Pourquoi Israël s’obstine-t-il à tuer des Palestiniens ?

Pourquoi, en début de mois, Israël a-t-il libéré sa dernière frénésie assassine contre les Palestiniens et pourquoi maintenant, en fait ?

C’est la première question qu’on m’a posée quand j’ai rejoint Eugene Puryear et Rania Khalek dans leur show sur BreakThrough News, The Freedom Side (Le camp de la liberté), jeudi dernier.

Pourquoi Israël s’obstine-t-il à tuer des Palestiniens ?

 

Ali Abunimah, 13 août 2022

Cette question, ai-je répondu, il est d’une facilité déprimante d’y répondre : Israël doit toujours tuer des Palestiniens parce que c’est un régime colonial de peuplement illégal qui est confronté à une résistance permanente de la part du peuple dont il occupe, colonise et vole la terre.

Cette résistance est active, profonde et partout répandue et, par conséquent, en tant qu’entité coloniale, Israël doit tuer des Palestiniens dans l’espoir que – comme le disent les dirigeants israéliens – « tondre la pelouse » va refroidir et anéantir la volonté de résister.

Il y a un autre facteur en jeu. Des régimes coloniaux de peuplement, peu sûrs comme Israël, semblables à ceux qui existaient en Algérie et en Afrique du Sud, tendent à verser de plus en plus dans la violence quand ils touchent à leur fin. La psychose du colon et sa crainte de renoncer au pouvoir devient la réponse dominante : « Il nous faut tuer ou être tués. »

Par contre, j’ai observé que les peuples colonisés tendent à être plus généreux envers leurs oppresseurs, en leur proposant l’opportunité de rester et de vivre sous des conditions d’égalité.

Mais, comme l’a récemment expliqué le professeur Joseph Massad, de la Columbia University, c’est un arrangement que les colons – entièrement dévoués à leur supériorité raciale et à leurs propres privilèges – rejettent presque toujours.

Pour dire les choses simplement, le fait de verser régulièrement du sang palestinien est une composante nécessaire de la préservation de l’existence d’Israël.

Comme je l’ai fait remarquer, à peine un cessez-le-feu avait-il été dégagé à Gaza qu’Israël lançait une attaque contre la Vieille Ville densément peuplée de Naplouse en Cisjordanie occupée, dans le but de tuer deux combattants de la résistance.

Les envahisseurs israéliens ont tiré sans discrimination sur des civils, tué un adolescent de 16 ans et blessant des douzaines d’autres personnes, dont le père de l’ado tué.

Nous avons également parlé de la question plus large de la résistance armée palestinienne. J’ai expliqué que la nécessité d’une telle résistance était imposée par l’occupant. La résistance est toujours une réponse à la violence de l’envahisseur.

En effet, les Palestiniens ont essayé toutes les alternatives, y compris ce qui équivaut à une reddition : En 1993, l’Organisation de libération de la Palestine a signé les accords d’Oslo, dans lesquels elle reconnaissait Israël, renonçait à la plupart des droits palestiniens et s’engageait à devenir une force auxiliaire d’Israël dans le combat contre la résistance palestinienne – que, désormais, l’OLP n’hésitait plus à qualifier de « terroriste ».

La tentative de reddition de l’OLP – et la collaboration en cours de l’Autorité palestinienne avec l’occupant – n’a pas du tout épargné les déprédations d’Israël envers le peuple palestinien. Israël ne prendra tout simplement pas « oui » pour une réponse.

Cette collaboration de l’AP a non seulement donné la possibilité à Israël, tout en l’encourageant, d’accélérer le vol et la colonisation de la terre palestinienne dans toute la Cisjordanie occupée, et surtout à Jérusalem.

J’ai fait remarquer que l’attaque contre Naplouse avait eu lieu dans une zone ostensiblement sous contrôle de l’AP, ce qui n’avait pas empêché les forces israéliennes d’être à même de pénétrer dans la zone sans encombre et de tuer des Palestiniens à volonté.

Ceci laisse les Palestiniens avec la conclusion que la résistance est leur seule option de riposte à la menace existentielle que leur pose Israël.

Mais, alors qu’Israël se procure d’énormes quantités d’armes auprès des États-Unis et des pays européens, seul l’Iran est connu pour proposer quelque soutien à la résistance palestinienne.

Cela doit changer, affirmé-je : Soit la prétendue communauté internationale doit arrêter Israël et l’isoler de façon qu’il ne puisse plus nuire aux Palestiniens, soit elle doit aider les Palestiniens à riposter.

Cela dit, la stratégie de la résistance palestinienne dans la toute dernière confrontation, provoquée par Israël, a été de tenter de forcer Israël à accepter un cessez-le-feu avec le moins d’escalade possible.

Ce n’est toutefois qu’un sursis. Il y aura un bain de sang permanent et de plus en plus grave, si l’on ne met pas un terme au régime d’apartheid d’Israël et la terreur coloniale de peuplement.

Regardez la vidéo ci-dessus et ses 20 minutes de discussion (en anglais).

 

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 15 août 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Trouvez ici l’article de Joseph Massad : Israël, l’Algérie et la dernière colonie européenne de peuplement dans le monde arabe.

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