Deuxième victoire juridique pour Palestine Action

Les activistes ont fêté une autre victoire juridique contre Elbit, le géant israélien du drone, le jeudi 20 janvier 2022, quand un tribunal britannique a laissé tomber toutes les accusations à leur encontre.

Les activistes au tribunal des magistrats de Birmingham, jeudi dernier. (Photo : Palestine Action)

Les activistes au tribunal des magistrats de Birmingham, jeudi dernier. (Photo : Palestine Action)

Asa Winstanley, 20 janvier 2022

Le tribunal des magistrats de Birmingham a ordonné que trois activistes s’en aillent librement, malgré des accusations de dommages délictueux, de résistance à l’arrestation et d’une autre accusation encore de suspicion d’intrusion aggravée.

Les activistes de Palestine Action avaient visé une propriété d’Elbit, Vine Property Management, à Birmingham, dans les Midlands britanniques.

Cette affaire était la seconde contre Palestine Action à passer en justice. Le mois dernier, le premier procès de l’organisation s’était terminé par un acquittement sur toute la ligne, puisque les protestataires avaient été reconnus non coupables de dommages criminels.

Lors du premier procès, les activistes avaient prétendu avec succès que les dégâts qu’ils avaient occasionnés à l’usine d’Elbit à Shenstone constituaient une action proportionnée en vue de mettre un terme à l’implication de l’usine dans les crimes de guerre israéliens contre les Palestiniens.

En janvier de l’an dernier, des membres de l’organisation s’étaient enchaînés aux barrières d’UAV Engines, succursale d’Elbit, à Shenstone, et avaient aspergé les bâtiments de peinture rouge sang.

En juillet 2021, Palestine Action faisait fermer le site de Vine, propriété d’Elbit. (Photo : Palestine Action)

En juillet 2021, Palestine Action faisait fermer le site de Vine, propriété d’Elbit. (Photo : Palestine Action)

Les trois activistes acquittés au second procès de jeudi dernier avaient entrepris une action en juillet 2021 afin de fermer Vine Property, « dans le cadre d’une campagne plus large visant les fournisseurs, les partenaires et les propriétaires d’Elbit », avait déclaré l’organisation dans un communiqué.

Vine est le propriétaire de l’usine de Shenstone.

« Des activistes se sont enchaînés aux grilles après les avoir fermées, d’autres ont occupés le toit et aspergé le site de peinture rouge pour symboliser sa complicité dans le massacre du peuple palestinien »,

ont-ils rappelé.

Ils ont déployé un énorme calicot demandant au propriétaire d’« éconduire Elbit ».

Palestine Action a déclaré que sa victoire juridique était « on ne peut plus significative » et qu’elle était en même temps une preuve de plus que même le système des tribunaux britanniques était à même de

« comprendre la nécessité et la proportionnalité d’entreprendre des actions en vue de supprimer la complicité britannique dans les crimes de guerre israéliens ».

Des activistes ont déclaré jeudi que le Service des poursuites de la Couronne avait été incapable de proposer la moindre preuve, ce qui avait abouti à l’annulation des accusations avant même que leur défense politique d’une action proportionnée contre les crimes de guerre israéliens ait pu être présentée à nouveau au tribunal.

Dans sa déclaration, Palestine Action a encore dit qu’il y avait eu « de graves manquements de la part de la police » ainsi que des « abus de procédure » de la part du Ministère public.

Leur avocate, Lydia Dagostino, a expliqué à The Electronic Intifada qu’il y avait eu « des défauts majeurs de divulgation » de la part du Ministère public, ce qui avait abouti à l’acquittement des activistes.

Jusqu’à présent, le Service des poursuites de la Couronne n’a toujours pas répondu aux demandes de commentaire.

Cette dernière victoire juridique de l’organisation suit de très près la première fermeture d’une usine Elbit la semaine dernière.

Le 10 janvier, Elbit annonçait qu’il avait revendu son usine Ferranti à Oldham, dans le nord de l’Angleterre.

L’activiste Max Geller a déclaré au tout dernier épisode du podcast de The Electronic Intifada (voir vidéo) que,

« si le Royaume-Uni ne poursuit pas Palestine Action, Elbit va se retrouver sans guère d’autre choix que celui de quitter le pays ».

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Note de la rédaction d’EI : Ce compte rendu expliquait au départ que les trois activistes avaient été accusés d’intrusion aggravée. La présente mouture affiche la correction suivante : « une (…) accusation (…) de suspicion d’intrusion aggravée ».

L’un de leurs avocats a expliqué à The Electronic Intifada, après publication, que l’accusation était en fait reprise dans la section 69 de la Loi de la Justice pénale (section 69 of the Criminal Justice Act), qui fait état de délit de désobéissance aux injonctions de la police de quitter les lieux là où l’on peut soupçonner en toute logique une intrusion aggravée. L’intrusion aggravée en soi constitue un délit séparé dont les activistes n’avaient pas été accusés.

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Asa Winstanley est un journaliste freelance installé à Londres et qui a vécu en Palestine occupée, où il a réalisé des reportages. Son premier ouvrage : Corporate Complicity in Israel’s Occupation (La complicité des sociétés dans l’occupation israélienne) a été publié chez Pluto Press. Sa rubrique Palestine is Still the Issue (La Palestine constitue toujours la question) est publiée chaque mois. Son site Internet est le suivant : www.winstanleys.org

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Publié le 20 janvier 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Lisez également : Depuis un an, Palestine Action frappe durement le constructeur de drones Elbit

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Bon à savoir :

En Belgique, les entreprises OIP situées à Oudenaarde et à Tournai, sont également la propriété d’Elbit.

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