Israël assiège et envahit l’hôpital al-Shifa

Lundi 18 mars, dès l’aube, les soldats israéliens ont assiégé et envahi l’hôpital al-Shifa, à Gaza.
 

Lundi, à Gaza même, les frappes aériennes israéliennes visaient aussi bien les immeubles résidentiels que l'hôpital al-Shifa.

Lundi, à Gaza même, les frappes aériennes israéliennes visaient aussi bien les immeubles résidentiels que l’hôpital al-Shifa. (Naaman Omar – APA images)

Nora Barrows-Friedman, 19 mars 2024

C’était la quatrième fois que le plus grand hôpital de l’enclave était attaqué depuis octobre.

Selon le ministère palestinien de la santé à Gaza, les forces israéliennes ont bombardé le bâtiment des spécialités chirurgicales et l’ont incendié.

 

Quelque 30 000 personnes déplacées qui s’étaient réfugiées à l’intérieur du complexe médical ont été piégées. Les frappes israéliennes ont ciblé les gens au moment où ils tentaient d’échapper à l’incursion, après que les soldats leur avait ordonné de fuir vers le sud.

 

Les snipers et quadricoptères armés israéliens à l’intérieur de l’hôpital tiraient sur les personnes qui tentaient de s’enfuir, a rapporté le ministère de la santé. Cent cinquante Palestiniens au moins ont été arrêtés.

 

Daniel Hagari, le porte-parole de l’armée israélienne, a prétendu qu’au cours de l’invasion, les soldats « avaient trouvé des armes et de l’argent » à l’intérieur du complexe médical.

 

Au cours du raid, les forces israéliennes ont assassiné Faiq Al-Mabhouh, le commandant du corps de la police civile de Gaza.

Al-Mabhouh avait dirigé les récents efforts de coordination en vue de fournir de l’aide humanitaire dans la partie nord de la bande de Gaza, efforts que, depuis des mois, Israël ne cesse de saboter activement avec l’aide de ses snipers et mitrailleurs de char qui massacrent très régulièrement les Palestiniens qui attendent les livraisons.

 

Certains usagers de Twitter/X ont fait remarquer que l’assassinat d’Al-Mabhouh avait eu lieu en représailles contre le succès de ses efforts de coordination dans les livraisons de farine.

 

 

Se faisant l’écho de ses précédentes allégations – absolument non fondées – afin de justifier le bombardement de l’hôpital, l’armée israélienne a prétendu qu’al-Mabhouh était un « important agent du Hamas » qui se cachait à l’intérieur du complexe de l’hôpital, « d’où il opérait afin de faire progresser les activités terroristes », a écrit Emmanuel Fabian, un journaliste du Times of Israel.

 

 

Israël arrête des journalistes à al-Shifa

Le journaliste d’Al Jazeera en arabe, Ismail al-Ghoul, a été arrêté et kidnappé par les forces israéliennes, au cours du raid, en même temps que d’autres journalistes. Il a été libéré douze heures plus tard.

Il a déclaré que, lors de son arrestation, lui et les autres journalistes avaient été battus, dévêtus, qu’on leur avait mis un bandeau sur les yeux et qu’ils avaient ensuite été interrogés.

 

Les forces israéliennes ont également utilisé des bulldozers pour détruire à l’intérieur du complexe les tentes appartenant aux journalistes ainsi que leurs véhicules de diffusion.

Al Jazeera et le Comité de protection des journalistes avaient réclamé sa libération un peu plus tôt ce même jour.

 

Au moment de sa libération des mains des forces israéliennes, al-Ghoul a expliqué à Al Jazeera que, lors du raid matinal, des soldats israéliens

« s’étaient mis à détruire des équipements médiatiques et à arrêter les journalistes qui s’étaient rassemblés dans la pièce utilisée habituellement par les équipes de presse ».

 

Les soldats avaient déshabillé les journalistes, placé un bandeau sur leurs yeux, entravé leurs mains avant de les forcer à se coucher sur le ventre. Au moindre mouvement, a-t-il encore dit à Al Jazeera, les soldats tiraient des coups de feu afin de les effrayer.

« Après avoir fait la file pour être interrogé, un homme assez âgé avait été relâché de l’intérieur de l’hôpital et il avait eu besoin d’aide pour quitter l’enceinte, a ajouté le journaliste, disant que lui-même s’était porté volontaire pour l’aider et qu’il avait effectivement pu l’accompagner jusqu’en dehors du site”,

a rapporté Al Jazeera.

Quelques-uns des autres journalistes capturés par les troupes israéliennes en compagnie d’al-Ghoul ont été relâchés eux aussi, mais Al-Ghoul ignorait ce qu’étaient devenus les autres.

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Publié le 19 mars 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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