui a suivi la marche, Ben-Gvir a déclaré :

« Nous retournons chez nous, vers la Terre d’Israël et le Mont du Temple et Jérusalem », f

aisant allusion au site de la mosquée Al-Aqsa, où la police a brutalisé les fidèles palestiniens lors du Ramadan.

Dov Lior, un rabbin extrémiste antipalestinien qui est le chef spirituel de bien des personnalités d’extrême droite de la coalition israélienne au pouvoir, participait lui aussi à la marche sur Evyatar.

Moshe Ya’alon, l’ancien ministre israélien de la Défense, a récemment mis en garde contre le fait que Lior et ses disciples avaient prôné le dynamitage du Dôme du Rocher sur le site de la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, afin de démarrer une « derrière guerre » en vue de concrétiser leur but : instaurer un État théocratique juif en Palestine.

 

Ya’alon a cité le massacre des 29 fidèles palestiniens à la mosquée Ibrahimi, de Hébron, lors du Ramadan de 1994, comme exemple de la façon de déclencher une telle guerre.

Ce massacre avait été perpétré par Baruch Goldstein, un ancien élève de Lior. À la suite du massacre, les forces israéliennes avaient cloisonné le site sacré et fermé la Vieille Ville adjacente, très animée.

L’extrémisme de Lior peut se mesurer à l’éloge qu’il avait adressé au tueur de masse, en disant que

« Baruch Goldstein était un martyr plus saint que tous les saints martyrs de l’Holocauste ».

Les Palestiniens craignent que, sans une résistance déterminée, Israël ne saisisse la moindre occasion d’imposer des mesures similaires à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.

La police israélienne a tué un jeune homme à bout portant sur le lieu saint, lors du Ramadan de cette année, qui avait lieu en même temps que la Pâque juive et la fête chrétienne de Pâques.

Mardi, Al Mezan, une organisation de défense des droits humains installée à Gaza, a déclaré qu’Israël avait annulé des permis de voyage accordés à des chrétiens de l’enclave côtière assiégée, les empêchant ainsi d’aller pratiquer leur culte pascal à Jérusalem.

L’organisation de défense des droits a déclaré qu’environ un millier de chrétiens palestiniens de Gaza avaient soumis des requêtes de permis. Près de 750 avaient été approuvées, mais peu de temps après, Israël les avait toutes annulées.

Al Mezan a adressé un appel à « la communauté internationale » afin qu’elle bloque les tentatives du gouvernement Netanyahou en vue de « déclencher dans la région une guerre religieuse censée préserver la coalition au pouvoir ».

Mardi, le bureau de Benjamin Netanyahou a fait savoir qu’il serait interdit aux visiteurs juifs de circuler sur le site de la mosquée Al-Aqsa jusqu’à la fin de Ramadam, et ce, afin d’empêcher que se poursuive l’escalade de la violence.

L’institution islamique qui contrôle le lieu saint a déclaré que des douzaines de juifs s’étaient rendus sur le site d’Al-Aqsa ce mardi et que 1 500 autres, sous une imposante escorte policière, l’avaient visité le lundi de la fête de la Pâque.

Le Hamas a invité les Palestiniens à se rassembler en grands nombres à Al-Aqsa durant les 10 derniers jours du Ramadan afin de protéger le site de « l’agression israélienne ».

Des scènes de brutalités policières de la part d’Israël à l’encontre des fidèles d’Al-Aqsa ont provoqué des tirs de roquettes depuis le Liban et Gaza, ainsi que des tirs de mortier depuis la Syrie vers les hauteurs du Golan, un territoire syrien occupé par Israël depuis 1967.

L’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a fait savoir qu’une de ses écoles à Damas avait été endommagée par des missiles israéliens, lancés en guise de représailles :

L’Autorité palestinienne a mis en garde contre les incursions israéliennes de plus en plus nombreuses à Al-Aqsa et contre les « incessantes campagnes d’incitation » des dirigeants israéliens qui cherchent à modifier le statu quo à la mosquée.

Pendant ce temps, les médias israéliens ont rapporté que les responsables du gouvernement prévoient d’entreprendre « une importante action sécuritaire » dans les semaines à venir, afin de préserver la coalition malgré les controverses et les sondages d’opinion qui lui sont défavorables.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 11 avril 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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